Disparition du vol MH370

Et si l’avion s’était posé… au Kazakhstan ?

Le 8 mars 2014, l’avion MH370 quitte Kuala Lumpur avec 239 personnes à bord. Puis, il se volatilise. Un an plus tard, l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’aviation reste entier. Pendant que les recherches se poursuivent au fond de l’océan Indien, un homme croit que l’appareil s’est plutôt posé… au Kazakhstan. Théorie du complot ou coup de génie ?

Les gens qui défendent des théories du complot cherchent habituellement à vous persuader à tout prix qu’ils détiennent la vérité. Jeff Wise est un autre type de personnage.

Le pilote et journaliste scientifique américain a été l’un de ceux qui ont le plus commenté la disparition de l’avion MH370 depuis un an. Et il vient de lancer une thèse particulièrement controversée, celle voulant que l’avion ait été dérouté par des Russes, qui l’auraient fait atterrir… au Kazakhstan.

La théorie, on s’en doute, a été accueillie avec beaucoup de scepticisme, incluant par son propre auteur.

« Il y a des matins où je me réveille et je me dis que c’est ce qui est arrivé. Et il y a d’autres matins où je juge que c’est complètement fou… et que je le suis aussi. »

— Jeff Wise, pilote et journaliste scientifique américain

La thèse de Wise est étayée dans un livre intitulé The Plane That Wasn’t There (L’avion qui n’était pas là). Elle réexamine une hypothèse qui a été écartée très tôt l’an dernier, soit celle voulant que l’avion MH370 ait poursuivi sa route vers le nord plutôt que de faire demi-tour et survoler l’océan Indien.

Une semaine après sa disparition, on a appris que l’avion avait établi sept connexions avec un satellite avant de se taire à jamais. Ces contacts prouvent que l’avion a volé au moins sept heures après son décollage, mais il est impossible de savoir où il se trouvait au moment de communiquer avec le satellite.

En analysant le retard entre la transmission et la réception des signaux, les experts ont défini deux arcs de cercle sur lesquels l’avion a pu circuler. Le premier axe, au nord, traverse la Chine et le Kazakhstan. L’autre, au sud, survole l’océan Indien.

En étudiant les variations de longueurs d’onde des signaux, les autorités ont ensuite affirmé que l’avion se dirigeait vers le sud lorsqu’ils ont été envoyés. Les recherches se sont donc concentrées sur l’océan Indien.

Aujourd’hui, quatre navires ratissent une zone deux fois grande comme la Belgique dans l’espoir de repérer des débris. Les recherches, dirigées par l’Australie, se poursuivront jusqu’en mai.

DES SIGNAUX PIRATÉS ?

Dans son livre, Wise plaide qu’il est techniquement possible que des passagers aient piraté les signaux envoyés au satellite pour faire croire que l’avion se dirigeait vers le sud, alors qu’il filait au nord.

« La chose la plus plausible est que l’avion soit allé au sud, convient Jeff Wise. On pourrait le trouver demain matin et tout ce que je dis deviendrait non pertinent », dit-il à La Presse

La plupart des passionnés d’aviation contestent la thèse de Wise. Victor Iannello, un ingénieur américain titulaire d’un doctorat du MIT, est l’un des seuls à ne pas la rejeter en bloc. Il juge qu’il est techniquement possible de manipuler les signaux envoyés au satellite comme Jeff Wise le décrit.

« Ça implique un degré de complexité très élevé. C’est un scénario improbable, mais pas impossible. »

— Victor Iannello, ingénieur américain

Jeff Wise a poussé son analyse plus loin. Si l’avion est allé au nord, il a déduit qu’il a dû terminer sa course au Kazakhstan. Et juste à côté de l’endroit où le dernier signal aurait été envoyé se trouve le Cosmodôme de Baïkonour, un centre spatial russe.

Le reste de l’analyse semble tout droit sorti d’un roman d’espionnage. Wise a acheté des images satellites qui, selon lui, montrent un terrain ayant la taille d’un Boeing 777… et cette zone a changé d’aspect au moment de la disparition de l’avion MH370.

Il a aussi découvert que deux Ukrainiens et un Russe étaient à bord de l’avion. Soupçonnant le Kremlin d’avoir orchestré le coup, il a engagé des interprètes pour tenter d’en savoir plus sur eux, mais il a fini par abandonner.

« Je suis sans le sou ! », laisse-t-il tomber, affirmant avoir mis cinq mois de travail et 4000 $ US pour fouiller sa thèse.

La théorie de Wise suscite une avalanche de questions. L’avion avait-il assez de carburant pour gagner le Kazakhstan ? Pourquoi n’a-t-il pas été détecté par les radars militaires en survolant la Chine ? Et pourquoi diable le Kremlin aurait-il orchestré un tel acte sans même le revendiquer ?

« Je suis le premier à dire qu’il y a des trous dans ma théorie, dit M. Wise. Sauf qu’il y a des trous dans l’autre scénario aussi, dont l’absence de débris. »

La plupart des experts estiment que l’hypothèse la plus probable est que le pilote ait décidé de laisser son avion s’abîmer dans l’océan pour des raisons mystérieuses. Et qui resteront peut-être inconnues à jamais.

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