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Des robots pour contrer le décrochage scolaire

Écran géant, musique, meneuses de claque, annonceur maison, arbitres qui distribuent des cartons jaunes sous les cris de la foule. Un tournoi sportif ? Non. Une compétition de robotique qui bat son plein tout le week-end au Complexe sportif Claude-Robillard et qui rassemble 1500 ados des quatre coins du Québec et même de la France et des États-Unis. La Presse a assisté aux qualifications, vendredi, dans une ambiance effervescente. Compte rendu.

« Nous avons deux objectifs. Contrer le décrochage scolaire, et promouvoir les sciences et la technologie en outillant les jeunes pour qu’ils développent des aspirations et des compétences dans ces domaines », explique Gabriel Bran Lopez, cofondateur de Robotique FIRST Québec, l’organisation derrière le Festival de la robotique. FIRST, pour « Favoriser l’inspiration et la reconnaissance des sciences et de la technologie », est un regroupement de grandes entreprises, d’universités, de commissions scolaires ainsi que du gouvernement du Québec et des villes de Montréal et Québec.

En septembre dernier, les élèves d’écoles secondaires des quatre coins du Québec, en plus d’une poignée venant de la France et des États-Unis, ont commencé à être initiés à la mécanique, à l’électronique et à l’informatique. En janvier, la compétition a été lancée. Le thème du concours de cette sixième présentation de l’événement a été dévoilé et les élèves avaient 45 jours pour construire un robot capable d’y participer.

Le thème de cette année : la vapeur. Au centre d’un gymnase se trouvent deux tours faisant office de ballons dirigeables. Les robots doivent les alimenter en combustible en lançant des balles dans des seaux, mais, surtout, en leur fournissant des engrenages qui leur permettront d’actionner des hélices. Sur place, les robots filent dans toutes les directions dans un ballet d’abord difficile à décoder, mais qui finit par happer les spectateurs.

Les Phéminix, de l’école Marguerite-De Lajemmerais, à Montréal, forment la seule équipe entièrement constituée de filles de toute la compétition. Elles sont une vingtaine, toutes vêtues de rose, et ne passent pas inaperçues. « On brise tous les stéréotypes sur les filles et la techno, dit fièrement à La Presse Nouha Doghri, une élève de quatrième secondaire. Et ça crée beaucoup de solidarité, il y a une bonne ambiance entre nous. »

Anthony Daunais, à gauche, et Philippe-Antoine Gadoury, à droite, font partie de l’équipe Les Patenteux, de l’école secondaire de la Pointe-aux-Trembles. Ils font les derniers ajustements sur leur robot avant de le lancer dans la mêlée.

Pendant les 15 premières secondes de la compétition, les robots évoluent selon une trajectoire préprogrammée par les élèves. Puis ceux-ci en prennent le contrôle avec des manettes afin de les diriger. Les fondateurs de la compétition québécoise sont Fusion Jeunesse, organisme qui lutte contre le décrochage scolaire, Bombardier, BMO et l’Université de Sherbrooke.

La compétition se déroule grâce à des centaines de bénévoles, dont des employés de grandes entreprises comme CAE et Pratt & Whitney Canada. À elle seule, Bombardier a délégué 100 employés sur place pour le week-end, selon l’organisateur Gabriel Bran Lopez. « On veut exposer les jeunes à des mentors en science et en technologie, dit-il. Les jeunes ont beaucoup de modèles parmi les artistes et les sportifs, mais peu parmi les scientifiques. »

Annonceur maison qui décrit l’action en direct, arbitres qui distribuent des cartons jaunes si les règles ne sont pas respectées, écran géant, partisans qui soutiennent leur équipe à grands cris : la compétition a des allures de tournoi sportif et est prise très au sérieux. Six robots, regroupés en deux équipes, s’affrontent en tout temps sur l’aire de jeu.

Les engrenages sont au cœur de la stratégie des équipes. Les robots doivent les cueillir sur les côtés de l’aire de jeu, puis les amener vers les dirigeables, ou des équipiers les hissent à bord. Ces engrenages permettent d’actionner des hélices qui, lorsqu’elles tournent, donnent de précieux points aux équipes.

Brendon Desrosiers, 17 ans, un élève de la polyvalente de Matane. Il a fait le voyage à Montréal avec son équipe, les Supertronix, qui espèrent se distinguer des 47 autres groupes qui prennent part à la compétition.

« On veut rendre les sciences et les technologies réelles, concrètes et humaines, dit Gabriel Bran Lopez, qui est aussi président fondateur de Fusion Jeunesse. On établit des contacts intergénérationnels. Il y a un volet pour les jeunes du primaire, il y a les élèves du secondaire, et on a des mentors parmi des gens du cégep, de l’université et de l’industrie. »

Les gagnants de la compétition de ce week-end iront se mesurer à des élèves d’une quarantaine de pays à St. Louis, aux États-Unis, à la fin avril. Pas moins de 30 000 jeunes et 65 000 spectateurs y sont attendus.

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