Montérégie

Démystifier la chèvre

MERCIER — Caroline Tardif s’amuse (encore) des questions que lui posent les Montréalais lorsqu’ils débarquent pour visiter sa ferme. « Les gens pensent souvent qu’on travaille 300 heures par semaine, qu’on n’a jamais une seule seconde de répit, ils ne comprennent pas comment on peut élever deux enfants en plus. Notre métier est bien mal connu. »

Il faut dire que la jeune mère de famille a de la graine d’entrepreneur – une formation en administration à l’UQAM – et qu’elle a bien retenu ce conseil que lui a donné un jour son père : « Si ta business est trop petite, tu y seras emprisonnée. » Très vite après avoir racheté la Fromagerie Ruban bleu, elle s’est donc débrouillée pour embaucher deux employés pour l’épauler et lui donner un peu de répit. Et pour ce faire, il fallait diversifier les activités.

On va donc au Ruban bleu, d’une part, pour découvrir la vaste gamme de produits maison (essentiellement faits de lait de chèvre pasteurisé) : on raffole du Tuyau de poêle, un cendré, ou de La Beurrasse, une pâte très fraîche à tartiner, délicieuse avec du confit d’oignons dans les sandwichs.

Mais on y va aussi pour admirer le verger que son conjoint, Jean-François Hébert, diplômé en gestion de plantation d’arbres fruitiers, a entrepris de planter il y a cinq ans, en suivant les meilleures règles de l’art botanique (dont la croissance en arcure Lepage) et de la culture biologique : un verger éclectique (pêches, poires, cerises, alouette). On a beaucoup à y apprendre.

Des visites d’une durée de 30 minutes sont organisées deux dimanches par mois, ou alors sur demande pour les groupes de 12 personnes et plus, visites qui sont alors plus longues (deux heures, avec une présentation PowerPoint) et qui survolent les aléas de l’élevage caprin et les rudiments de la fabrication du fromage. « On souffre encore de la méconnaissance des fromages de chèvre, il y a encore beaucoup de préjugés », regrette Caroline Tardif. Quelques minutes plus tôt, un client venait de demander s’il était possible d’acheter « des fromages qui ne goûtent pas trop ». « On serait plus populaires si on faisait du fromage en grains ! », constate Caroline Tardif. Mais c’est hors de question. On préfère l’éducation, qui passe par de généreuses dégustations tous les week-ends. S’instruire goûte parfois terriblement bon.

Visites exploratoires proposées deux dimanches par mois : gratuites ; 8 $ pour celles, plus élaborées, offertes sur demande aux groupes de 12 personnes et plus

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