Montréal

Une entente permet la relance des projets de logements sociaux

Québec transfère à Montréal une importante partie des pouvoirs en habitation, ce qui permettra de relancer la construction de logements sociaux sur l’île. Pour financer ces nouvelles responsabilités, le gouvernement versera à la métropole 116 millions cette année, en plus d’assurer un financement croissant sur cinq ans.

Les ministres Lise Thériault et Martin Coiteux étaient à l’hôtel de ville de Montréal hier pour signer l’entente officialisant le transfert des pouvoirs en habitation, annoncé dans le cadre de la refonte de la relation entre Québec et les municipalités. La métropole recevra 94 millions cette année pour assurer la gestion des programmes qui lui sont ainsi confiés, soit AccèsLogis (construction de logements sociaux) et Rénovation Québec (pour des travaux de rénovation).

L’entente prévoit également que le gouvernement augmentera graduellement le financement destiné à Montréal afin de gérer le dossier de l’habitation. Ainsi, alors que 36 % des fonds en habitation iront à la métropole cette année, cette proportion augmentera d’un point par an pour atteindre 40 % d’ici cinq ans.

En plus de ces fonds, Québec donnera à Montréal une autre enveloppe de 22 millions pour rattraper le retard pris dans les projets de construction de logements sociaux, ceux-ci étant bloqués depuis quelques années.

Le gouvernement n’avait pas revu depuis 2009 le plafond de financement des projets de logements sociaux – environ 160 000 $ par unité –, si bien que peu arrivaient à démarrer alors qu’il en coûte environ 200 000 $ actuellement. Montréal pourra maintenant hausser le plafond. « On essayait de construire avec des budgets de 2009, mais avec les prix d’aujourd’hui. Il y avait un manque à gagner de 40 000 $ par logement. Là, ça va nous permettre de débloquer les projets », s’est réjoui Éric Cimon, de l’Association des groupes de ressources techniques. Ce dernier évalue qu’environ 5000 unités étaient en attente.

Choix des priorités

Le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, a estimé que ce transfert allait permettre à Montréal de décider de ses priorités plutôt que de voir Québec approuver les projets à la pièce. Il a notamment indiqué que la métropole pourrait ainsi s’attaquer plus efficacement à l’exode des jeunes familles.

La mairesse Valérie Plante s’est réjouie du transfert des pouvoirs en habitation. « Notre carré de sable a doublé de volume. Aujourd’hui, on a des ressources financières et on a de la latitude. C’est le mariage parfait », a-t-elle dit.

L’élue a estimé que ce transfert de pouvoirs lui permettrait de respecter sa promesse de créer 12 000 logements sociaux et communautaires au cours de son mandat.

Ce transfert de pouvoirs a lieu dans le cadre de la refonte des pouvoirs des villes au Québec entreprise par le gouvernement. La métropole a obtenu certaines responsabilités supplémentaires, dont en habitation, dans le cadre du « réflexe Montréal » négocié par l’ancien maire Denis Coderre.

La ministre responsable de l’Habitation, Lise Thériault, a invité les autres municipalités souhaitant gérer ce dossier à se manifester. Déjà, la Ville de Laval se serait dite intéressée.

Boissons sucrées alcoolisées

Le NPD presse Ottawa de resserrer les normes

Ottawa — Craignant que les boissons ayant une teneur élevée en alcool, en caféine et en sucre ne fassent d’autres victimes, le NPD demandera au comité de la santé de la Chambre des communes de se pencher de toute urgence sur cet enjeu afin de resserrer les règles entourant la production, la mise en marché et la vente de ces produits.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice déposera une motion en ce sens dès la prochaine réunion de ce comité, lundi, répondant ainsi à l’appel du gouvernement Couillard qui implore le gouvernement fédéral et Santé Canada de resserrer les normes qui s’appliquent à ces boissons prémélangées dans la foulée de la mort tragique d’une adolescente de 14 ans, Athena Gervais, retrouvée sans vie le 1er mars dernier dans un ruisseau près de son école secondaire à Laval après avoir consommé deux canettes de FCKD UP.

