Hockey
Un deuxième Gallagher à Hamilton ?
La Presse
Quand Sylvain Lefebvre parle de Daniel Carr, il ne tarit pas d’éloges.
« Il est acharné. Il est comme un chien sur un os, il n’arrête jamais. Il fait le travail, peu importent les circonstances. Il joue dur. C’est notre joueur qui se rapproche le plus de Brendan Gallagher, quand tu regardes sa taille, son intensité », constate l’entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton, de passage à Montréal pour un match au Centre Bell cet après-midi.
Dans une organisation où les espoirs Nikita Scherbak et Charles Hudon sont ceux qui suscitent le plus d’enthousiasme parmi les partisans, Daniel Carr tend à passer inaperçu. Pourtant, c’est le meilleur buteur des Bulldogs, avec 21 réussites. Mieux encore, aucune recrue dans la Ligue américaine ne compte plus de buts que lui, cette saison.
En fait, Daniel Carr est le premier marqueur de 20 buts des Bulldogs en trois saisons. Andreas Engqvist était le dernier joueur à avoir atteint ce plateau. C’est toutefois une preuve que les succès dans la Ligue américaine ne garantissent rien…
Le hasard est étonnant. Lefebvre compare Carr à Gallagher. Or les deux joueurs sont des amis d’enfance !
« Il y avait une bonne rivalité entre nous, raconte Carr. On jouait dans deux petites villes. Son père était entraîneur de son équipe, mon père était notre entraîneur. »
« On a eu de bonnes batailles, mais c’était une rivalité amicale. C’est bon de le voir connaître un tel succès aujourd’hui. »
— Daniel Carr
Quand Gallagher a déménagé à Vancouver, les deux hommes se sont perdus de vue, mais ont renoué l’été dernier, avec l’arrivée de Carr dans la grande famille du Canadien.
« L’été dernier, j’ai passé cinq semaines à m’entraîner avec Brendan à Vancouver, raconte le jeune homme de 23 ans. Je vais le refaire cet été. C’est bon de le faire, tu vois à quel point il travaille fort.
« Son père, Ian, est formidable. En voyant Ian travailler, tu comprends comment Brendan est devenu ce type de joueur. Il n’y a pas de sympathie. Ian te dit : voici ce que tu dois faire. Je me fous que tu le réussisses ou non. C’est le genre de chose qui fait de toi un meilleur joueur. »
« D’après ce que j’entends, il n’a pas changé. Il trouve toujours une façon de marquer des buts, de créer de l’attaque. Il est intelligent et comprend bien le hockey », raconte Gallagher au sujet de Carr.
Si on a si peu entendu parler de Carr, c’est qu’il n’a jamais été repêché. À 18 et 19 ans, il parcourait plutôt les circuits juniors de deuxième niveau en Alberta et en Colombie-Britannique, avant de passer quatre saisons à Union College, en NCAA. Le Canadien a mis la main sur lui en lui faisant signer un contrat en tant que joueur autonome à sa sortie de l’université, en avril 2014.
Après avoir maintenu une moyenne d’un point par match à l’université, Carr a connu une adaptation difficile dans les rangs professionnels. Après trois mois, il affichait seulement six buts. Mais voilà qu’il a été l’auteur de 12 filets à ses 17 dernières sorties. « Je joue avec de bons joueurs », dit-il humblement, en référence à Charles Hudon et Sven Andrighetto.
« Il arrivait du collège, il n’était pas placé dans ses situations habituelles, rappelle Lefebvre. Par exemple, il ne jouait pas en avantage numérique. Ça le tracassait, il jouait en avantage numérique au collège. Mais tout ce qu’il a présentement, il l’a mérité. On ne le lui a pas mis sur un plateau d’argent. Il a fait sa place, sur la glace et dans le vestiaire. Il a été patient.
« Tu regardes ses efforts sur la glace et hors glace, il n’a pas peur de travailler. Le but gagnant [vendredi], c’était un but typique de Daniel Carr. Il reçoit la rondelle dans le ventre et il prend le retour pour marquer. »
S’il cherche une inspiration, une voie à suivre vers la LNH, Carr peut regarder du côté de Calgary, où Josh Jooris s’est établi cette saison après avoir passé, comme lui, quatre ans à Union College et une saison dans la LAH. Et après avoir été ignoré au repêchage. Jooris rend de fiers services aux Flames, avec 21 points cette saison.
« C’est ce que j’aimerais faire, mais ça prend aussi beaucoup de travail et tu dois saisir ta chance. Josh l’a fait à Calgary. Je devrai travailler pour y parvenir », souligne Carr.
Ce qui le sépare de la Ligue nationale ? « Son coup de patin, et il le sait. Il travaille là-dessus tous les jours », assure Lefebvre.
À suivre en septembre prochain.