Canuel renoue avec le gratin du chrono
En 2014, Karol-Ann Canuel s’était révélée à la planète et à elle-même en prenant le sixième rang du contre-la-montre aux Championnats du monde de Ponferrada, en Espagne. Elle avait terminé à 30 secondes du podium. Soudainement, elle était devenue un espoir de médaille en vue des Jeux olympiques de Rio.
Malgré un travail spécifique au contre-la-montre et le soutien de l’organisme À nous le podium, la cycliste originaire d’Amos n’est jamais vraiment parvenue à répéter sa prouesse de 2014, se classant 15e, 19e et 21e aux trois Mondiaux subséquents. Aux Jeux de Rio, elle a fini 13e.
Rien de déshonorant, bien entendu. Durant ces années, Canuel a d’ailleurs consolidé son statut dans le peloton professionnel. Dimanche, en ouverture des Mondiaux d’Innsbruck, elle a contribué à la médaille d’argent de Boels Dolmans au contre-la-montre par équipes de marques, son cinquième podium personnel de suite dans la discipline, dont trois titres. Le mois dernier, elle a signé une prolongation de deux ans avec Boels Dolmans, l’une des deux ou trois meilleures formations du monde.
Bref, l’athlète de 30 ans vit bien de son métier et son rôle d’équipière de luxe est apprécié. Mais hier, à Innsbruck, elle avait envie de reconfirmer sa valeur sur le plan individuel. Sans trop savoir pourquoi, elle avait un chiffre en tête : « Huitième, me semble que ça sonne bien… »
Ça sonnait encore mieux à la conclusion du contre- la-montre élite, hier après-midi. Canuel recevait les félicitations de ses collègues au moment de s’entretenir avec La Presse au téléphone.
« Pour être honnête, je suis tellement contente, a-t-elle lâché, encore un peu essoufflée. J’avais fini sixième en 2014. Tu le sais que tu es capable d’être dans le top 10. Ça fait quelques années que j’étais toujours hors du top 10. Ça fait juste du bien de confirmer que ce n’était pas un coup de chance non plus. »
Domination néerlandaise
Sur le parcours de 27,7 km qu’avaient aussi emprunté les hommes de moins de 23 ans la veille, les Néerlandaises ont encore confirmé leur domination écrasante sur le cyclisme féminin. Dernière à s’élancer, Annemiek van Vleuten, tenante du titre, a franchi la distance à une vitesse moyenne de 48,3 km/h pour devancer sa compatriote Anna van der Breggen par 28,99 secondes. Ellen van Dijk (+ 1 min 25,19 s), qui a fléchi à la fin, a complété ce podium tout néerlandais.
La championne canadienne Leah Kirchmann s’accrochait à la troisième marche du podium jusqu’à ce que van Vleuten confirme l’inéluctable. Quatrième, elle a raté le bronze par moins de deux secondes…
« Je pense avoir réalisé le meilleur contre-la-montre de ma vie. »
— La Canadienne Leah Kirchmann, quatrième hier, dans un communiqué de Cyclisme Canada
« C’est toujours dur de terminer quatrième, si près du podium ! En même temps, c’est motivant parce que j’ai montré aujourd’hui que j’étais capable d’être là et d’être compétitive. Ça me servira pour mes prochains contre la-montre. Ce résultat m’ouvre de nouvelles options, et j’ai maintenant hâte aux Jeux olympiques de 2020. Je vais en effet peut-être m’orienter un peu plus vers le contre-la-montre, car il sera sans un doute un de mes objectifs. »
Huitième, Canuel a concédé 2 min 15,86 s à van Vleuten (45,302 km/h de moyenne). « J’ai l’impression que ça a fait comme en 2014. Le contre-la-montre par équipes m’avait débloquée au lieu de me fatiguer », a analysé la Québécoise.
De belles cartes à jouer
Les Canadiennes n’avaient pas aussi bien fait aux Mondiaux depuis le tir groupé de Tara Whitten (4e), Clara Hughes (5e) et Rhae-Christie Shaw (7e) à Copenhague en 2011.
Avec les excellentes dispositions de Canuel et de Kirchmann, qui a porté le maillot rose de meneuse pendant deux étapes au Tour d’Italie, et l’émergence de la jeune grimpeuse albertaine Sara Poidevin, l’équipe canadienne aura de belles cartes à jouer à la course sur route de samedi. Sara Bergen, Alison Jackson et Katherine Maine seront les trois autres partantes.
« Leah a une super année, a souligné Canuel. On a vraiment vu une amélioration, surtout au niveau de son contre-la-montre. J’ai hâte de voir ce qu’on pourra faire. C’est sûr qu’étant dans des équipes différentes, on ne travaille pas souvent ensemble, mais je pense qu’on est capables de faire un beau résultat. »
Les Mondiaux d’Innsbruck se poursuivent aujourd’hui avec un match attendu entre le tenant du titre néerlandais Tom Dumoulin et l’Australien Rohan Dennis au contre-la-montre élite de 52,5 km. Hugo Houle, 29e en 2016 et 2017 et 25e en 2015, sera l’unique partant canadien.