Kim Boutin

Tenir debout

Sur un mur du vestiaire à l’aréna Maurice-Richard, Kim Boutin a collé un calendrier. Après chaque entraînement et à la fin de chaque journée, elle fait un X dans la case appropriée. En haut de l’affiche, elle a écrit le titre d’une chanson : Tenir debout, de Fred Pellerin.

Contrairement aux apparences, le thème n’est pas lié à l’utilité de « tenir debout » dans un sport casse-gueule comme le patinage de vitesse courte piste. Pour Kim Boutin, c’est plus personnel.

« Dans le fond, ça représente mon développement ces quatre dernières années, explique la patineuse. La personne que je suis devenue. La personne solide qui a appris à se tenir debout. »

Oui j’apprends à me tenir debout

Je n’ai rien contre personne et je tendrai l’autre joue

J’apprends à me tenir debout

Cette semaine, à la Coupe du monde de Shanghai, Boutin l’écoutera pour se détendre. La chanson l’aide à mesurer le chemin parcouru depuis son émergence aux Mondiaux post-olympiques de 2015, où elle avait fini quatrième, meilleur résultat de l’équipe féminine canadienne.

La suite a été en montagnes russes : maux de dos chroniques, panne de confiance, crise d’identité.

En pleine saison 2016, Kim Boutin a fait une pause de six mois pour se reconstruire. Depuis son retour, elle ne fait que monter. Et elle n’a pas l’intention de redescendre.

En août, Boutin a largement dominé les sélections olympiques canadiennes, remportant huit des neuf courses et terminant première sur chacune des distances, ce qui lui garantit trois départs aux Jeux de PyeongChang en février. Seul point d’interrogation, la vice-championne mondiale Marianne St-Gelais, victime d’une commotion, n’y était pas, tandis que Valérie Maltais, frappée du même mal, a dû déclarer forfait à mi-chemin.

Malgré tout, aux yeux de l’entraîneur-chef de l’équipe féminine, la progression de Boutin ne laissait aucun doute, en particulier sur 500 m. « Elle a fait du 43,2 [secondes] en tirant devant tout le long, notait Frédéric Blackburn avant le début de la saison. C’est du niveau d’une finale olympique. »

« À l’instinct »

La Sherbrookoise de 22 ans a confirmé cette impression en connaissant les deux meilleures Coupes du monde de sa carrière le mois dernier. À Budapest, elle a gagné des médailles d’argent sur 1000 m et 1500 m. La semaine suivante, à Dordrecht (Pays-Bas), elle a encore monté sur la deuxième marche du podium, cette fois au 500 m, une première pour elle.

« Je n’ai pas mis mes œufs dans le même panier pour une distance, se félicitait-elle la semaine dernière avant de s’envoler pour Shanghai. Ça a été : j’embarque sur la glace, je sais quoi faire pour cette distance-là, et je laisse aller mon instinct. Vraiment, je courais à l’instinct, et ça a été payant. »

Cette première médaille au 500 m l’a particulièrement enchantée. « J’ai fait un mégatravail pour me désensibiliser à la peur en vitesse, souligne-t-elle. J’ai une certaine crainte [à haute] vitesse et j’ai tendance à ne pas foncer. Ça fait en sorte que c’est plus difficile au relais et au 500 m. Je suis tranquillement en train de vaincre ça. »

En se tenant debout, au sens propre comme au figuré.

Le 500 m masculin dans la ligne de mire

L’équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste cherchera à consolider sa position en vue des Jeux olympiques de PyeongChang lors des deux dernières Coupes du monde de la saison, à Shanghai, depuis la nuit dernière (HNE) et jusqu’à dimanche, et à Séoul la semaine prochaine. Pour l’heure, tous les voyants sont au vert après les deux premières étapes. Au relais, les hommes sont premiers et les femmes deuxièmes, ce qui garantit presque des équipes complètes de cinq athlètes par genre aux Jeux. Dans cinq des six épreuves individuelles, le quota maximal de trois partants est aussi en bonne voie d’être atteint. Ironiquement, il n’y a qu’au 500 m masculin, un château fort, où ça chauffe un peu. Samuel Girard domine le classement, mais Charles Hamelin (25e) et Charle Cournoyer (30e) traînent la patte.

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