Chronique

Parfaire le monde

Ils ont moins de 20 ans, ils vivent aux quatre coins du monde et ils ont en commun le désir de transformer le monde selon leurs valeurs et leur vision. Dans Le manifeste de la jeunesse, le journaliste britannique Johny Pitts présente 10 jeunes tout à fait exceptionnels. Inspiration garantie.

Pourquoi certains enfants ont-ils des dons particuliers ? Pourquoi ceux-ci se découvrent-ils très tôt un champ de prédilection ? Pourquoi, surtout, certains jeunes ont-ils envie de mettre leur talent au service du mieux-être de leur communauté ?

C’est pour répondre à ces questions que l’auteur et journaliste britannique Johny Pitts (il est animateur d’émissions télé de la CBBC, le volet jeunesse de la BBC) s’est donné comme mandat de trouver 10 jeunes de moins de 20 ans qui « cherchent des réponses aux problèmes de notre planète ».

La lecture de cet ouvrage, qui arrive ces jours-ci chez nous dans sa version française, est un baume qui fait du bien à l’âme.

Il nous procure du courage et nous aide à imaginer un monde meilleur, chose qui est parfois difficile à faire.

Il nous aide à chasser les images d’horreur auxquelles nous faisons face tous les jours dans les médias et les réseaux sociaux.

Grâce à un incroyable travail de recherche, Johny Pitts a retenu 10 jeunes évoluant dans des sphères différentes. Ils se retrouvent aujourd’hui réunis dans ce livre grâce à la grandeur et la noblesse des gestes qu’ils posent. L’intégration des réfugiés, la lutte contre les mutilations génitales féminines, le sort environnemental des océans, la corruption politique et bien d’autres sujets animent ces jeunes qui, contrairement à certains adultes, ne sont pas en quête de notoriété.

Ces jeunes viennent du Royaume-Uni, des Pays-Bas, du Brésil, de la Sierra Leone, des États-Unis, du Brésil et de la France. Bonne nouvelle pour nous, deux de ces 10 jeunes sont des Canadiens.

D’abord Maya Burhanpurkar, Ontarienne de 15 ans qui a développé un antibiotique pour tuer les bactéries nocives comme E. coli. Elle a aussi travaillé sur des concepts révolutionnaires pour soigner l’alzheimer et a mené des recherches dans l’Arctique afin de trouver des moyens de contrôler les effets des changements climatiques.

Et puis, on retrouve Thomas Ribeiro, un Lavallois de 15 ans qui a reçu plusieurs prix scientifiques pour un projet relié aux changements climatiques. Ce trilingue d’origine portugaise (il parle l’anglais, le français et le portugais et suit présentement des cours d’allemand et d’espagnol) a le ton pondéré des grands sages quand il parle de son projet, dont le but est de lutter contre les gaz à effet de serre.

« Tout cela est déjà derrière moi, m’a-t-il confié. Je travaille dans mes temps libres à un autre projet avec une équipe de l’INRS. Je crois que ce nouveau projet sera plus facilement réalisable. »

Appelé Super Plant, le projet qui a suscité l’attention des médias et du monde scientifique, lorsqu’il fut présenté l’an dernier, repose sur une utilisation de bactéries naturelles dites méthanotrophes, qui « mangeraient » le méthane produit par les entreprises.

Thomas Ribeiro a toujours eu le goût des sciences et de l’ingénierie. « Petit, je posais beaucoup de questions à mes parents. Plus tard, en première secondaire, cette curiosité s’est accentuée. »

Élève à la Laval Senior Academy, en cinquième secondaire, Thomas Ribeiro a l’intention de poursuivre ses études en ingénierie, plus précisément dans le domaine de l’énergie verte et de la biologie médicale.

Ce garçon très sérieux se défend toutefois de toujours avoir le nez dans des livres. « Oui, j’ai des amis et je joue au soccer avec eux. Mais les études et les bonnes notes sont très importantes pour moi », ajoute celui qui suit également des cours de piano et de cor d’harmonie.

À travers l’exemple de Thomas Ribeiro et des neuf autres jeunes qu’il a rencontrés, Johny Pitts souhaite transmettre aux adolescents un goût de la découverte et l’envie de contribuer à un monde meilleur. Il offre d’ailleurs à la fin de son ouvrage des conseils pour mettre de l’avant des idées et des projets.

« J’ai écrit ce livre pour tout le monde, mais surtout pour le jeune homme que j’étais, et pour tous ceux qui comme moi se sont sentis perdus à l’adolescence », écrit Johny Pitts dans son livre.

Se sentir perdus et connaître le vertige du fameux « passage » vers l’âge adulte, voilà quelque chose qui touche la majorité des jeunes. Souhaitons que la présence de cet ouvrage qui n’a de manifeste que le titre puisse servir d’outil à certains jeunes dans le façonnement d’un monde meilleur.

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Celle qui veut aider les femmes

Fahma Mohamed, jeune femme d’origine somalienne aujourd’hui âgée de 18 ans, dirige l’association caritative Integrate Bristol. Depuis six ans, cette musulmane moderne, qui a grandi à Bristol, en Angleterre, mène une campagne dans le but de mettre fin à cette tradition dangereuse que sont les mutilations génitales féminines. Les complications que vivent les jeunes filles qui connaissent ces pratiques sont nombreuses (kystes, infections urinaires chroniques, infertilité, etc.). Envers et contre tous, Fahma Mohamed tente de faire comprendre à la communauté somalienne que cette tradition archaïque ne doit plus exister. Ses efforts ont porté leurs fruits. En 2015, le gouvernement somalien a annoncé que cette pratique était désormais illégale. On peut conclure que Fahma est pour beaucoup dans cette décision.

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Celui qui veut nettoyer les océans

Lors de vacances en Grèce alors qu’il avait 13 ans, Boyan Slat a fait de la plongée avec un ami. Ce qu’il a vu l’a terrifié. Ce qu’il croyait être au départ des méduses était en fait des dizaines de sacs de plastique. Le plastique, qui a une durée de vie d’environ un siècle, représente un énorme défi pour les environnementalistes. Le système que Boyan Slat, un jeune Néerlandais aujourd’hui âgé de 16 ans, a imaginé repose sur un principe tout simple : laisser les courants naturels ramener le plastique lorsqu’il remonte à la surface et récupérer les débris grâce à d’immenses barrières flottantes. Boyan est aujourd’hui à la tête d’un organisme appelé Ocean Clean Up qui reçoit l’appui de Leonardo DiCaprio et de Barack Obama.

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Celui qui veut protéger les autochtones

Lors d’un match de football qui avait lieu à São Paulo et qui réunissait le Brésil et la Croatie, des jeunes représentant les principaux groupes ethniques de cette ville sont entrés dans le stade et ont lâché des colombes. L’un de ces jeunes était Wera Jeguaka Mirim. Il avait 13 ans. Digne représentant de la communauté guaranie, le garçon voulait attirer l’attention sur le sort des siens. En quittant le stade, le jeune homme a brandi une pancarte sur laquelle il était écrit Demarcação (Démarcation). Cela a eu l’effet d’une bombe auprès des spectateurs et des centaines de milliers de téléspectateurs. Le geste de Wera a été remarqué et, grâce à lui, les dirigeants ont ouvert les yeux sur les problèmes sociaux et les revendications des Guaranis.

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