Accessoires

Le style Swatch

Depuis 1983, Swatch crée des montres fantaisie accessibles en plus de collaborer avec de nombreux artistes (Annie Leibovitz, Keith Haring, Spike Lee). Ce printemps, l’entreprise lance The Eyes, une collection de lunettes de soleil (en collaboration avec le créateur italien Safilo), de nouvelles montres Pop, des montres pour les Jeux olympiques de Rio et une nouvelle création du chanteur Mika. Entrevue avec Carlo Giordanetti, directeur de la création de Swatch.

Pourquoi lancer une collection de lunettes de soleil en plus des montres ?

Ça fait partie de l’ADN de la marque et c’est une association idéale avec la montre. Swatch est une montre qui va au-delà du concept purement fonctionnel de lire l’heure. C’est un style, c’est votre personnalité, votre humeur, c’est un accessoire de lifestyle. L’idée est de porter des lunettes de soleil qui vous permettent la même liberté d’esprit que les montres : il est possible de changer votre allure de plus classique à plus osée grâce à nos lunettes. Le défi, c’est qu’avec une montre, on peut être très original, car avec un simple petit geste, on peut la cacher alors qu’avec des lunettes, c’est plus difficile ! D’où l’idée des multiples combinaisons possibles.

Vous lancez aussi le retour de la montre Pop.

C’est un produit parfait ! Toutes les expressions de votre style peuvent s’exprimer à travers la Pop, on peut la porter au bras, dans sa poche, on peut l’attacher à ses vêtements, ou encore la mettre au mur ou sur son bureau avec différents accessoires. Un objet et une série infinie d’utilisations, c’est ce qui caractérise la Pop Swatch.

Quels sont vos défis à titre de directeur de la création de Swatch ?

L’identité de Swatch, c’est celle du renouvellement presque continu, ce qui fait la particularité de la marque dans le monde horloger. Le défi est de trouver de nouvelles histoires à raconter, car j’aime dire que chaque Swatch (ou presque) raconte une histoire. Chaque montre porte un nom, il y a une personnalité derrière, elles sont regroupées par thème que je définis et que j’organise comme un fil rouge pour les designers. Mon défi est de trouver l’inspiration, les thèmes, les histoires.

Est-ce que vous devez être dans les tendances ?

On est capables d’arriver avec la montre qui est le complément idéal du look de la saison. Par exemple, pour l’été, notre collection Floralia, qui est très fleurie, est au cœur des tendances, car toutes les boutiques sont remplies de chemisiers et de vêtements fleuris. Il faut être dans le même air du temps que les vitrines, car sinon on retombe dans un univers qui n’est que purement horloger, alors que Swatch est plus qu’une marque horlogère, on est dans un univers créatif et on se renouvelle constamment. Il faut aussi anticiper les tendances, car on travaille en ce moment sur la collection automne-hiver 2017-2018 ! En même temps que les maisons de prêt-à-porter. Il faut avoir la même sensibilité et imposer un point de vue.

Les artistes ont une place de choix chez Swatch, est-ce important d’être près d’eux ?

J’adore travailler avec les artistes. Ils posent des questions et nous font réfléchir de manière différente. Ils nous poussent à faire des choses qu’on n’avait jamais imaginées ! Il y a le chanteur Mika qui est proche de Swatch dans sa personnalité, car il est très coloré, humain et optimiste. Sa nouvelle montre [conçue avec sa sœur Yasmine] sera d’ailleurs lancée le 20 mai prochain. Il y a aussi l’artiste allemand Tobias Rehberger qui a développé un projet qui va au-delà de la montre. C’est une promenade dans la nature de 6 km entre la fondation Beyeler, en Suisse, et le musée Vitra, en Allemagne. Cette promenade traverse la frontière. Il a réalisé 24 installations colorées et à l’endroit même où on passe la frontière [suisse-allemande], il y a une installation spéciale dans laquelle on peut entrer pour acheter sa montre ! C’est un espace suspendu entre les deux pays, et qui a pour thème la notion délicate des frontières aujourd’hui. La montre est un pic-bois ! Il y a toute une histoire entre la nature, le coucou [des horloges] et le pic-bois.

Quel est votre public cible ?

Nous sommes là depuis 33 ans, présents dans le monde entier. Swatch est une marque qui a une cible assez large. Il y en a pour tous les goûts. Il y a un travail fait avec des artistes qui est un peu plus sophistiqué et, en même temps, on travaille avec les sportifs, proches des jeunes. C’est là la richesse de la marque, cette volonté d’utiliser différents langages. Même au niveau du design, on voit qu’il y a des modèles qui sont plus féminins, d’autres, plus colorés ou plus sobres et sérieux. On veut séduire aussi les nouvelles générations, les nouveaux marchés comme la Chine.

Quels sont les défis pour l’avenir ?

Il ne faut pas perdre de vue ce que le fondateur de Swatch, monsieur Nicolas Hayek, a toujours donné comme défi aux équipes créatives de Swatch : « Cette marque va toujours avoir du succès tant qu’on lui garde l’esprit d’un enfant de 10 ans ! » Et c’est ça qui la rend différente des autres et qui est notre mission à l’intérieur de notre âme créatrice.

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