COMMANDITÉ

La Grèce jusqu’à plus soif

Ces jours-ci, les vins grecs remontent le courant et se fraient un chemin jusqu’à nos verres. Les dives bouteilles que l’on retrouve sur nos rayons sont autant d’expressions des différents terroirs et, surtout, d’invitations en terres helléniques. De la Macédoine aux Cyclades en passant par la Grèce Centrale et le Péloponnèse, la beauté grecque dépasse le mythe et les saveurs qu’elle porte remplissent toutes les promesses : générosité, équilibre, subtilité, vérité. On vous propose une virée viticole en dehors des sentiers battus.

MARKOPOULO, GRÈCE CENTRALE

À trois quarts d’heure au sud-est d’Athènes, on verra déjà des vignobles bordés d’oliviers et de figuiers. Là, dans ces sols arides légèrement vallonnés, pousse entre autres le Savatiano qui donne des vins blancs secs au nez floral et au goût d’agrumes, que l’on a plaisir à boire en mangeant poissons et fruits de mer apprêtés dans leur plus simple appareil. Dans la région, on fait aussi le fameux retsina en infusant le Savatiano avec la gomme que donnent les immenses pins bordant les vignes. Pour tout comprendre du terroir de la région, on vous suggère une visite du Domaine Papagiannakos et de ses installations modernes et écoénergétiques. En soirée, il faut aller au bord de la mer Égée, à Porto Rafti, ce petit village balnéaire refuge de vacances des citadins de la région athénienne. Le tourisme international s’y fait rare et la vie est douce : peu d’hôtels, des plages de galets léchés par des eaux délicieuses et quelques petites tables sympathiques où il fait bon déguster ce que la mer fait de mieux.

NEMEA, PÉLOPONNÈSE

Après la traversée du canal de Corinthe – d’une vertigineuse beauté –, c’est vers Némée qu’il faut se déposer. Là, le relief est plus escarpé et les écarts de température sont étonnants entre les sommets et les creux de vallée qui accueillent les robustes vignes. À côté des raisins de Corinthe, on cultive plusieurs cépages dont le Moschofilero, une variété autochtone qui donne un jus vif et ample, à la robe opalescente. Arrêt obligé à l’impressionnant Temple de Zeus, érigé à l’origine au 5e siècle avant Jésus-Christ. Pour se sustenter, il faut absolument faire un détour vers Isthmia, au restaurant Kavos. Ouverte en 1964, cette petite guinguette de bord de mer (vous pouvez vous baigner entre deux bouchées !) propose une carte courte et divine. La pieuvre et les pâtes aux moules valent à elles seules le voyage en Grèce. Pour dormir, la fraîcheur des montagnes est bienvenue et l’ascension vers Ano Doliana – petit village haut perché – impressionne. Là, quelques petites auberges s’y accrochent, dont Erasmion et ses beaux balcons de pierre desquels on a la plus jolie vue sur la vallée.

PYRGOS ILIAS, PÉLOPONNÈSE

Si vous vous rendez à l’Ancienne Olympie, vous serez certainement saisie par la beauté du site archéologique aux ruines si accessibles et si bien conservées. Vous visiterez le musée et admirerez les fresques restaurées avec soin qui témoignent du génie créatif et technique de la Grèce Antique. Vous aurez l’impression de marcher sur l’Histoire, de pouvoir presque la toucher du bout des doigts. Et puisque les petites histoires sont toutes aussi passionnantes, on vous conseille de pousser plus loin l’exploration et de visiter le Domaine Mercouri, un bucolique vignoble familial. Fondé en 1870, il est désormais dirigé par la quatrième génération de vignerons et propose des crus dignes de mention. Que diriez-vous d’une petite dégustation au son assourdissant des cigales, à l’ombre de gigantesques pins et entourée des paons qui se baladent librement sur la propriété ? Le soir venu, reposez-vous à l’hôtel Mare Dei. Ses chambres, des volumes épurés de couleur pastel, se détachent du flanc rocheux qui surplombe une petite baie privée sur la mer Ionienne.

KALAVRYTA, PÉLOPONNÈSE

Ici, pas d’attraction touristique majeure, si ce n’est de la vue depuis les montagnes qui est à couper le souffle. Depuis les vignobles du Domaine Tetramythos, on peut voir le très beau pont de Patras, mais, surtout, on peut constater à quel point les vignes sont cultivées dans le respect de la terre. Ici, pas de rangs bien gentils ou de sols dénués de mauvaises herbes. On a plutôt affaire à une plantation légèrement anarchique, aux herbes hautes, bref, à une nature qui prend le dessus et qui marque les vins. Panayiotis Papagiannopoulos, œnologue-manitou du vignoble, travaille ses jus dans l’idée d’obtenir l’expression la plus vraie de chacun des cépages autochtones du domaine (dont le Noir de Kalavryta et le Roditis), en intervenant le moins possible.

NAOUSSA, MACÉDOINE

Si un petit vol interne Athènes-Thessalonique vous dit, rendez-vous au pays des pêches juteuses et des prunes sucrées. Ce coin de pays luxuriant abrite aussi des variétés de raisins indigènes et, surtout, des vignerons qui savent en faire ressortir le meilleur. C’est le cas d’Apostolos Thymiopoulos qui travaille le Xinomavro avec brio, c’est-à-dire encore une fois en intervenant peu, en laissant les foins au sol pour conserver l’humidité en ces chaudes terres. L’esprit est le même au moment de la vinification : on n’ajoute rien qui puisse porter atteinte à l’intégrité des vins. Résultat : des jus croquants, sur le fruit, purs et sans complexe.

SANTORIN, CYCLADES

Pour plonger au cœur de la carte postale et surtout en absorber le plus de bleu possible, il faut bien sûr voir les flancs de l’île peuplés de bâtiments immaculés depuis Imerovigli, mais il faut aussi, encore une fois, porter le regard vers ses pieds. Surtout à Santorin, où l’odeur de la pierre volcanique chauffée au soleil est si présente. L’agriculture se fait au ras du sol, à cause des vents et de l’aridité de la terre. Tomates, câpres ou raisins, les arômes sont concentrés, les peaux des fruits sont couvertes d’une fine couche de sel et les saveurs sont pleines et intenses. Le Domaine Argyros, qui cultive principalement l’Assyrtiko depuis plus de 100 ans, fait des vins qui goûtent ce coin de paradis, sa pierre noire, sa mer omniprésente, sa rudesse et sa beauté. Et si on a envie de plonger dans l’histoire, une visite au site archéologique d’Akrotiri s’avère passionnante. Cette cité ensevelie par une éruption volcanique il y a quelque 3500 ans porte des traces qui remontent à plus de 5000 ans avant notre ère.

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