JULIE SNYDER

« La journée de samedi a été un supplice »

Julie Snyder a réalisé un bon coup pour la 12saison du Banquier, qui sera diffusée l’an prochain, en recevant Caitlyn Jenner samedi dernier sur son plateau dans le cadre d’une émission spéciale sur les Jeux olympiques de 1976. L’animatrice n’a pourtant pu savourer pleinement ce moment alors qu’elle apprenait le jour même l’identité de « John Doe », la personne ou l’entreprise qui l’a fait prendre en filature. Julie Snyder a malgré tout accepté de recevoir La Presse lundi pour l’enregistrement de la dernière émission du Banquier, consacrée aux joueurs de l’Impact. Bilan d’une fin de saison mouvementée.

À une heure du début de l’enregistrement du Banquier, vous semblez nerveuse.

Aujourd’hui, je n’ai pas toute ma tête. Normalement, pour un show comme celui-ci, je prends trois jours pour apprendre tous les noms. Avec tout ce qu’on a eu à vivre ce week-end, ce n’est juste pas rentré.

Vous avez interviewé Caitlyn Jenner le jour du dévoilement de l’identité de « John Doe ». Comment avez-vous réussi à gérer tout cela ?

La journée de samedi a été un supplice. J’ai appris la nouvelle après l’émission. […] Pour la première fois de ma carrière, je n’ai pas été capable de présenter mon invitée de marque. C’était juste six phrases ! Demandez à mon assistante, je suis capable d’apprendre un texte de deux pages et de le redire. J’ai dû me reprendre huit fois. Je n’étais pas capable intellectuellement : mon encéphalogramme était plat ! […] C’est probablement les deux tournages de ma carrière où j’étais le moins préparée. Arriver sur un plateau et ne pas me sentir prête comme ça est très douloureux pour moi. […] Mais dans un sens, ça m’a peut-être aidée pour mon entrevue avec Caitlyn Jenner.

Vous l’avez interviewée pendant près de 45 minutes. Comment cela s’est-il déroulé ?

Je suis arrivée devant elle en me disant que je n’avais rien à perdre. Ça faisait 10 minutes que je lui parlais et je me demandais pourquoi je ne me sentais pas nerveuse ! C’est la première fois de ma vie que ça m’arrive. Je crois que je suis plus nerveuse de parler avec vous aujourd’hui ! Elle a déjà été interviewée par Diane Sawyer, Ellen DeGeneres et c’était sa première entrevue au Québec. Ma vie était tellement bouleversée que je n’avais plus de frontières, plus de tabous ! Dans le fond, ça m’a peut être aidée à faire une bonne entrevue. Stéphane Laporte m’envoie un texto de félicitations par année, et c’était ce soir-là ! Ç’a été un miracle que ça se passe bien. On aurait dit que je n’avais plus peur de rien.

Donc malgré votre nervosité, le tournage a été plutôt fructueux ?

Caitlyn a été très généreuse. Elle est restée jusqu’à la fin, répondait au téléphone pour prendre les offres du banquier ! Elle n’était pas obligée. Dès qu’elle est arrivée sur le plateau, elle contrôlait le show ! Je lui ai demandé si elle allait faire une transformation génitale et elle m’a répondu qu’elle trouvait ça épouvantable comme question. Elle m’a dit que c’était comme si elle me demandait si j’avais encore mes règles ! Je lui ai dit que ça ne me gênait pas qu’elle me le demande ! Elle était crampée, m’a fait un high five et m’a demandé si je voulais sortir avec elle ce soir. Je lui ai dit : « Let’s go, je suis célibataire ! » Je n’avais plus rien à perdre dans ma tête. Stéphane Laporte riait dans l’oreillette, il capotait !

Y aura-t-il une 13e saison du Banquier ? En avez-vous envie ?

Oui, j’ai envie de continuer. Il y a encore beaucoup de thématiques qu’on aimerait faire. Mais je ne sais pas ce qui va arriver. Ça ne m’appartient pas.

À la fin de l’enregistrement ce soir [lundi], vous avez refusé de tourner la capsule de promotion de l’émission. Pourquoi ?

C’est compliqué à expliquer. Comme n’importe quel artiste, je veux que les choses soient claires. Je veux être traitée au même titre que Charles Lafortune ou Gino Chouinard. Je demande le même respect que n’importe quel animateur.

Comptez-vous faire votre retour en tant que productrice télé prochainement ?

Je dois attendre deux ans pour revenir à la production télé. Je ne sais pas dans quel état je vais retrouver la maison de production que j’ai mis des années à bâtir. Ce n’est pas facile. C’est un autre dossier, ça ! J’essaie de ne pas y penser et de prendre ça un jour à la fois.

Qui est « John Doe » ?

Je ne commenterai pas. Comme je l’ai dit à Caitlyn Jenner : les questions ne sont jamais indiscrètes, les réponses le sont parfois. Je suis en réflexion, je n’ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit ni même d’assimiler la nouvelle. Tu sors d’un plateau, le lendemain, tu es avec les enfants puis tu retournes travailler. Je n’ai pas encore eu de temps pour penser.

Qu’est-ce qu’on vous souhaite pour le reste de l’été ?

De la sérénité et de la liberté. Un minimum de tranquillité et de paix d’esprit. Je suis « off » de la télé. J’espère que le reste aussi va être « off ».

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