Le père de la jeune fille, Alain Gervais, sera d’ailleurs au parlement lundi aux côtés de M. Boulerice afin d’exhorter les députés libéraux à appuyer la motion du NPD, laquelle permettrait d’entreprendre une étude sur les mesures que doit adopter le gouvernement fédéral, de concert avec les provinces et les territoires, pour « mieux réglementer » ces boissons qui demeurent populaires chez les jeunes.

Depuis la mort de sa fille, M. Gervais s’est promis de mener une bataille pour faire resserrer les lois qui encadrent la mise en marché des boissons fortement alcoolisées et sucrées. En principe, le comité de la santé devrait soumettre ses conclusions et ses recommandations à la Chambre des communes au plus tard en juin si la motion du NPD est adoptée.

« Ces boissons sont des bombes. Elles sont extrêmement dangereuses. Et Santé Canada a le pouvoir d’en interdire la vente », a lancé d’emblée le député Alexandre Boulerice, lieutenant politique du chef du NPD Jagmeet Singh au Québec, dans une entrevue accordée à La Presse.

Après cette tragédie, le gouvernement du Québec a annoncé que ces produits ne pourraient plus être vendus dans les dépanneurs et les épiceries de la province. Seule la Société des alcools du Québec (SAQ) sera autorisée à les vendre. Tout indique que cette interdiction entrera en vigueur d’ici la fin de la session parlementaire, en juin.

L’entreprise qui fabriquait les boissons FCKD UP, le Groupe Geloso, a pour sa part annoncé qu’il en cessait la production.

« La mort de la jeune Athena Gervais a réveillé beaucoup de monde. On salue l’initiative du gouvernement du Québec de retirer ces produits des dépanneurs et des épiceries. C’est un premier pas qui est extrêmement intéressant pour protéger nos jeunes. Mais nous avons aussi écouté l’appel du gouvernement du Québec qui dit avoir été au bout de ses pouvoirs et de ses compétences et qui demande au fédéral d’entreprendre certaines démarches et d’adopter certaines mesures », a précisé M. Boulerice.

Au bureau de la ministre Ginette Petitpas Taylor, on a fait savoir cette semaine que des démarches étaient en cours afin d’évaluer les mesures qui pourraient être adoptées afin de mieux contrôler la vente de ces produits.

Projet Mastiff

42 mois de prison pour une relation des Hells Angels

Carlos Fernandez, ancien membre de la première mouture de la section des Nomads de l’Ontario des Hells Angels arrêté dans une importante rafle policière baptisée Mastiff en novembre 2015, a été condamné à 42 mois pour gangstérisme et complot pour trafic de stupéfiants, hier après-midi au palais de justice de Montréal.

Toutefois, en soustrayant la période passée en détention préventive – Fernandez est détenu depuis son arrestation – et qui est calculée à temps et demi, il ne restait hier au motard que deux jours à purger. En fait, la Couronne et la défense, qui en sont venues à une suggestion commune, et Fernandez pensaient bien que le motard serait condamné à un jour et qu’il serait libéré hier, mais le juge Yves Paradis de la Cour du Québec en a décidé autrement.

« Je dois rendre une peine. Je ne peux donner un jour pour les deux chefs. Je dois donner un jour pour chaque chef, car la peine pour une accusation de gangstérisme doit être consécutive à toute autre sentence », a expliqué le magistrat à Fernandez.

Ce dernier a paru un peu déconcerté, tout comme des membres de sa famille qui étaient venus le voir et qui pensaient bien pouvoir repartir avec lui. Cela signifie que dans le meilleur des cas, Fernandez serait libéré ce soir. Mais il se peut également que cela ne se fasse que demain ou lundi.

