L'IRIS propose de réduire de 12 % les salaires des médecins

Dans une étude, l'institut de recherche de gauche constate une hausse qu'elle qualifie de « difficilement justifiable »

QUÉBEC — L’augmentation vertigineuse du salaire des médecins est devenue « difficilement justifiable », conclut une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), qui recommande rien de moins que de réduire leur rémunération de 12 %.

Dans un rapport qu’il publie ce matin, le groupe de recherche de gauche conclut que le revenu des médecins québécois est déjà supérieur à celui de leurs confrères ontariens, lorsqu’on tient compte du coût de la vie dans chaque province et des heures travaillées.

La CSN a par ailleurs contribué au financement de l’étude de l’IRIS.

Le rattrapage salarial des médecins par rapport à la moyenne canadienne a été promis par le gouvernement Landry, puis réalisé par le gouvernement Charest en 2007. L’IRIS constate que les médecins omnipraticiens ont vu leurs revenus augmenter de 5,4 % par année et les spécialistes, de 6,4 % entre 2007 et 2014. 

Pendant la même période, le salaire moyen des Québécois a augmenté de 2,5 % par année. Le chercheur Guillaume Hébert estime que les hausses consenties par Québec sont « difficilement justifiables ».

111 196 $

Hausse de la rémunération du médecin moyen entre 2007 et 2014.

6661 $

Hausse de la rémunération du travailleur moyen entre 2007 et 2014.

174

Nombre de médecins qui ont facturé plus de 1 million en honoraires à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) en 2015.

ONTARIO

À l’origine, les médecins québécois souhaitaient obtenir une rémunération comparable à celle des médecins des autres provinces canadiennes. Or, en tenant compte du coût de la vie et de la longueur des semaines de travail, l’IRIS s’aperçoit que c’est déjà le cas. En fait, les omnipraticiens et spécialistes québécois gagnent déjà davantage que leurs confrères ontariens, constate l’organisme, qui reprend un calcul de l’économiste Pierre Fortin.

12 %

L’IRIS recommande de réduire de 12 % l’enveloppe de rémunération des médecins. Cette mesure permettrait de ramener les revenus des omnipraticiens et spécialistes québécois au même niveau qu’en Ontario, en tenant compte du coût de la vie. Cette coupe permettrait à Québec d’économiser près de 1 milliard en 2017-2018.

ACTES

L’IRIS constate que le nombre d’actes médicaux n’a pas crû au même rythme que le nombre de médecins, et encore moins que leur salaire. « Il est paradoxal d’observer de tels résultats lorsque l’on sait que l’obtention des augmentations de rémunération très généreuses avait notamment pour objectif d’accroître l’accès aux soins », constate l’IRIS.

AUTRES RECOMMANDATIONS DE L’IRIS

Réviser le mode de rémunération. À l’heure actuelle, la grande majorité des médecins est payée à l’acte.

Accroître les ressources de la RAMQ afin qu’elle puisse enquêter sur les pratiques de facturation des médecins.

Sanctionner avec des « amendes sévères » les médecins qui imposent des frais accessoires aux patients.

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