Victor Mete

Dans l’ombre de Sergachev

Syracuse — L’an passé, le Canadien détenait le neuvième choix au repêchage, dans ce qui était une excellente cuvée. Dans ce contexte, la sélection de Mikhail Sergachev a fait grand bruit et suscité les espoirs des partisans d’une équipe qui a rarement droit de parole aussi tôt.

Les autres sélections se sont donc retrouvées dans l’ombre du talentueux défenseur russe. On a bien parlé de William Bitten, l’unique francophone parmi les espoirs sélectionnés par le CH. Mais seuls les amateurs les plus enthousiastes se souviennent des sélections de Casey Staum et Michael Pezzetta.

Victor Mete, le choix de quatrième tour du CH, passait donc lui aussi un peu inaperçu à l’origine, mais il a pris les choses en main. D’abord, en récoltant 44 points en seulement 50 matchs, ce qui a fait de lui un des défenseurs juniors les plus productifs au pays. Ensuite, en aidant les Knights de London à éliminer, au premier tour des séries de la Ligue de l’Ontario, les Spitfires de Windsor.

Et qui retrouvait-on chez ces Spitfires ? Sergachev lui-même !

Le travail de Mete n’est pas passé inaperçu chez le Tricolore. Le 27 mars, il signait une entente de trois ans avec le Canadien ; une jolie marque de confiance de la part de l’équipe.

Et avec l’élimination de London au deuxième tour des séries, le Canadien a rappelé Mete afin qu’il se joigne aux IceCaps de St. John’s en séries. Il n’a toujours pas joué, mais il s’entraîne avec des hommes et découvre l’entourage d’une équipe professionnelle.

5 pi 10 po

Mete a un potentiel offensif certain. « Il peut contrôler un avantage numérique », décrit l’entraîneur-chef des IceCaps, Sylvain Lefebvre.

Mais ce n’est pas un hasard s’il était toujours disponible au 100e rang quand est venu le tour du Tricolore de parler. C’est que Mete ne mesure que 5 pi 10 po. Dans la LNH cette saison, il n’y a eu que 10 défenseurs de 5 pi 10 po ou moins à temps plein.

C’est justement d’eux que le jeune Torontois s’inspire.

« Regarde Sami Vatanen, Ryan Ellis, Torey Krug… ils mesurent 5 pi 10 po et ils ont le même impact qu’un joueur de 6 pi 3 po », explique Mete, au cours d’une entrevue d’une dizaine de minutes sous les gradins du War Memorial Arena.

« Si tu as un bon coup de patin et que tu travailles fort, tu peux annuler la différence de taille. Le hockey évolue, et ça profite aux joueurs plus petits, plus rapides. J’arrive au bon moment ! »

— Victor Mete

Lefebvre estime lui aussi qu’un arrière de cette grandeur peut connaître une bonne carrière.

« Matt Taormina, de Syracuse, a gagné le titre de défenseur de l’année dans la Ligue américaine et il n’est pas beaucoup plus grand [NDLR : il mesure également 5 pi 10 po]. Il y a de la place pour des gars comme ça à ce niveau-ci, dans la LNH aussi. Ça dépend toujours de la profondeur de l’équipe et de ce que le jeune peut t’apporter. Si tu as un petit défenseur qui est seulement utile en avantage numérique, ça ne sera pas assez. Il doit être capable de jouer dans les deux sens de la patinoire. »

Apprentissage

C’est ici que le développement des joueurs – aspect problématique chez le Canadien – entre en jeu.

Mete fêtera son 19e anniversaire de naissance en juin. Il retournera logiquement dans les rangs juniors la saison prochaine.

La bonne nouvelle pour le Canadien, c’est qu’il poursuivra donc son apprentissage entre bonnes mains. Les Knights sont une usine à produire des joueurs depuis quelques années.

En plus de cet environnement compétitif, Mete a la chance d’évoluer dans ce qui était cette saison la division la plus relevée du hockey junior canadien. Avec une formidable fiche de 46-15-7, London a fini… au troisième rang ! Les Otters d’Érié et l’Attack d’Owen Sound ont trouvé le moyen de faire mieux.

« À ma première année à London, je jouais contre Connor McDavid [Érié]. L’an passé, c’était encore plus évident, car j’étais dans la même équipe que Mitch Marner, Matthew Tkachuk et Christian Dvorak, qui ont joué de gros rôles dans la LNH cette saison. Donc, j’ai eu la chance de m’entraîner contre eux tous les jours.

« Cette année, dans ma division, je joue contre Dylan Strome et Alex DeBrincat [Érié], qui deviendront d’excellents joueurs dans la LNH. En les affrontant toute l’année, ça m’aide à m’améliorer. »

Depuis Brendan Gallagher au cinquième tour en 2010, le Canadien a été incapable de dénicher et former un joueur de la LNH au-delà du troisième tour. (Les plus cyniques rappelleront que Charles Hudon a été réclamé au cinquième tour, mais c’est une autre question.)

On saura dans quelques années si Mete est une de ces surprises du repêchage.

IceCaps de St. John’s

En vacances dès ce soir ?

Le Crunch de Syracuse mène la série 2-1 et pourrait en finir dès ce soir avec les IceCaps de St. John’s (les séries de premier tour sont des 3 de 5 dans la Ligue américaine). Bref, pour survivre et passer au prochain tour, les IceCaps doivent maintenant battre le Crunch deux fois en 24 heures à l’étranger. « On a encore l’espoir de gagner. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. On a souvent été acculés au mur en fin de saison et on a répondu. On ne veut pas que ça finisse », a assuré l’entraîneur-chef Sylvain Lefebvre. Une défaite marquerait aussi la fin de l’association entre St. John’s et le Canadien, puisque la filiale de l’équipe déménagera à Laval la saison prochaine. La capitale terre-neuvienne ne devrait pas avoir d’équipe dans la Ligue américaine en 2017-2018, mais on se croise toujours les doigts pour qu’une équipe de la LHJMQ y déménage.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

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