Chronique

Regarder les Oscars en quatrième vitesse

Une autre fichue pause publicitaire ? On avance. Un discours de remerciement pour un prix technique où Arrival n’était pas en compétition ? On avance. Une autre chanson de Sting qui ne lève pas ? On avance.

Le gala des Oscars se digère tellement plus facilement quand on le visionne en accéléré, le doigt quasi enfoncé en permanence sur la touche FF de la télécommande. Les 3 h 45 min de la fête du cinéma – on coupe, s’il vous plaît ! – se transforment alors en une soirée rythmée et punchée, qui ne nécessite pas l’absorption de sept boissons énergisantes infusées à la cocaïne pour demeurer éveillé.

J’ai donc regardé les segments du maître de cérémonie Jimmy Kimmel, qui a habilement dosé les moments caustiques et ceux plus rigolos. L’animateur de talk-show sarcastique – mais pas blasé – a été meilleur que Chris Rock, Seth MacFarlane, Neil Patrick Harris et Ellen DeGeneres. Faites-lui signer son contrat pour l’an prochain, ça presse.

L’autobus de touristes qui a débarqué en plein parterre pailleté a joliment décoincé ce gala trop souvent ringard et ronflant. Jennifer Aniston a même fouillé dans son sac à main pour offrir ses verres fumés en cadeau. L’industrie hollywoodienne survit grâce à l’argent de ces gens dits ordinaires. Le public, quoi. C’est une belle attention que de les convier au party. Seul l’air bête à Denzel Washington n’avait pas lu le mémo, visiblement.

Autour de 23 h 30, Jimmy Kimmel a lui aussi senti que la longueur du gala tirait vers le bas les paupières des visages les plus botoxés et a rappelé que « le bon stock » s’en venait, découragez-vous pas, pour paraphraser La Bolduc, que l’on a même entendue à La voix.

Si drôles dans l’émission de Kimmel, les « tweets méchants » lus par les stars ont cependant manqué de croustillant. Le problème avec les Oscars demeure l’abondance de statuettes remises dans des catégories si pointues qu’elles n’intéressent que deux pelés et trois tondus. Ce n’est pas un hasard si les cotes d’écoute plongent d’année en année. Suffit d’attraper les 30 premières minutes et la dernière heure pour ne rater aucun moment clé.

Bon prince, Jimmy Kimmel a pris la responsabilité du ma-la-la-laise de la mauvaise enveloppe, même si la faute revient à la firme de vérification. C’était navrant pour les équipes des films Moonlight et La La Land, mais cette gaffe magistrale nous a tous cloués au sofa, avouons-le. De la télé « accident de char » comme Mariah Carey la veille du jour de l’An.

Au Québec, près d’un demi-million de francophones ont suivi les Oscars, une cote d’écoute dopée par la présence de Denis Villeneuve et de son excellent film Arrival.

Les rendez-vous dominicaux

À Tout le monde en parle, vu par 818 000 personnes, Loto-Québec n’a pas bien paru dans la saga du restaurant de Joël Robuchon, qui a été ouvert au Casino de Montréal avec plusieurs millions puisés dans les poches des contribuables. Pourquoi personne de la société d’État n’a répondu à l’appel de Guy A. Lepage ?

« Nous avons jugé que la Société des casinos du Québec n’avait rien de nouveau à ajouter et, par ailleurs, aucun de nos arguments ne semble recevable pour la poignée d’opposants », répond le porte-parole de Loto-Québec, Patrice Lavoie.

Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a aussi décliné l’invitation de Tout le monde en parle. Ça ne donne pas l’image d’un gouvernement qui assume ses décisions à 100 %.

La voix a dominé la soirée dominicale avec ses 2 152 000 fans. LOL se maintient au-dessus de la barre du million (1 107 000), tandis que Vlog (993 000) et Accès illimité (939 000) la frôlent. Mini-scoop ici : la chanteuse française Zaz participera au deuxième direct de La voix prévu le 23 avril.

Samedi soir, l’émission En direct de l’univers de Julie Snyder a attiré 832 000 curieux et Deuxième chance a retenu l’attention de 597 000 téléphages.

Emprisonné en Islande

Je vous ai chanté les louanges de Trapped ce week-end, un captivant polar islandais offert sur Netflix. Ce que j’ai oublié de dire, c’est que le premier épisode a été doublé en français, mais que le reste de l’œuvre en islandais est uniquement sous-titrée en français.

Comme Occupied, autre série scandinave tout aussi bonne, dont les dialogues sont en norvégien avec sous-titres en français. Je ne pensais jamais déclencher une telle fureur avec cette omission. De toute évidence, vous n’aimez pas lire des sous-titres à la télé. Encore moins des textos, qui pullulent et empoisonnent votre écoute. C’est noté.

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