Canada

La fermeture des centrales au charbon devancée de cinq ans

Leur fermeture était prévue pour 2035, elle est maintenant devancée de cinq ans. Les centrales au charbon du Canada devront fermer d’ici 2030, a annoncé hier la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna.

« Retirer les centrales au charbon traditionnelles de notre panier d’énergies pour les remplacer par des technologies moins polluantes réduira de façon considérable nos émissions de gaz à effet de serre, améliorera la santé des Canadiens et sera grandement profitable aux générations futures », a affirmé la ministre dans un communiqué.

La fermeture des centrales au charbon permettra au Canada de passer de 80 % à 90 % d’énergie à faible ou zéro émission de gaz à effet de serre (GES), comme l’hydroélectricité, le nucléaire ou l’éolien, le reste provenant des centrales au gaz naturel.

Le gouvernement Trudeau va modifier un règlement adopté en 2012 par le gouvernement Harper qui prévoyait déjà le non-renouvellement des permis des centrales au charbon qui émettraient plus de 420 kg de GES par mégawattheure d’électricité produite.

Cela condamnait à la fermeture toute centrale au charbon qui ne se dotait pas d’un système de capture et séquestration de carbone (CCS).

Une seule centrale au Canada possède un tel système, celle de Boundary Dam, en Saskatchewan, et encore, le système traite les émissions d’un seul de ses quatre générateurs.

La technique CCS, coûteuse et complexe, n’a pas connu l’essor qu’on lui prédisait, alors qu’en parallèle, le coût des énergies vertes a continué de reculer.

Des sous pour les énergies vertes

La ministre McKenna annonce en même temps que le gouvernement fédéral appuiera financièrement l’essor des énergies vertes, et surtout l’amélioration des réseaux de transport d’électricité, ce qui est une bonne approche, selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

« Pour sortir du charbon, il va falloir regarder à l’extérieur des limites de chaque province. Il va falloir repenser le réseau électrique canadien et aider les provinces comme le Québec qui ont des surplus à alimenter les provinces qui auront des besoins en électricité. »

— Pierre-Olivier Pineau

L’annonce a généralement été bien accueillie par les groupes écologistes, même si plusieurs estiment que le gouvernement Trudeau essaie peut-être de mettre la table pour l’annonce de l’approbation d’un projet de pipeline. Une décision en ce sens pourrait être annoncée cette semaine.

« L’atteinte des objectifs de Paris et la transition vers une économie sobre en carbone sont incompatibles avec l’approbation de toute nouvelle infrastructure de pétrole, tels les oléoducs », a affirmé Steven Guilbeault, d’Équiterre.

Au moment de l’adoption de la réglementation de 2012, le gouvernement fédéral prévoyait que les coûts de l’électricité dans le secteur résidentiel pourraient augmenter à terme en Alberta (1,61 ¢/kWh), en Saskatchewan (0,74 ¢/kWh) et en Nouvelle-Écosse (0,76 ¢/kWh). Cette analyse du gouvernement Harper ne sera pas mise à jour par le gouvernement Trudeau.

Parmi les principales entreprises au Canada qui possèdent des centrales au charbon, on compte TransAlta, qui multiplie déjà les investissements dans les énergies renouvelables. En outre, deux centrales en Alberta sont exploitées par la société Atco. Les autres appartiennent à des sociétés d’État, en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick.

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