L’enquête Mastiff a été menée en 2014-2015 par les enquêteurs de l’Escouade régionale mixte (ERM) de Montréal et des Produits de la criminalité, et visait des cellules de trafic de stupéfiants qui opéraient dans l’est de Montréal. La police a pu compter sur l’aide de l’un des bras droits du chef présumé du réseau, Patrick Corbeil, qui préparait les différentes enveloppes de dépôts, de taxes et de paie, et les distribuait. Après la frappe, Corbeil lui-même a retourné sa veste et collaboré avec la police.

Selon la preuve, le réseau de trafic de stupéfiants grossissait constamment et à un certain moment, Fernandez est devenu l’un des associés. Il a reçu de l’organisation une somme d’un peu plus de 96 000 $ en sept mois.

Fernandez, 45 ans, a fait partie du groupe des Nomads de l’Ontario que les Hells Angels ont « fermé » en 2016, à la suite de la libération de plusieurs membres qui avaient été condamnés après l’opération SharQc et qui avaient purgé leur peine. Selon nos sources, au moment de son arrestation en 2015, Fernandez n’avait plus de statut au sein de l’organisation, mais cette situation pourrait être temporaire. Les Hells Angels ont récemment rouvert leur section Nomads de l’Ontario avec de nouveaux membres pour la plupart.

Une somme de 8000 $ appartenant à Fernandez a été confisquée au profit du Procureur général du Québec.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

En bref

Ugo Fredette plaide coupable à quatre chefs d’accusation 

Ugo Fredette, à l’origine de la plus longue alerte AMBER de l’histoire du Québec, en septembre dernier, a plaidé coupable à une série d’accusations portées en Ontario, hier au palais de justice de Saint-Jérôme. L’homme de 42 ans est déjà accusé du meurtre prémédité de sa conjointe, Véronique Barbe, 41 ans, et du meurtre non prémédité d’Yvon Lacasse, 71 ans, un citoyen qui aurait croisé sa route lors de sa cavale de plus de 24 heures ayant pris fin près de Renfrew. Hier, Fredette a plaidé coupable à des accusations de conduite dangereuse, avoir provoqué une poursuite policière, possession d’un véhicule volé et avoir résisté à son arrestation. Un cinquième chef d’accusation de voie de fait a été retiré. L’homme, qui est déjà en détention préventive, a aussitôt écopé de trois mois de prison. — Fanny Lévesque, La Presse

Afrique

Le Canada va déployer des Casques bleus au Mali

Le Canada a notifié officiellement hier les Nations unies de son intérêt à participer à la mission de maintien de la paix au Mali, et enverra des troupes et des hélicoptères dans ce pays d’ici l’automne. Les détails sur les effectifs envoyés par le Canada, dont ce sera la première mission militaire en Afrique depuis le Rwanda (1994), seront donnés par le ministre de la Défense lundi. Le premier ministre Justin Trudeau s’est entretenu hier du sujet avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre hollandais, Mark Rutte, dont les armées participent à la force de l’ONU de maintien de la paix au Mali, la Minusma. L’armée canadienne enverra des soldats, des policiers et des hélicoptères sous commandement de la Minusma. Elle agira dans un rôle de soutien logistique et d’assistance, de manière temporaire, avec l’intention d’être relevée après 12 mois.

— Agence France-Presse

AFFAIRES MUNICIPALES

Terrebonne obligée de payer son ex-directeur général

La Ville de Terrebonne ne peut mettre fin à l’indemnité de départ de 350 000 $ payée sur deux ans à son ancien directeur général Luc Papillon, accusé hier d’abus de confiance et de corruption dans les affaires municipales. Dans un communiqué publié hier matin, l’administration du maire Marc-André Plante rend public l’avis juridique demandé la veille pour faire la lumière sur les possibilités de mettre fin ou de suspendre l’entente avec M. Papillon. Il s’agit d’une « transaction finale, définitive et irrévocable, sans réserve aucune », souligne-t-on. L’entente entre Terrebonne et Luc Papillon, qui a été entérinée par le conseil municipal en juin dernier, est blindée. Seule une clause prévoit que si M. Papillon est condamné, il devra rembourser la Ville dans les 60 jours suivant un jugement définitif.

— Kathleen Lévesque, La Presse

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