Hyperloop One

Montréal-Toronto à 1200 km/h

Le corridor reliant les deux métropoles se trouve dans la ligne de mire de l’entreprise Hyperloop One

Imaginez vous asseoir dans une capsule au centre-ville de Montréal, puis vous faire propulser dans un tube sous vide à 1200 km/h pour gagner Ottawa en 12 minutes et Toronto en 39 minutes. C’est le rêve que vend l’entreprise californienne Hyperloop One, qui affirme avoir le corridor Toronto-Ottawa-Montréal dans l’œil pour l’un des premiers déploiements de ce moyen de transport du futur.

« La route Toronto-Ottawa-Montréal est très viable. Économiquement parlant, nous voyons 15 millions de passagers et plus par année », a affirmé hier à La Presse le chef de la direction d’Hyperloop One, Rob Lloyd, en marge de la Conférence de Montréal.

M. Lloyd, un Montréalais d’origine, a grandi à Winnipeg et a fait sa marque comme président du développement et des ventes du géant de l’équipement de télécommunication Cisco. Il affirme avoir effectué des études préliminaires sur le corridor Toronto-Montréal et même en avoir discuté avec certains membres des gouvernements.

« Nous avons eu certaines discussions à un stade préliminaire avec l’Ontario, nous avons eu quelques discussions avec le gouvernement fédéral », a-t-il dit. 

« Nous nous attendons à une ouverture de la part de Québec, et je m’attends à quelques discussions pendant cette conférence. C’est pour ça que je suis ici. »

— Rob Lloyd, chef de la direction d’Hyperloop One

Selon lui, plusieurs facteurs jouent en faveur de la route Montréal-Toronto. Il mentionne notamment les « centaines de milliards de dollars des grands fonds de pension au Québec et en Ontario qui investissent dans les infrastructures » et le fait que le Canada est « le leader des partenariats public-privé ». M. Lloyd aime aussi les autoroutes 401 et 417, relativement droites, le long desquelles il rêve de déployer les piliers soutenant les tunnels dans lesquels circuleraient les capsules.

L’absence de train rapide entre les deux plus grandes métropoles du pays ?

« Ça rend les choses encore plus intéressantes », a-t-il répondu.

Le « cinquième mode de transport »

L’Hyperloop est ce concept lancé par le patron de Tesla et de SpaceX, Elon Musk, et directement inspiré des systèmes de messagerie pneumatiques qui acheminaient jadis lettres et petits colis dans les entreprises par des tubes pressurisés. Musk le décrit comme « le cinquième mode de transport », après le bateau, le train, la voiture et l’avion.

Depuis, plusieurs entreprises ont pris l’idée au bond. Hyperloop One, qui compte aujourd’hui 278 employés et qui a récolté 160 millions US (plus de 210 millions CAN) pour financer ses travaux, est l’une des plus avancées. Son principal concurrent est la société Hyperloop Transportation Technologies, aussi établie en Californie.

Hyperloop One a construit une immense piste d’essais dans le Nevada, où elle dit être sur le point d’effectuer le premier test à grande échelle ; une question « de mois », a précisé hier M. Lloyd. Prochaine étape : déployer un véritable système afin de déplacer des marchandises dès 2020 et des passagers dès 2021. Pour trouver l’endroit idéal où installer le premier prototype, Hyperloop One a lancé un concours invitant les villes, les régions et les pays à lui proposer des tracés.

En entrevue, Rob Lloyd explique que quatre critères seront considérés.

Les quatre critères de sélection :

1. La route doit être économiquement viable. « On ne construit pas des manèges de loisir », a lancé M. Lloyd.

2. Le projet doit être simple et de courte distance. Oubliez les traversées de montagnes et de grands fleuves pour une première démonstration.

3. Le financement doit être présent.

4. Les gouvernements devront collaborer. « On veut des régulateurs qui veulent accélérer le projet, pas le contraire », a-t-il dit.

Rob Lloyd est clair : pas question de construire d’un coup un système de plusieurs centaines de kilomètres entre Montréal, Ottawa Toronto. L’entreprise commencera par un lien entre un aéroport et un centre-ville, par exemple.

« On fait un segment d’abord. On travaille avec le gouvernement, on prouve que ça marche, on certifie la technologie avec Transports Canada et les autorités de transport du Québec ou de l’Ontario », a expliqué le dirigeant.

Après avoir fait des progrès technologiques au cours des dernières années, Rob Lloyd estime aujourd’hui que le principal défi d’Hyperloop One sera de faire financer les « deux ou trois » premiers prototypes de l’Hyperloop. Aux gouvernements qui sauteront dans le bateau, il fait miroiter d’importantes avancées technologiques.

« Celui qui accueillera le premier système fera naître tout un écosystème d’infrastructures et de recherche et développement », a-t-il avancé.

Devant un parterre de gens d’affaires, hier, Rob Lloyd a aussi affirmé qu’un lien rapide entre Montréal et Toronto créerait la « quatrième plus grande région métropolitaine d’Amérique du Nord », permettant aux gens de choisir un emploi dans une ville tout en vivant dans l’autre.

Hyperloop One

D’une multinationale à un garage

En 2015, le grand patron de Cisco, John Chambers, quitte son poste. À l’époque, plusieurs croient que Rob Lloyd lui succédera. Quand un autre dirigeant est finalement nommé, M. Lloyd remet sa démission. Les offres d’emploi se bousculent. Mais c’est en visitant un garage de Los Angeles dans lequel s’entassent 40 employés qui rêvent de révolutionner le transport qu’il craque. « J’ai pensé : wouah. Cette affaire est vraiment folle, raconte-t-il. J’avais vu l’impact qu’ont eu les réseaux à haute vitesse sur le développement de l’internet et j’ai pensé que ça pouvait faire le même genre de révolution pour le mouvement des biens et des transports », raconte celui qui est alors passé d’une multinationale de 40 000 employés à une boîte de 40 travailleurs.

Hyperloop One

Les « jointures qui saignent »

Des tubes à faible pression pour réduire la friction, un système de lévitation magnétique pour y faire flotter les capsules, des moteurs à induction linéaires pour les propulser : en principe, l’Hyperloop fait appel à des technologies connues. En pratique, dit Rob Lloyd, c’est plus compliqué. Tôt dans son développement, l’entreprise a tenu à quitter la planche à dessin pour fabriquer les diverses composantes du système. « On appelle ça les leçons des jointures qui saignent, dit Rob Lloyd. Quand vous faites un design et que celui qui le fabrique se coupe les mains, c’est de la rétroaction directe qui vous dit que le designer doit faire les choses différemment. »

Hyperloop One

Les avantaGes de l’hyperloop

L’Hyperloop contre le train à haute vitesse, selon Rob Lloyd :

2/3 des coûts

2 à 3 fois plus rapide

Départs à la demande plutôt que selon un horaire

Monopolise moins d’espace terrestre puisqu’il circule dans les airs

Plus silencieux

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