Alimentation

À quand le beurre tartinable au Québec ?

« Pourquoi les compagnies telles que Lactantia et les autres ne fabriquent-elles pas du beurre prêt à tartiner, comme j’en achète aux États-Unis depuis plusieurs années ? demande Thérèse Merlin, une lectrice de La Presse. C’est tout simplement du beurre, auquel on a ajouté de l’huile d’olive ou de canola. Même gardé au réfrigérateur, ce beurre est toujours prêt à tartiner. C’est merveilleux. »

Annie Pagé, une autre lectrice, affectionne elle aussi « un beurre à l’huile d’olive dont les ingrédients sont de la crème, de l’huile d’olive et du sel » qu’on trouve aux États-Unis. Tant Land O’Lakes et Challenge Daiy, des coopératives agricoles américaines, que Mainland, une entreprise de Nouvelle-Zélande, ou encore Lurpak, du Danemark, proposent des tartinades composées de beurre et d’huile.

« Pouvez-vous nous expliquer pourquoi on ne retrouve pas un tel produit chez nous ? demande Mme Pagé. Sans doute à cause d’une réglementation visant à protéger l’appellation du beurre ? »

Vérification faite, selon le Règlement sur les produits laitiers du Canada, le beurre doit en effet contenir « au moins 80 % de matière grasse du lait au poids ». Parmi les ingrédients autorisés dans le beurre, on ne trouve que : solides du lait, sel, air ou gaz inerte, colorant alimentaire et culture bactérienne.

« L’étiquetage du produit doit représenter avec exactitude ce qu’il est, précise Karelle Beaudoin, coordonnatrice des relations avec les médias à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Par exemple, il ne peut pas impliquer qu’il s’agit de beurre s’il s’agit d’un mélange de beurre avec d’autres ingrédients. »

Permis sous un autre nom

Rien n’empêche de commercialiser ce mélange si on le nomme autrement. « Tant que le produit respecte les exigences du Canada en matière de salubrité, de composition et d’étiquetage des aliments, il peut être vendu au Canada », indique Mme Beaudoin. Si un tel produit n’existe pas ici, c’est peut-être parce que tant les producteurs de beurre que de margarine et d’huile craignent de perdre des parts du (petit) marché québécois en pactisant avec l’adversaire.

Chose certaine, il y a du beurre prêt à être transformé. « Avec la gestion de l’offre, on a la responsabilité d’approvisionner tous les marchés, indique François Dumontier, directeur adjoint responsable des relations publiques des Producteurs de lait du Québec. Pour tout produit qui nous permet d’augmenter les ventes, on est disponibles et on va fournir le lait. Maintenant, l’évaluation de marché de chaque produit fini et son potentiel de ventes auprès des consommateurs, ça revient aux transformateurs. »

Ni Lactantia, qui dit être « la marque de beurre numéro un au Canada », ni Natrel n’offrent une tartinade composée de beurre et d’huile. Pareil à la Laiterie Chagnon. « Nous n’avons jamais pensé faire ce produit, dit Jonatan Laflèche, directeur des ventes de la Laiterie Chagnon. En fait, nous n’étions même pas au courant que ce type de produit existe. » Mme Merlin va devoir continuer de faire des provisions de beurre tartinable aux États-Unis. « J’en achète tous les étés au Vermont, assez pour me durer tout l’hiver, explique-t-elle. Je le garde au congélateur. »

SOLUTIONS

Congeler l’huile d’olive

« Entre le beurre et la margarine, je choisis l’huile d’olive, tranche le Dr Martin Juneau, directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal. Savez-vous ce que je fais ? Je prends de l’huile d’olive, je la mets au congélateur pour qu’elle fige, et quand elle est figée, je la mets dans la porte de mon frigidaire. Ça me fait de l’huile d’olive à tartiner. C’est délicieux. Ce sont des gens de Provence qui m’ont montré ça. Tous mes patients connaissent le truc. À tartiner, on peut préférer une huile beaucoup plus douce au goût que celle qu’on met dans nos salades ou dans nos pâtes. Moi, par exemple, j’utilise une huile plus claire. »

— Jean Siag, La Presse

Un mélange à tartiner

« Si on ne veut pas drastiquement couper le beurre, on peut se faire un petit pot avec un mélange de beurre et d’huile d’olive, suggère Bruno Ranély, propriétaire de la boutique Olive Pressée, à Montréal. Vous faites fondre le beurre à basse température, pour qu’il ne brûle pas. Une fois qu’il est liquide, vous incorporez l’équivalent en huile d’olive. Vous pouvez rajouter quelques épices, du sel, du poivre ou des fines herbes, à votre guise. Vous mettez ça au frigo pour que ça fige. Vous aurez une tartinade, un beurre d’huile d’olive. »

— Marie Allard, La Presse

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