10 FAITS MÉCONNUS SUR LES MENSTRUATIONS
Ceci est mon sang – Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font
Élise Thiébaut
La Découverte, 242 pages
Cet écran a été partagé à partir de La Presse+
Édition du 14 février 2017,
section PAUSE SANTÉ, écran 3
Ceci est mon sang – Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font
Élise Thiébaut
La Découverte, 242 pages
Ceci est mon sang – Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font
Élise Thiébaut
La Découverte, 242 pages
Parce que les règles surviennent plus tôt (à 12 ans plutôt qu’à 16), parce que les femmes vivent plus longtemps et font surtout moins d’enfants, nous avons aujourd’hui en moyenne 400 cycles, contre 100 au Moyen Âge. À l’époque, la femme était « enceinte, elle allaitait ou elle était morte », écrit avec beaucoup d’humour Élise Thiébaut, dans Ceci est mon sang, publié aux éditions La Découverte, en librairie jeudi.
C’est la quantité maximale que nous perdons à chaque cycle. On est loin du demi-litre imaginé par Hippocrate (à qui l’on doit les saignées, comme s’il fallait perdre du sang pour être en bonne santé), lequel a contribué à véhiculer cette image de la femme qui « pisse le sang ». Une image qui, soit dit en passant, a bien plu à « l’industrie de la protection menstruelle », fait aussi valoir l’auteure en entrevue.
Ce sang qui coule entre les cuisses des femmes a longtemps eu quelque chose de mystérieux. Ce n’est heureusement plus le cas. Par contre, une question demeure : pourquoi régulièrement, chaque mois ? Parce que non, mesdames, ça n’a rien à voir avec la Lune. « C’est une coïncidence. Mais une relation de cause à effet ? Non, répond l’auteure. Sinon, nous aurions toutes nos règles en même temps ! »
Les premières règles, dites « ménarches », se sont accompagnées de différents rituels dans le monde : un grand souper au Japon, une gifle en Biélorussie, un front badigeonné de sang en Serbie. « Mais à ce que je sache, les ”séménarches” [premières éjaculations] ne font partie des choses célébrées nulle part », signale en souriant l’auteure française.
Dans l’histoire, croyez-le ou non, plusieurs sociétés ont jonglé avec différents rituels pour faire saigner le pénis. Que ce soit pour évacuer le sang impur ou exalter une certaine virilité, on coupait l’extrémité du pénis de façon régulière. La Nouvelle-Guinée a d’ailleurs été baptisée l’« île des hommes menstrués » par un ethnologue australien, signale l’auteure.
Nous n’avons rien inventé. Les femmes égyptiennes y ont pensé bien avant nous. On a en effet retrouvé des bâtons entourés de coton qui remontent à l’Égypte ancienne. Dire qu’il a fallu attendre jusqu’aux années 50 pour qu’ils soient offerts en Europe…
Étrangement, comme les tampons et les serviettes sont considérés comme des « instruments médicaux », les marques ne sont pas tenues d’en signaler tous les ingrédients. « Or, on sait qu’ils sont composés de polyéthylène et de polypropylène, des dérivés d’hydrocarbures, des composés chimiques, et ils sont en contact direct avec nos muqueuses », dénonce l’auteure, qui en a elle-même porté, en 40 ans, entre 12 000 et 15 000.
Le saviez-vous ? Il existe un mouvement, certes marginal (3000 membres sur Facebook), baptisé le « flux libre instinctif ». Le concept ? Ici, les femmes, souvent des écologistes « profondes », ne portent ni serviettes ni tampons, mais misent sur le « contrôle » de leur flux. « C’est avant tout une réappropriation de son corps. Être concentrée et conscientisée sur soi-même », résume l’auteure. Elle convient que le mouvement peut surprendre. « Il y a toujours eu une volonté de contrôler le corps des femmes. Alors toute action vis-à-vis de ça est considérée comme malvenue », dit-elle.
Certes, plusieurs femmes ont des maux de ventre, ce n’est pas un mythe. Mais ceux-ci varient d’une femme à l’autre, d’un cycle à l’autre. Mais une mauvaise humeur liée au cycle menstruel ? « Peut-être que les règles ont le dos large, avance Élise Thiébaut. C’est plutôt un stéréotype auquel on se conforme. »
Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? « Ce n’est pas si étonnant quand on y réfléchit, signale l’auteure, études scientifiques à l’appui. La muqueuse utérine est censée accueillir un embryon. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il y ait des cellules souches là-dedans. » Si la recherche demeure ici embryonnaire (« c’est très long, les recherches ! »), reste que les possibilités sont plutôt prometteuses. De quoi redorer la réputation de ce sang tabou et malaimé ? « C’est ce que je pense ! »
Ceci est mon sang – Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font
Élise Thiébaut
La Découverte, 242 pages