Great-West

1500

La compagnie d’assurances Great-West Lifeco (TSX:GWO) réduira son effectif au Canada d’environ 1500 postes au cours des deux prochaines années, ce qui correspond approximativement à 13 % de son effectif total de 12 000 employés. Dans un communiqué publié hier, l’entreprise précise que la réduction se fera par la compression de l’effectif temporaire, par l’instauration d’un programme de retraite volontaire et par l’élimination de postes suivant un programme de cessation d’emploi. Great-West prévoit que cette réduction sera compensée en partie par la croissance des affaires, ainsi que par l’attrition naturelle en combinaison avec des pratiques d’embauche encadrée. Les réductions de coûts se traduiront aussi par de la consolidation immobilière et par la mise à jour de systèmes d’information. — La Presse canadienne

Analyse

Maître de son swing

Il arrive que la naissance d’une entreprise soit le fruit d’un hasard provoqué. C’est un peu l’histoire de Guillaume Paul-Simoncelli, un entrepreneur de 30 ans faisant sa marque dans le domaine de location de salles privées. 

Avec sa jeune entreprise SallePrivee.ca, cet ancien étudiant du collège de Maisonneuve en gestion de commerces a ciblé un marché de niche pour les entreprises et les particuliers. Pendant que les institutions financières se gargarisent aux robots-conseillers, le domaine de la réservation de salles privées doit se bâtir autrement. 

En effet, si un mot pouvait définir ce modèle d’affaires, ce serait la confiance. Oui, on pourrait croire qu’une simple application mettrait en relation les fournisseurs de salles et les clients potentiels. Par contre, les types d’événements ponctuels nécessitant le service sont si importants pour les clients qu’ils n’ont pas droit à l’erreur. 

SallePrivee.ca devient dont un intermédiaire offrant non seulement un vaste choix d’endroits, un éventail d’idées et de concepts, mais surtout la confiance qu’il n’y aura pas de pépins. On est donc en présence d’un service en partie informatisé, mais dont le contact humain est omniprésent. 

C’est probablement une avenue à suivre pour l’industrie du service : un modèle hybride entre les affaires traditionnelles et automatisées. 

Quand une observation se transforme en modèle d’affaires 

Découragé par le mode de vie de son emploi de directeur de compte dans le secteur de la téléphonie, Guillaume Paul-Simoncelli décide de se lancer comme entrepreneur en devenant consultant pour les bars de la métropole. Son but était de les aider à augmenter leur achalandage par la création d’événements et par la mise en valeur de ceux-ci. 

Lors d’un mandat, il réalise qu’un espace de type salle privée est disponible au fond d’un bar du Plateau Mont-Royal. Il fait ajouter un onglet « salle privée » au site internet de l’entreprise. Quelque temps après, il constate des statistiques très élevées sur cette section du site. 

Si Nicolas Duvernois a lancé son idée de vodka grâce au volume de vente constaté lors de son échec en restauration, Guillaume Paul-Simoncelli a découvert le marché des locations de salles grâce à un mandat de quelques mois pour un débit de boissons. 

Le goût de l’entrepreneuriat et la gestion des liquidités 

Évidemment, le sympathique et enthousiaste entrepreneur a depuis longtemps cette fibre de se lancer en affaires. Du plus loin qu’il se souvienne, même à l’adolescence, il aimait échanger les cartes Magic pour générer un gain.

Ce que plusieurs sous-estiment, c’est tout ce qu’il faut gérer quand on bâtit une entreprise de zéro. Notre entrepreneur l’a bien saisi.

Bien qu’il veuille investir le temps nécessaire à l’analyse des données et des enjeux stratégiques de croissance, il n’a pas mis la charrue devant les bœufs. Il administre son entreprise dans des locaux minimalistes avec un volume de main-d’œuvre étudié : il faut générer des ventes avant de s’empêtrer dans des coûts fixes importants. 

Ce qui tue les bonnes idées en affaires : le manque de fonds pour les accomplir. Le trentenaire sait attendre la croissance organique de son entreprise grâce au bouche-à-oreille avant de mettre en place une structure insoutenable pour l’instant. 

L’aide faisant la différence 

Quand on lui demande ce qui l’a aidé à lancer son idée, il répond : « Le financement reçu du programme de Soutien au travail autonome d’Emploi-Québec donnant un minimum de revenu pour la première année d’exploitation. ». Il note aussi une bourse de Fondation Montréal inc. lui ayant donné un coup de pouce pour gérer les investissements nécessaires à la croissance de son idée. 

Ce genre de soutien est parfois ce qui donne le courage de se lancer dans le vide à ceux dont les parents ne sont pas « nés avant eux ». C’est comme un filet de sécurité pour encourager l’entrepreneuriat dont le Québec a drôlement besoin. 

Plus qu’un intermédiaire 

Les services de SallePrivee.ca dépassent le statut d’intermédiaire. L’entreprise travaille d’ailleurs sur un concept de visites virtuelles des salles offertes. Au lieu de simplement proposer une salle et une capacité, on offrira prochainement une recherche par type d’événement. 

Surtout, l’entrepreneur vise à maintenir la fidélité de la clientèle et des fournisseurs sous deux objectifs : offrir de la variété d’un événement à l’autre et un service à la clientèle irréprochable. 

Plan de croissance canadien 

Il aimerait étendre son modèle d’affaires à l’extérieur du Québec. Viser des marchés comme Toronto, Vancouver ou Calgary où la clientèle d’affaires est bien implantée. Ce qui le motive le plus ? Créer quelque chose. Au-delà de l’idée, il y faut la faire vivre et en vivre. 

Beaucoup de Québécois ont des idées, mais peu sont prêts à aller au bâton à trois balles, deux prises, deux retraits en neuvième manche avec trois hommes sur les buts. 

On parle beaucoup de ceux qui claquent un grand chelem, mais plusieurs retournent retirés sur trois prises sans tambour ni trompette. Il faudrait des milliers de Guillaume Paul-Simoncelli au Québec pour donner un souffle à cette société à qui on apprend à « trouver un bon emploi » au lieu de se le « gosser » soi-même. 

Il faut trouver son propre projet de bonheur comme plan d’affaires, comme le précise le professeur Jean-François Ouellet dans son essai du même nom. 

Pendant que certains se plaignent de leur rôle de spectateurs, certains s’élancent avec conviction : maîtres de leur swing.

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