Alexis Boulanger, PDG de Moulures Boulanger

En route vers une automatisation 3.0

WARWICK — Moulures Boulanger est bien connue des bricoleurs qui fréquentent les centres de rénovation, les quincailleries et même les magasins à grande surface puisque ses moulures et boiseries décoratives occupent une large place de leur rayon de produits de finition. Entreprise intégrée verticalement, Boulanger célébrera l’an prochain son 75e anniversaire en poussant plus loin encore l’automatisation de ses procédés de production.

C’est dans la petite ville de Warwick, située au cœur de la région des Bois-Francs, que Boulanger a entamé ses activités, en 1942, et c’est toujours là que l’entreprise exploite sa principale usine. Elle y fabrique des moulures en bois et en MDF (en fibres de bois de densité moyenne) ainsi que beaucoup de composants pour les fabricants de meubles, de portes et fenêtres et d’armoires de cuisine.

Au fil des ans, Boulanger a pris de l’ampleur en réalisant différentes acquisitions, dont une scierie à Woburn, dans la région de Lac-Mégantic.

« On est devenus en 1972 une entreprise intégrée verticalement. On coupe le bois que l’on utilise à Woburn, on le sèche dans notre usine de Daveluyville et on le transforme dans nos installations de Warwick.

« On distribue nous-mêmes nos produits finis dans les marchés des Maritimes, du Québec et de l’Ontario avec notre propre flotte de camions », décline Alexis Boulanger, qui a pris la relève de son père Guy, en 2012, comme PDG de Moulures Boulanger. Guy Boulanger avait lui-même succédé, en 1976, à son père Rolland, le fondateur de l’entreprise.

Au total, Boulanger dispose de huit unités, situées notamment à Warwick, Daveluyville, Saint-Germain-de Grantham, Saint-Ferréol, ainsi que d’un centre de distribution pour le marché américain situé dans le Massachusetts. L’entreprise compte 400 employés.

Fabricant et distributeur

Boulanger était au départ un fabricant de portes et fenêtres qui desservait le marché local. C’est en 1950 que Rolland Boulanger décide de fabriquer aussi des moulures en bois.

En 1973, à la suite d’un incendie qui a ravagé l’usine de Warwick, le fondateur construit une nouvelle usine et décide d’abandonner la fabrication de fenêtres.

En 1992, Guy Boulanger prend lui aussi une décision stratégique en cessant la production de portes pour se consacrer exclusivement à la fabrication de moulures et de composants en bois pour l’industrie de la transformation.

« C’est aussi dans les années 90 qu’on a développé nos activités de distribution. On avait un réseau et une flotte de camions, on s’est donc mis à distribuer des produits connexes, comme des panneaux de bois pour le bricolage, importés d’Europe de l’Est, des revêtements extérieurs ou des plafonds à caissons suspendus », explique Alexis Boulanger.

Moulures Boulanger réalise la moitié de son chiffre d’affaires annuel de 70 millions par l'entremise de son réseau de détaillants. Ses produits occupent une place de choix dans les magasins Rona et BMR, notamment.

Est-ce que la vente de Rona à Lowe’s pourrait nuire aux liens de longue date que Boulanger a noués avec ce client important au Québec ?

Alexis Boulanger ne veut pas faire d’hypothèses sur l’éventualité que Lowe’s décide d’imposer un de ses fournisseurs américains pour desservir ses magasins Rona au Québec et en Ontario.

« Il faut être prêt à faire face à toutes les éventualités. Il y en a même que l’on ne peut pas prévoir, comme vient de le démontrer l’élection-surprise de Donald Trump. »

— Alexis Boulanger

L’autre moitié des revenus de Moulures Boulanger est générée par ses activités de fournisseur de composants pour l’industrie des portes et fenêtres, des armoires de cuisine et du meuble.

Automatisation 3.0

Selon Alexis Boulanger, une des raisons qui expliquent le succès de Moulures Boulanger est la décision d’investir dans l’automatisation de ses procédés de fabrication. En 1998, l’entreprise a introduit une nouvelle technologie, la vision artificielle au débitage.

« Cela a été une grosse révolution qui nous a permis de fabriquer nos pièces avec beaucoup plus de précision, plus rapidement et de façon plus efficace », observe le PDG.

L’entreprise est sur le point de réaliser de nouveaux investissements qui vont permettre d’automatiser davantage d’opérations et, ultimement, de réduire ses coûts de production.

« On a réalisé notre automatisation 1.0 à la fin des années 90 et on a sauté durant les années 2000 la vague 2.0, mais là, on va s’attaquer directement à une version 3.0 qui va nous rendre beaucoup plus productifs encore », explique Alexis Boulanger.

Cette volonté affirmée de l’entreprise ne crée pas de remous au sein des troupes de Moulures Boulanger parce qu’il y a plusieurs cohortes d’employés qui arrivent à l’âge de la retraite et qu’ils n’auront pas tous besoin d’être remplacés.

« Cette plus grande automatisation arrive à point parce que le recrutement de nouvelle main-d’œuvre n’est pas facile », souligne le PDG.

Alexis Boulanger préside les destinées de l’entreprise familiale avec ses sœurs, également coactionnaires. Luce est directrice de la fabrication et Judith dirige le développement des ventes au détail. Son père, Guy Boulanger, qui a quitté ses fonctions de PDG en 2012, est toujours président exécutif du conseil.

Même si l’entreprise n’a aucun actionnaire à l’extérieur de la famille, Guy Boulanger a mis sur pied un conseil d’administration dans les années 90 parce qu’il voulait avoir les avis de gestionnaires indépendants. Un exemple que devraient suivre toutes les entreprises à capital fermé qui aspirent à une longévité équivalente à celle de Moulures Boulanger.

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