Génération X au pouvoir

DIVORCE

C’est la génération du divorce – celui de leurs parents – et de l’éclatement de la famille. Justin Trudeau lui-même n’avait que 6 ans lorsque ses parents se sont séparés. Les X se sont donc mariés plus tard et ont repoussé le moment d’avoir des enfants. Ils divorcent encore, mais un peu moins que dans les années 80. Ils conjuguent la vie familiale autrement : familles recomposées, homosexuelles, monoparentales. Une fin de semaine sur deux ou une semaine/une semaine, peu importe le modèle, la famille demeure une valeur importante à leurs yeux.

Génération X au pouvoir

PRÉCARITÉ

Les X sont arrivés sur le marché du travail en pleine crise économique. C’est la génération des « clauses orphelin », des stages non rémunérés. « Bien qu’elle soit plus scolarisée que la précédente, c’est une génération qui ne parvenait pas à la même ascension sociale que ses parents au même âge », dit Jacques Hamel, professeur de sociologie à l’Université de Montréal. Comme le dit Éric Rochant dans son film Un monde sans pitié : « Si au moins on pouvait en vouloir à quelqu’un. Si même, on pouvait croire qu’on sert à quelque chose, qu’on va quelque part. Mais qu’est-ce qu’on nous a laissé ? Les lendemains qui chantent ? Le grand marché européen ? On a que dalle… »

Génération X au pouvoir

GUERRE FROIDE

Ils ont grandi avec la menace d’une guerre nucléaire et à leur époque, « Star Wars » évoquait la guerre davantage que le film de George Lucas. En novembre 1989, ils ont dansé sur les ruines du mur de Berlin, ce qui a marqué la fin de la guerre froide, une expression inventée par George Orwell, un écrivain dont le roman 1984 a marqué leur imaginaire. Pleins d’espoir, ils ont appris à prononcer « Gorbatchev » et « glasnost ». Ils ont dansé sur Two Tribes de Frankie Goes to Hollywood et ont fredonné Russians de Sting. Ils sont en faveur de la paix dans le monde.

Génération X au pouvoir

DOUGLAS COUPLAND

Cet auteur et artiste canadien a fait entrer le terme « génération X » (inspiré par le groupe pop-rock Generation X de Billy Idol) dans la culture populaire. Dans ce roman emblématique dont l’action se déroule en Californie en 1990, Andy, Dag et Claire sautent d’un boulot mal payé à un autre (les fameuses McJobs), désabusés, sans grand avenir devant eux. Un peu comme Janeane Garofalo, Winona Ryder et Ethan Hawke dans le film Reality Bites. Au menu : cynisme, incertitude et désabusement.

Génération X au pouvoir

PARITÉ

Nés dans la foulée de la deuxième vague du mouvement féministe, les X ont appris très jeunes que les filles pouvaient tout faire « comme les garçons ». « Ils voient d’un bon œil l’engagement des femmes à un haut niveau », estime le sociologue Jacques Hamel, professeur associé à l’INRS-Urbanisation, culture et société. Dans la série américaine Friends comme dans La Vie, la vie de Stéphane Bourguignon, les filles sont indépendantes, autonomes. Les X sont conscients que le sexisme n’est pas mort, mais ils sont motivés à y mettre fin. Pas surprenant que Justin Trudeau ait annoncé un Conseil des ministres paritaire. Pour cette génération, cela devrait aller de soi.

Génération X au pouvoir

SIDA

Ils n’ont pas connu les relations sexuelles sans condom. Leurs premiers ébats ont eu lieu sous la menace du sida, avant la trithérapie. C’était l’époque de la création de la clinique L’Actuel de Réjean Thomas. Leurs amours étaient tumultueuses, fragiles comme dans le film Eldorado de Charles Binamé ou la pièce Des restes humains non identifiés et la véritable nature de l’amour de Brad Fraser. Ils ont pleuré la mort de Freddy Mercury et Hervé Guibert, ils ont sangloté devant la performance de Tom Hanks dans le film Philadelphia.

Génération X au pouvoir

INTERNET

C’est la première génération du numérique, ils ont vu arriver l’internet et les ordinateurs personnels dans leur vie. « De la télécommande aux réseaux sociaux, ils connaissent tout et s’en servent », précise Jacques Hamel, sociologue et organisateur du colloque « La jeunesse n’est plus ce qu’elle était ». Les X ont grandi avec Bill Gates, Steve Jobs, Max Headroom, les iPod et les premiers jeux vidéo. Sans doute un peu moins branchés que les millenials, les X sont présents sur Facebook, mais regardent encore leurs séries préférées sur un écran de télévision.

Génération X au pouvoir

ENVIRONNEMENT

Petits, ils ont été témoins de l’accident nucléaire de Three Mile Island et jeunes adultes, ils ont vu les images horribles du déversement de l’Exxon Valdez. Citoyens du monde, préoccupés par l’état de la planète, ils ont été sensibilisés aux pluies acides et à la réduction de la couche d’ozone dès leur plus jeune âge. Les plus vieux représentants de cette génération ont adopté une résolution en faveur de la création d’un parti vert au Sommet québécois de la jeunesse, en 1983. Aujourd’hui, ils lisent Tout peut changer, écrit par une des leurs, Naomi Klein, née en 1970.

Société

Les X au pouvoir

Avec l’élection de Justin Trudeau, c’est la génération X qui accède au pouvoir. Née quelque part entre 1962 et 1979 (le nouveau premier ministre a vu le jour en 1971), cette génération, qu’on a souvent qualifiée de « sacrifiée », a connu l’incertitude, la précarité, la fin de la guerre froide, le sida. Qui sont ces X qui vont nous diriger durant les prochaines années ? Nous vous proposons 10 mots pour découvrir ce qui les a forgés.

Génération X au pouvoir

MTV

« Video Killed the Radio Star », chantaient les Buggles dans le premier vidéo à être diffusé sur la chaîne MTV le 1er août 1981. « I want my MTV », chantaient les Dire Straits quatre ans plus tard. C’est sur cette chaîne que les X ont découvert Madonna, Thriller de Michael Jackson et qu’ils ont communié lors du concert Unplugged de Nirvana. Fin politicien, Bill Clinton l’avait bien compris et a souvent visité les locaux de la station lors de la campagne électorale qui l’a fait élire en 1992. Au Québec, Musique Plus a suivi les traces de sa cousine américaine en 1986.

Génération X au pouvoir

DÉSILLUSION

Aujourd’hui, les X représentent grosso modo 30 % de l’électorat canadien et, selon le politologue François Gélineau de l’Université Laval, ils régneront environ durant 20 ans, poussés par les Y qui les suivent et qui sont plus nombreux. « Ils détiennent actuellement la balance du pouvoir, note M. Gélineau. Pas facile de les décrire politiquement. Les plus vieux X partagent certaines préoccupations avec les boomers – santé, retraite, éducation – bien qu’ils soient aussi très amers quand ils comparent leur situation avec celle de leurs aînés. Les plus jeunes X, eux, ressentent une certaine désillusion par rapport à ce que l’État peut faire pour eux. »  

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.