À suivre cette semaine

Au-delà des tumultes commerciaux

Chaque lundi, La Presse invite un professionnel du secteur des placements à discuter de ses principales préoccupations concernant l’économie et les marchés financiers.

Notre invité cette semaine : André Chabot, cofondateur, chef de la direction et chef des placements chez Gestion de portefeuille Triasima. Cette firme montréalaise gère près de 4 milliards de dollars en portefeuilles d’actions.

Qu’est-ce qui vous interpelle le plus ces temps-ci ?

C’est difficile de minimiser ou d’ignorer les tumultes politiques et commerciaux au niveau international qui agitent souvent les marchés financiers.

Mais sans perdre de vue que les principaux indicateurs de conjoncture économique demeurent favorables dans les principaux marchés boursiers.

Cela dit, l’évolution des négociations et des relations commerciales entre les principales économies du monde devient de plus en plus préoccupante. D’autant qu’il y a un chef [d’État] […] qui s’amuse à jeter du sable dans les engrenages de la mondialisation économique mis en place au fil des décennies.

D’un point de vue d’investisseur, ça devient difficile de tempérer les déclarations souvent intempestives de l’administration Trump sur les négociations de l’ALENA avec le Canada et le Mexique. De même que ses déclarations à propos des relations commerciales avec la Chine.

Pendant ce temps, en Europe, les tumultes politiques et budgétaires qui ont ressurgi en Italie sont aussi préoccupants. Parce que l’Italie, encore le « parent pauvre » de la reprise économique en Europe, est tout de même la troisième plus grosse économie de la zone euro après l’Allemagne et la France, et son deuxième plus gros pays emprunteur après l’Allemagne.

Bref, si la situation devait s’aggraver en Italie, l’impact sur les marchés financiers en Europe pourrait être plus grave que ce qui s’était passé il y a quelques années, avec la crise budgétaire en Grèce.

Que surveillerez-vous le plus au cours des prochains jours, des prochaines semaines ?

Au-delà des soubresauts de l’actualité politique et financière, le plus important de notre point de vue d’investisseur est de bien suivre l’évolution du cycle économique afin d’y positionner adéquatement les portefeuilles d’actions que nous gérons.

Parmi les indicateurs économiques que nous surveillons le plus, il y a l’évolution des taux d’intérêt et de la courbe de rendement du marché obligataire, ainsi que l’évolution de l’inflation et du taux de chômage. Nous gardons une attention particulière sur la hausse des salaires parce qu’ils pourraient avoir un impact sur les prochains résultats des entreprises.

Aux États-Unis, nous constatons qu’en dépit d’un taux de chômage rendu très bas, l’inflation salariale demeure limitée, en deçà des appréhensions dans les marchés financiers et boursiers. Pendant ce temps, le dollar américain a repris de la vigueur sur le marché des devises.

Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale américaine (Fed), lors de son énoncé de mercredi, reporte à plus tard sa prochaine hausse de taux d’intérêt. Et ce, même si les marchés financiers et boursiers l’anticipent depuis un certain temps.

Bref, c’est de bon augure pour la prolongation du cycle économique favorable pour plusieurs trimestres encore, même rendu à son dernier tiers.

Où en est votre stratégie de placement ?

Pour l’année courante, nous avons abaissé nos attentes de rendement entre 0 % à 5 % parmi nos portefeuilles d’actions diversifiés.

Mais pour l’an prochain, en 2019, nous nous attendons à des rendements rehaussés autour de 8 % à 10 %, avant la fin de cycle que nous anticipons en 2020.

Dans notre allocation d’actifs, nous demeurons surpondérés en actions américaines – depuis un bon moment, d’ailleurs – et sous-pondérés en actions canadiennes.

Sur la Bourse américaine, nous préférons les actions d’entreprises de petite capitalisation – moins de 10 milliards US à l’échelle américaine – qui sont les plus performantes dans leurs secteurs d’activité aux États-Unis surtout, afin de profiter le plus possible de la bonne conjoncture économique.

En comparaison, les grandes entreprises américaines qui sont les plus présentes à l’international pourraient davantage subir les effets de la hausse du dollar américain dans leurs prochains résultats.

Sur la Bourse canadienne, nous préférons les entreprises les plus présentes sur les marchés internationaux, parce qu’elles sont mieux positionnées pour profiter de la baisse de valeur du dollar canadien.

Parmi nos préférences, il y a des entreprises manufacturières comme Bombardier, BRP (petits véhicules de loisirs motorisés) et Canada Goose (manteaux d’hiver griffés).

Dans l’actualité boursière cette semaine

INDICATEURS ÉCONOMIQUES

AU CANADA

Vendredi : ventes des manufacturiers (avril), ventes de résidences existantes (mai), transactions internationales en Bourse (avril)

AUX ÉTATS-UNIS

Mardi : indice des prix à la consommation (inflation, mai)

Mercredi : décision de taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed)

Jeudi : ventes au détail (mai)

Sources : Thomson Reuters, billets d’économistes bancaires

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