Mythe ou réalité ?

« Lire avec une lumière de faible intensité abîme les yeux. » Vraiment ?

Pause vous éclaire sur les mythes qui entourent le domaine de la santé.

— Chloé Marriault, La Presse

La croyance

Lorsqu’on lit dans la pénombre, il y a souvent quelqu’un pour nous dire de mettre davantage de lumière si l’on ne veut pas abîmer ses yeux. Doit-on vraiment lire avec une intensité lumineuse importante ?

La réalité

« Lire avec une lumière de basse intensité demande des efforts et peut donc entraîner une fatigue oculaire temporaire. Mais même si l’on fait cela régulièrement, cela ne va pas causer de dommage à votre vision, même à long terme », explique la Dre Isabelle Schmit, ophtalmologiste au Centre universitaire d’ophtalmologie du CHU de Québec-Université Laval. En résumé, lire dans la pénombre peut seulement entraîner quelques inconforts passagers : des maux de tête, des picotements aux yeux et un assèchement de la surface oculaire, par exemple. « En se concentrant pour lire, on a tendance à oublier de cligner des yeux. La vue de certaines personnes peut alors se brouiller quelques instants, mais cela revient à la normale en clignant des yeux », indique la Dre Isabelle Schmit. L’ophtalmologiste rappelle les conditions optimales pour lire : avoir une bonne source lumineuse, tenir le livre à une distance confortable et cligner régulièrement des yeux.

à l’étude

Une pilule prometteuse contre l’obésité

Des chercheurs de l’Université Yale ont découvert une molécule qui empêche le gras de rentrer dans les cellules. Un essai sur la souris a confirmé cet effet anti-obésité. Coup de chance, ce médicament est déjà approuvé pour le traitement du glaucome, ce qui va accélérer les essais chez l’humain.

Le contexte

Avant d’être stockés dans les cellules adipeuses, les gras provenant de la nourriture passent de l’intestin au système sanguin grâce à des molécules appelées chylomicrons. « Il s’agit de particules composées de lipides et de protéines », explique Zhang Feng, pathologiste de l’Université Yale, au Connecticut, qui est l’auteur principal de l’étude publiée la semaine dernière dans la prestigieuse revue Science. « Ces chylomicrons migrent vers le sang par les canaux lymphatiques de la paroi intestinale. Le mystère jusqu’à maintenant était le suivant : les chylomicrons sont normalement trop gros pour passer dans les canaux lymphatiques. »

La genèse

Le laboratoire du Dr Zhang se spécialise depuis quelques années dans l’étude de molécules appelées « facteurs de croissance vasculaires endothéliaux » (EVGF), qui sont impliquées dans la vascularisation des parois de l’intestin. « Ils semblaient avoir d’autres fonctions dans l’intestin. Nous avons découvert qu’ils permettent l’apparition de portes, de boutons, où les chylomicrons peuvent passer dans les canaux lymphatiques de l’intestin vers le sang. »

Ce que révèle l’étude

Les chercheurs de l’Université Yale, qui ont travaillé avec des collègues en Europe, ont bloqué deux récepteurs impliqués dans le fonctionnement de la molécule EGVF chez des souris. Ensuite, ils leur ont donné une diète riche en gras qui, normalement, les rend obèses. « Nous pensions que le mauvais fonctionnement de ces récepteurs amènerait plus de chylomicrons à être transférés vers le sang, dit le Dr Zhang. C’est le contraire qui s’est produit. Visiblement, ces deux récepteurs jouent un rôle crucial. C’est au-delà de nos espérances. »

Et maintenant ?

Un médicament autorisé pour le traitement du glaucome appelé « inhibiteur de la rho-kinase » interfère justement avec les deux mêmes récepteurs de la molécule EGVF. « Ça veut dire qu’ils sont relativement sécuritaires, dit le Dr Zhang. Nous allons pouvoir les tester chez l’humain relativement rapidement. Tout d’abord, nous allons éplucher les données des essais cliniques pour le glaucome. Ensuite, nous allons confirmer que les inhibiteurs de la rho-kinase ont le même effet anti-obésité sur la souris, sur le plan biomoléculaire. » Le chercheur de Yale estime que le potentiel anti-obésité de cette molécule pourrait être avéré d’ici aussi peu que cinq ans.

Proportions dans le régime alimentaire des obèses aux États-Unis

Protéines

17 %

Gras

41 %

Sucres

38 %

Source : American Journal of Clinical Nutrition

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.