OPINION

Oui, mais pas au détriment de la sécurité des élèves

Résidante du Centre-Sud depuis près de 20 ans, je suis aujourd’hui parent d’une élève de l’école Marguerite-Bourgeoys et commissaire scolaire de quartier depuis novembre 2014.

Citoyenne engagée, j’ai depuis toujours sensibilisé mes concitoyens, mon voisinage, ma fille à l’urgente nécessité d’implanter des centres d’injection supervisée (CIS) qui, on ne cessera de le répéter, sont essentiels dans la réduction des méfaits, dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et des surdoses et dans la réinsertion sociale des utilisateurs.

OUI pour les CIS, mais pas au détriment de la sécurité des élèves de l’école Marguerite-Bourgeoys à proximité (200m) et de tous les autres, de l’école Garneau et de l’école secondaire Pierre-Dupuy, qui fréquentent le corridor scolaire. Ils sont près de 300 à passer chaque jour devant le futur CIS, qui s’installera dans les locaux de Spectre de rue, au 1280 rue Ontario, le seul qui sera ouvert de jour pendant les heures de classe et du service de garde.

Nous, de la CSDM, du SPVM, de Vélo Québec, de la Ville de Montréal, avons travaillé fort pour créer et nourrir un sentiment de sécurité chez les familles du Centre-Sud.

Le corridor scolaire est un outil-clé et déterminant pour que ces familles nous confient leurs enfants, abandonnent leur voiture pour favoriser les déplacements actifs et se réapproprient la rue Ontario et, plus largement, le Centre-Sud. De fil en aiguille, des commerces de proximité se sont installés. Tout ce beau monde participe à la revitalisation du longtemps mal-aimé Centre-Sud.

En 2010, les policiers présents au comité de pilotage du CIS émettaient plusieurs réserves en identifiant un certain nombre d’enjeux entourant son acceptabilité sociale et l’importance d’ententes de collaboration en vue d’assurer le bon fonctionnement des mécanismes de communication à déployer et du suivi du projet.

Depuis 2011, aucun comité de « bon voisinage » n’a été mis en place dans le secteur de Spectre de rue et aucune analyse des besoins du secteur n’a été réalisée.

Le 22 février dernier, je déposais une résolution, dans le même sens que celle déposée par ma prédécesseure commissaire en 2011, pour signifier l’importance d’établir des balises claires pour l’établissement de CIS à proximité d’une école et de les faire connaître du public afin d’assurer la sécurité des élèves. J’ai appris par la suite que seuls deux des trois sites respectaient les 26 critères pour l’obtention de l’exemption conditionnelle. Celui de Spectre de rue n’est pas du lot. Son ouverture a été reportée à la rentrée scolaire.

Aujourd’hui, les familles, les citoyens, les commerçants et l’école déplorent le manque de balises claires et de communication en amont compte tenu de la particularité du site par sa proximité scolaire, une première au Canada, contrairement à ce qui s’est fait ailleurs. Prenons comme exemple les CIS montréalais CACTUS et Dopamine, qui disposent d’un comité de voisinage depuis trois ans, ou même la ville de Toronto, qui a pris l’initiative de communiquer avec la communauté scolaire alors que l’école la plus proche d’un des trois CIS est à 4,7 km.

Loin de polariser le débat sur la pertinence des CIS, je compte sur la pleine collaboration de tous les acteurs dans ce dossier, soit la Direction de santé publique, le SPVM, Spectre de rue et les populations locales, afin de réfléchir à des pistes de solution (déménagement, ouverture en soirée, plus de temps au comité de bon voisinage pour discuter du projet avant la mise en service) pour l’implantation concertée d’un centre d’injection supervisée engagé dans la sécurité des élèves de sa communauté, et ce, dans une optique du vivre-ensemble.

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