OPINION

À nos femmes et hommes politiques

En 2015, la démocratie doit franchir un nouveau pas en ancrant l’égalité femme-homme en gouvernance

Le partage équitable du pouvoir entre les femmes et les hommes est la clé de voute de l’égalité. Tant que cette clé de voute n’aura pas scellé la construction élaborée depuis 60 ans, l’égalité des sexes restera fragile.

À cet effet, nous appuyons le Conseil du statut de la femme qui, dans son récent avis, propose des moyens pour atteindre la zone paritaire 40-60 aux postes élus. Au-delà de diverses recommandations généralement pertinentes, nous savons que l’atteinte de cet objectif repose d’abord sur la volonté politique au plus haut niveau, au gouvernement et dans les partis politiques. Les sociétés d’État sont, depuis 2006, soumises à une règle de parité pour leurs conseils d’administration. Pourquoi ne pas continuer dans cette direction ?

Ce que nous visons ? La mixité égalitaire, soit le partage entre femmes et hommes d’un pouvoir où s’incarne la valeur d’égalité.

Si notre objectif est d’appliquer la mixité égalitaire au-delà des parlements, nous convenons que l’univers politique est le premier lieu où la mixité égalitaire devrait avoir cours. Ne serait-il pas temps de légiférer ? Sur les traces de la Norvège, notre société pourrait intégrer la zone de parité 40-60 dans ses organismes politiques, publics, parapublics, voire privés.

En 2015, la démocratie, raffinée au fil des siècles, doit franchir un nouveau pas en ancrant l’égalité femme-homme en gouvernance. Alors que plus de 120 pays se sont donné des mesures pour cheminer vers la parité en politique, le problème repose encore, au Québec et au Canada, sur le seul désir des femmes à s’impliquer. Est-ce suffisant ? Nous croyons que non.

UNE DÉMOCRATIE À ACHEVER

De tout temps, la recherche de la justice a nourri les architectes de la démocratie. Depuis sa naissance dans les agoras athéniennes, la plus impressionnante invention de l’humanité s’est enrichie de principes et de pratiques visant l’inclusion citoyenne. Après les débats publics de quelques hommes triés sur le volet, à Athènes, c’est au Moyen Âge que des représentants de corporations s’associent à la gouvernance des villes.

Plus tard, le philosophe Montesquieu met en lumière les vertus du partage des pouvoirs. Enfin, les hommes américains et français obtiennent le droit de vote. Depuis, l’âge et le statut des personnes autorisées à voter n’ont cessé d’évoluer. Au Canada, le droit de vote, accordé d’abord aux hommes propriétaires, s’est progressivement appliqué à tous les hommes, aux femmes puis aux autochtones.

Qu’ils soient anciens ou récents, ces progrès nous rappellent que la démocratie n’est pas achevée. La principale étape à franchir est celle d’une démocratie dans laquelle hommes et femmes ont le même pouvoir. Le Québec, perçu jusqu’à récemment comme avant-gardiste en matière d’égalité, a là une belle occasion de se démarquer. Dans un premier temps, ne pourrait-il pas rejoindre le peloton des sociétés avant-gardistes en donnant suite aux recommandations du Conseil du statut de la femme ?

Élaine Hémond, Pascale Navarro, Jean-Pierre Kingsley, Me Marcel Blanchet, Louise Harel, Carole Théberge, Louise Beaudoin, Alain Saulnier, Michel Gervais, Josée Blanchette, Rose Dufour, Marquise Lepage, Cathy Wong, Michel Umbriaco, Nathalie Rinfret, Martine Delvaux, Marylise Hamelin, Marie-Ève Sévigny, Juliette Ruer, Bärbel Reinke, Dr Suzanne Lemire, Marie Leclerc, Jean-Yves Richard, Angèle Bouffard, Isabelle Vallée, Thérèse Lamy, Johanne St-Amour, Céline Drolet, Charlotte Thibault, Lucie Saint-Gelais, Micheline Leduc, Myrlande Pierre, Raymonde Lapointe, Francine Gagnon, Delphine Lafrance, Khadija Said.

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