Tout le monde en parle

Le récit bouleversant de Francine Ruel

Savoir son fils dans la rue. Ne pas avoir eu de ses nouvelles depuis six mois. Se sentir totalement impuissante. Espérer qu’au moins, il mange. On a rarement entendu un récit d’une telle intensité sur le plateau de Tout le monde en parle que celui de Francine Ruel, dont le fils vit dans la rue, et dont elle tente de faire le deuil, comme si c’était possible. C’est pour lui qu’elle a écrit le roman Anna et l’enfant-vieillard. « Pour qu’il voie à quel point c’est un être fabuleux. »

Jamais cette mère, dont on sentait toute la douleur, n’a flanché durant l’émission. Même si elle est venue tout près quand on lui a montré un extrait d’une entrevue avec son fils dans un documentaire de 1997, après la fusillade dont il avait été la cible avec sa petite amie de l’époque. « Un crime monstrueux d’une violence inouïe », avait dit le juge au terme du procès. Au contact des drogues dures, il s’est mis à vivre dans la rue, vieillissant prématurément. Non sans avoir tout fait pour l’aider, sa mère a dû se résigner à le laisser couler. « C’est comme regarder son enfant se noyer et avoir les mains nouées dans le dos », décrit-elle. « Les nuits à moins 30, je dors pas beaucoup. Où il est ? Il fait quoi ? Est-ce qu’il mange ? » a demandé la comédienne. « Je te souhaite de recevoir son appel », a conclu un Guy A. Lepage compatissant, devant un auditoire silencieux et bouleversé.

En début d’émission, Rachid Badouri a confié avoir beaucoup changé. Il l’admet lui-même dans son nouveau spectacle Les fleurs du tapis : il a longtemps affiché l’image d’un gentleman, mais en réalité, il était un véritable « trou de cul » en privé. « Un double péteux, qui pétait de la broue et des coches », dit-il, expliquant entre autres cela par un succès trop rapide. Plusieurs signes l’ont secoué : son ex-gérant l’a filmé durant une de ses crises, Lise Dion lui a souligné ses caprices, et sa conjointe a menacé de le quitter. « C’est un miracle qu’elle soit encore là. » L’humoriste reste discret sur ses croyances religieuses – « ça ne regarde que moi ». « J’ai pris ça très dur », a-t-il dit au sujet de Steve Rasier, son ancien gérant et pasteur au sein de l’église Parole qui libère, qui a coupé leur association parce qu’il était au centre d’une controverse.

Héritage et la conscientisation du milieu théâtral

C’est une première dans un théâtre institutionnel au Québec : une affiche presque entièrement composée d’acteurs noirs, dans la pièce Héritage de la dramaturge Lorraine Hansberry, 60 ans après sa création. Selon Frédéric Pierre, Mireille Métellus, Myriam De Verger et Tracy Marcelin, cela fait partie d’une conscientisation du milieu théâtral québécois, qui a commencé bien avant le scandale autour de SLĀV.

Au Québec depuis un demi-siècle, Mireille Métellus se souvient d’avoir dû commencer à jouer en anglais, à une époque où il n’y avait pas de place pour les Noirs chez les francophones. L’actrice n’a pas été insultée par le blackface de Justin Trudeau. « Si un Japonais veut se déguiser en Aladin, est-ce qu’on va lui dire que c’est un blackface ? C’est un personnage qu’il a fait. » Frédéric Pierre, lui, a été beaucoup plus choqué qu’on en fasse « un combat de Blancs » durant la campagne électorale.

La campagne électorale s’invite

Qu’on en ait plus dans nos poches : Andrew Scheer mise là-dessus pour nous convaincre de voter pour lui le 21 octobre. Dans une entrevue parfois musclée, le chef conservateur a dû affronter quelques salves de l’animateur sur certaines de ses affirmations passées. On lui a fait réentendre celle de 2005, dans laquelle il s’opposait au mariage entre conjoints de même sexe. « Si un de vos enfants vous apprenait qu’il est gai ou lesbienne, et qu’il veut se marier ? » Réponse de M. Scheer : « Je vais toujours aimer mes enfants […] et je vais toujours les appuyer. » Le chef conservateur avait un « scoop » : il s’engage à ce que les géants du web, notamment Netflix, paient leur juste part. Il promet aussi une plateforme chiffrant ses promesses d’éliminer le déficit sans coupures « bien avant les élections ».

À propos du blackface de Justin Trudeau : « Est-ce qu’il est hypocrite ? Oui. Est-ce qu’il est menteur ? Oui. […] Mais il n’est pas raciste. » Le fou du roi a sorti sa meilleure carte, désormais biodégradable, pour M. Scheer : « Le seul pipeline acceptable pour le Québec partirait d’ici et inonderait le marché canadien de sirop d’érable et de sauce à poutine. »

Entrevue sympathique avec Phillip Danault et sa conjointe Marie-Pierre Fortin. À sa quatrième saison avec le Canadien, le joueur de centre est optimiste pour l’avenir de son équipe et insiste sur les qualités de ses recrues. Il se souvient d’avoir subi beaucoup de pression à son arrivée avec le Tricolore. « Tout est amplifié, tout est plus gros », dit-il au sujet du Canadien. Avec sa conjointe, qui a un peu mis une croix sur ses propres rêves pour le suivre, il a créé le Fonds Marie-Pierre et Phillip Danault, pour combattre l’intimidation et l’exclusion dans le sport.

En conclusion, la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a répété la nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, en éliminant notamment tout nouveau projet d’oléoduc. Pour elle, la crise des opioïdes ne concerne pas la justice mais la santé, de là l’idée de décriminaliser toute forme de drogue. Mme May voit son candidat de Longueuil–Saint-Hubert, Pierre Nantel, davantage comme un nationaliste que comme un séparatiste, malgré ses allégeances claires. « Avec du vin », elle a l’impression de mieux parler français, a blagué l’heureuse nouvelle mariée, dont le parti a le vent dans les voiles.

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