Violence faite aux femmes

La parole aux hommes

Soucieuse d’inciter les hommes à s’engager contre la violence faite aux femmes, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) a concocté un déjeuner comme on n’en a encore jamais vu au Québec.

Ce « Déjeuner des hommes », inspiré du « Breakfast with the Guys » lancé en Alberta, donnera l’occasion à ceux-ci de discuter de violence faite aux femmes et aux enfants et d’envisager des façons de prendre la parole collectivement à ce sujet.

Manon Monastesse, directrice de la FHMF, précise que l’organisme qu’elle dirige a pris les devants en créant ce rendez-vous, mais les femmes ne participeront pas aux discussions et n’assisteront même pas aux échanges. « Ils vont se rencontrer entre hommes et ce sont les panélistes qui vont donner le ton aux conférences », explique-t-elle.

« Il est crucial que les hommes fassent partie de la solution. Lorsque, par exemple, il y a des homicides ou des filicides dans un cadre où il y a eu de la violence conjugale, c’est toujours nous, les femmes, qui sommes appelées à témoigner dans les médias, remarque Manon Monastesse. Les gars ont aussi des choses à dire, on aimerait les entendre. »

L’idée du Déjeuner des hommes, qui a lieu vendredi à Montréal, n’est pas de mettre en scène une séance d’autoflagellation collective. « On en a, des hommes, dans nos vies et on les aime. On veut qu’ils fassent partie du combat avec nous, dit-elle. Si on les interpelle, c’est qu’on a foi en eux. » La directrice de la FMHF sait qu’il y a un malaise masculin autour de la violence faite aux femmes, mais souhaite que les hommes puissent aborder le sujet sans se sentir attaqués personnellement.

Les organisatrices espèrent que l’auditoire de ce premier déjeuner, tenu en matinée, sera composé d’hommes influents issus de milieux divers : sport, culture, police, journalistes, etc. Le lieutenant-détective Dominic Monchamp (section des crimes majeurs, traite et proxénétisme) du Service de police de la Ville de Montréal et Simon Lapierre, de l’Université d’Ottawa, figurent parmi les conférenciers. La discussion sera animée par un collègue de La Presse, Luc Boulanger.

La violence faite aux femmes concerne les hommes. Parce que tous ont au moins une femme dans leur vie, disait le comédien Patrice Robitaille dans une publicité de 2009 faisant partie d’une campagne de sensibilisation. 

Une mère, d’abord, et souvent aussi une sœur, une amoureuse, des tantes, des amies, une fille ou des cousines. « Venant d’un comédien qui, à la télé, avait des rôles plus machos, plus stéréotypés, faire une annonce aussi claire, c’était percutant », dit Manon Monastesse.

Elle croit que si des hommes s’affirment publiquement contre la violence conjugale, leur parole aura un impact. Une telle prise de position contribuerait aussi à déconstruire l’idée que les femmes mettent tous les hommes dans le même panier. « Plus il y aura d’hommes d’influence qui vont en parler, plus ça va faire une différence », estime la directrice de la FMHF. L’événement est accessible sur invitation.

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