Ski de fond  Coupe du monde de Lillehammer

Du « punch » en banque

Alex Harvey termine troisième du sprint individuel style libre de la Coupe du monde de Lillehammer

En se laissant pousser la moustache en novembre, Alex Harvey apportait sa contribution à Movember, la campagne de sensibilisation aux problèmes de santé typiquement masculins. Cette grève du rasoir était aussi sa façon de mettre un peu de soleil dans la grisaille en cette période de l’année.

« C’est juste pour avoir l’air drôle, mais les gens à qui je parle me disent qu’ils ont hâte que décembre arrive… Il fait tellement noir en début de saison en Scandinavie. Ça détend l’atmosphère un peu. »

Monter sur le podium est également un remède efficace pour mettre tout le monde de bonne humeur.

Le moustachu de Saint-Ferréol s’y est appliqué avec un bel entrain, hier, terminant troisième du sprint individuel style libre de la Coupe du monde de Lillehammer, en Norvège.

Ce 27e podium individuel de sa carrière, le 30e au total, lui permet d’amorcer avec force le « Lillehammer Triple », un mini-tour sur trois jours qui continuera aujourd’hui avec un 15 km libre (départ individuel) et se conclura demain avec une poursuite de 15 km classique.

Historiquement discret en début de saison, Harvey décroche ainsi son deuxième podium à vie avant Noël. Le premier remontait à sa deuxième place au 10 km de Ruka, en Finlande, il y a trois ans.

Le fait d’avoir réalisé le tout dans un sprint individuel le réjouit encore plus. À 30 ans, le quintuple médaillé mondial croyait avoir perdu un peu de son mordant dans l’effort court. Classé 25e l’hiver dernier, il n’avait pas atteint les demi-finales (top 12) une seule fois. Son dernier podium dans la discipline datait de mars 2017 et sa victoire émotive aux finales de Québec sur les plaines d’Abraham.

« Revenir dans le coup en sprint » est l’un des principaux objectifs qu’il avait annoncés au nouveau conseiller haute performance de Ski de fond Canada, Pierre-Nicolas Lemyre, lors de leur première rencontre à Canmore, l’été dernier. L’idée était surtout de mieux se positionner dans les tours comme celui de Lillehammer.

Il a ajusté son entraînement en conséquence. « Par exemple, au lieu d’exécuter six intervalles de cinq minutes de façon égale, je faisais les deux derniers beaucoup plus vite », a détaillé Harvey, déjà huitième à Ruka la semaine dernière. « Et même pendant un intervalle de cinq minutes, la dernière minute était vraiment beaucoup plus rapide. Le but était d’essayer de retrouver le punch. »

Petite frayeur en demi-finale

Du punch, il en avait en réserve, hier, sur l’un des parcours de sprint les plus exigeants du circuit. Qualifié 17e, il a survolé sa vague de quart de finale pour l’emporter. En demi-finale, il s’est fait une petite frayeur quand le Français Lucas Chanavat a « complètement explosé » en début d’épreuve, au moment où le Canadien occupait la sixième et dernière place. Remonté au quatrième rang avant la descente très rapide vers le finish, il a maintenu sa position au prix d’un ultime effort sur le fil. Son chrono lui a valu un repêchage pour la finale.

Débarrassé comme les autres du médaillé d’or olympique norvégien Johannes Hoesflot Klaebo (bâton brisé en demi-finale) et du Russe Alexander Bolshunov (éliminé en quart de finale), Harvey a bien manœuvré en finale, s’installant derrière le Norvégien Emil Iversen, en tête. Dans la dernière montée, le champion mondial italien Federico Pellegrino s’est détaché sans que personne ne puisse répondre.

Quatrième dans le dernier virage, le Québécois s’est appliqué à conserver un maximum d’aérodynamisme pour déborder le Norvégien Sindre Bjoernestad Skar avant de franchir la ligne après Pellegrino et Iversen.

« La seule petite chose que j’aurais pu faire différemment, c’est de rester dans les skis de Pellegrino et de suivre sa trajectoire quand il est passé troisième dans la petite descente. » — Alex Harvey

En vertu de son temps de qualification et des 24 secondes de bonification attribuées au troisième, il occupe la cinquième place du classement cumulatif au moment d’amorcer le 15 km style libre. Présentée sur l’un des tracés les plus exigeants du circuit, qui fut le théâtre, dans une version différente, des Jeux olympiques de 1994, l’épreuve risque de bouleverser la hiérarchie. La principale montée dure près de quatre minutes.

« Si je suis dans une bonne journée, ça peut être bon [pour moi], a anticipé Alex Harvey. Je suis content d’avoir un coussin sur [Martin Johnsrud] Sundby et [Simen Hegstad] Krueger, qui seront les plus à surveiller selon moi. »

Quatrième l’an dernier à Ruka, qui reçoit le mini-tour inaugural en alternance avec Lillehammer, Harvey vise à monter sur le podium final pour la première fois de sa carrière. « Je sais que je ne suis pas encore à 100 %, mais c’est probablement la meilleure année pour y arriver », a dit celui qui s’élancera 58e aujourd’hui. En ce 1er décembre, la moustache résistera au couperet : « Je vais attendre à lundi avant de la couper ! »

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