L’année où le Canadien a découvert une étoile

Profitons de la pause dans la LNH pour nous plonger dans l’histoire du Canadien. Cette semaine, nous vous présentons les cinq meilleurs repêchages des 40 dernières années chez le CH. En cinquième position, 1981.

Ne serait-ce que pour Chris Chelios, l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire de la Ligue nationale de hockey, il faut placer ce repêchage dans le top 5.

On compte 10 tours à l’époque, pour 21 clubs. On repêche majoritairement dans les ligues juniors canadiennes, à l’occasion dans les écoles secondaires américaines, en Suède ou en Finlande. Le bloc communiste existe encore, on ne touche pas à l’Union soviétique ou à la Tchécoslovaquie, à moins de faire évader ses joueurs comme les Nordiques de Québec l’ont fait avec les Stastny.

L’ombre de l’ancien directeur général Sam Pollock plane encore. L’équipe détient trois choix de premier tour grâce à deux échanges réalisés par Pollock à la fin des années 70.

Après deux saisons prometteuses au sein du club-école du Canadien, Rod Schutt est échangé aux jeunes Penguins de Pittsburgh en 1978 pour un choix de premier tour (devenu le septième au total) trois ans plus tard. Schutt constituera une amère déception à Pittsburgh. La même année, le Canadien échange son choix de premier tour (1978) et Murray Wilson aux Kings de Los Angeles pour un choix de premier tour en 1981.

Chelios sera choisi au deuxième tour seulement et trois joueurs lui seront donc préférés par le Canadien et son directeur général Irving Grundman au premier tour.

Mark Hunter est choisi au septième rang, après une saison de 79 points, dont 39 buts, eu seulement 53 matchs à Brantford, en Ontario. C’est l’attaquant de puissance dont tous les clubs rêvent.

Il est repêché après Dale Hawerchuk par les Jets de Winnipeg au premier rang, Doug Smith, Bobby Carpenter et un certain Ron Francis par les Whalers de Hartford.

Au 18e, rang, le Canadien ne peut ignorer l’un des défenseurs les plus prometteurs de cette cuvée, un Québécois par surcroît, Gilbert Delorme, 106 points en 70 matchs avec les Saguenéens de Chicoutimi, et costaud en plus.

Il n’y a même pas de débat entre Chelios et lui. Le défenseur américain a été ignoré à sa première année d’admissibilité, en 1980. Aucun club de la NCAA n’avait même daigné lui faire une offre puisqu’il n’avait pas pu jouer pour une équipe de hockey de l’école secondaire après son déménagement de Chicago à San Diego… il n’y en avait pas !

Trop chétif à l’époque, Chelios a échoué dans sa tentative d’obtenir un poste avec des équipes de calibre junior B à Hawkesbury et à Chatham, et il s’est retrouvé dans une Ligue Tier-2 à Moose Jaw, en Saskatchewan, non sans avoir songé quelques fois à abandonner son sport.

Le Canadien, mené par ses recruteurs Eric Taylor, Claude Ruel et Ron Caron, a eu du flair en choisissant Chris Chelios en fin de deuxième tour, mais eux-mêmes n’avaient aucune idée du potentiel illimité de cet attaquant transformé en défenseur un an plus tôt.

Le Canadien a d’ailleurs repêché deux autres joueurs, des Suédois, Jan Ingman et Lars Eriksson, avant Chelios. Aucun des deux n’a disputé le moindre match dans la LNH.

Les performances de Chelios à Moose Jaw lui ont finalement valu une offre des Badgers du Wisconsin (l’actuel club de Cole Caufield, l’espoir du Tricolore), où il a explosé.

« Pas un bon échange… »

Dès sa première saison complète à Montréal, un an après le congédiement de Grundman au profit de Serge Savard, Chelios a amassé 64 points en 74 matchs. Une étoile était née.

Il allait jouer six ans à Montréal, avant d’être échangé (trop tôt) contre Denis Savard en 1990, la pire transaction en carrière de Serge Savard.

L’ancien directeur général du Canadien l’avait d’ailleurs admis dans une entrevue qu’il m’avait accordée en 2013.

« On regarde ça aujourd’hui, Chris Chelios pour Denis Savard, ça n’a pas de bon sens. Ma seule consolation, c’est qu’on a gagné la Coupe Stanley avec Denis Savard. Mais ce ne fut pas un bon échange. Je ne commencerai pas à jeter le blâme sur personne. Il y a des choses qui doivent rester secrètes, raisons médicales ou autres. On pensait que Denis Savard allait être bon pour de nombreuses années encore, mais il était en fin de carrière, finalement… »

Chelios vient au septième rang de l’histoire de la LNH pour le nombre de matchs disputés (1651), au dixième rang au chapitre des points pour les défenseurs (948), dix de moins que Larry Robinson. Il est aussi l’un des sept joueurs de l’histoire à avoir remporté le trophée Norris, remis au défenseur par excellence de la LNH, au moins trois fois.

Mark Hunter et Gilbert Delorme n’ont pas joué très longtemps à Montréal. Hunter a été échangé aux Blues de St. Louis en 1985 après quatre saisons improductives. Il n’arrivait pas à marquer à Montréal, mais il a connu des années de 44, 36 et 32 buts chez les Blues. Le frère de Dale est aujourd’hui directeur général des Knights de London, dans la Ligue junior de l’Ontario.

Gilbert Delorme a été échangé aux Blues lui aussi, en décembre 1983, avec Doug Wickenheiser et Greg Paslawski pour l’ailier de puissance Perry Turnbull. Il venait de connaître une saison de 33 points à Montréal, mais n’a jamais pu remplir les grandes promesses annoncées. Il aura joué huit saisons dans la LNH, à Montréal, St. Louis, Québec, Detroit et Pittsburgh. Delorme est aujourd’hui animateur matinal sur les ondes du 91,9 Sports.

Repêchés aux quatrième et cinquième tours, Kjell Dahlin et Steve Rooney ont joué brièvement à Montréal, remporté la Coupe Stanley en 1986 dans un rôle plus limité, mais le meilleur joueur de la cuvée du Canadien après Chris Chelios a été repêché au septième tour.

Le défenseur Tom Kurvers provenait de l’Université du Minnesota à Duluth. Lui aussi a été échangé trop tôt, après deux saisons, de 45 points en 75 matchs et de 30 points en 62 matchs.

Kurvers est passé aux Sabres de Buffalo en 1986, à 24 ans, pour un choix de deuxième tour en 1988. Le Canadien a repêché Martin St-Amour. Il a connu sa meilleure saison en carrière au New Jersey quelques années plus tard, avec 66 points en 74 matchs.

Les Maple Leafs de Toronto l’ont obtenu l’année suivante pour un choix de premier tour qui allait permettre aux Devils de repêcher un certain… Scott Niedermayer !

Au quatrième rang de notre palmarès, mercredi, la cuvée 1998

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.