Santé

La « grippe d’homme » existerait pour vrai

Les hommes sont bel et bien plus amochés par les infections que les femmes, selon une nouvelle étude de l’Université d’Ottawa. Ils sont plus malades, plus longtemps, et font davantage de fièvre.

« Notre étude montre clairement que les hommes réagissent plus fortement aux stresseurs comme les infections », explique la psychologue Nafissa Ismail, l’auteure principale de l’étude publiée dans la revue Brain, Behavior and Immunity. « Mais cette différence apparaît seulement après la puberté. »

La notion de « grippe d’homme » existe depuis la nuit des temps, mais une telle preuve scientifique – chez la souris – est-elle nouvelle ? « En 1990, des chercheurs avaient montré que les hommes réagissent plus aux infections, mais leurs résultats n’avaient jamais été reproduits, dit la chercheuse d’Ottawa. Et l’étude de 1990 n’avait pas évalué que la différence n’apparaît qu’à la puberté. »

Ces résultats chez la souris peuvent-ils être transférés à l’humain ? « Contrairement aux rats, les souris ont une puberté très similaire à la nôtre, dit Mme Ismail. Les différences entre les hommes et les femmes sont aussi similaires. Il est difficile de faire ce genre d’étude chez l’humain à cause des variations génétiques et de charge infectieuse. » L’équipe d’Ottawa a étudié la réponse à une infection bactérienne, mais les résultats sont applicables à un virus comme la grippe.

Des liens avec l’agressivité ?

À quoi sert ce genre d’études, à part donner raison aux hommes qui se plaignent d’être grippés ? « C’est important parce qu’une forte réponse aux stresseurs est importante pour la bonne santé du cerveau, dit Mme Ismail. La moins grande réponse des femmes aux infections peut expliquer en partie leur plus grande susceptibilité à des maladies mentales comme la dépression. »

Outre le fait d’avoir l’air de petites natures, y a-t-il des désavantages à la réaction immunitaire plus forte des hommes aux infections ? « Ça pourrait être lié à l’agressivité », dit Mme Ismail.

La différence est-elle moins grande après la ménopause ? « C’est moins grand, mais les hommes réagissent encore plus fort », dit la psychologue ontarienne.

Quelle est la prochaine étape des recherches de Mme Ismail ? « Nous voulons voir comment aider les souris prépubères à avoir une plus forte réponse aux stresseurs, parce que ça peut affecter leur cerveau. On a essayé de leur donner des probiotiques, des bonnes bactéries, pour améliorer leur microbiome intestinal, mais ça ne marche que chez les mâles. Chez la femelle, la réponse immunitaire est encore moins forte et les risques pour le cerveau encore plus grands. »

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