Sans ordonnance

Pour combattre les allergies

Comment s’y retrouver dans les rayons des médicaments en vente libre en pharmacie ? Pause vous propose une série pour y voir plus clair. Pour cette dernière semaine : les antihistaminiques.

Premier choix

En cas d’allergie saisonnière, l’intervention la plus importante demeure le contrôle de l’exposition aux allergènes. On ferme les fenêtres, on limite les activités à l’extérieur… Si cela ne suffit pas, les antihistaminiques demeurent le premier choix de traitement contre les symptômes de ces allergies : éternuements, démangeaisons, larmoiement, congestion nasale… Ils fonctionnent tous de la même façon en bloquant les récepteurs H1 à l’histamine, une molécule libérée lors des réactions allergiques. Les antihistaminiques se divisent en deux générations : ceux de la première génération (Benadryl et ChlorTripolon) et ceux de la deuxième (Claritin, Réactine, Aerius, Allegra).

Première génération

Selon Pierre-Marc Gervais, pharmacien propriétaire à Montréal, il y a peu de raisons d’utiliser les antihistaminiques de première génération. « Ils ont plus d’effets secondaires et ils ne sont pas plus efficaces », résume-t-il. Ils causent plus de sécheresse de la bouche, mais surtout plus de somnolence. L’effet sédatif du Benadryl est tel que son ingrédient actif, la diphénhydramine, est aussi commercialisé comme somnifère (ZzzQuil, Unisom, etc.). « Le seul avantage du Benadryl, c’est qu’on peut l’utiliser à toutes les sauces. Pour dormir, pour le mal des transports [le Gravol et le Benadryl sont très semblables] », note-t-il.

Deuxième génération

Les antihistaminiques de deuxième génération ont un effet antihistaminique semblable, mais ils causent beaucoup moins de somnolence. « La plupart des gens n’ont aucun effet secondaire, indique Pierre-Marc Gervais. Parfois, ils peuvent causer un peu de somnolence et d’étourdissement, mais c’est rare. » « Dans l’ensemble, je préconiserais les agents de deuxième génération », indique également Daniel Thirion, pharmacien au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et professeur titulaire de clinique à la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Ces antihistaminiques ont un autre avantage : plusieurs se prennent une fois par jour et ont un effet qui dure 24 heures.

Produits sinus

Parmi les antihistaminiques, on trouve des produits « allergies et sinus ». « Quand c’est marqué sinus, on ajoute un décongestionnant oral, la pseudoéphédrine », explique Pierre-Marc Gervais. La pseudoéphédrine est un stimulant. Si le comprimé est pris trop tard, il risque de provoquer de l’insomnie, prévient-il. « Si on est bien congestionné, on va d’abord essayer l’antihistaminique, conseille-t-il. S’il y a beaucoup, beaucoup de congestion, on peut opter pour la formule avec décongestionnant, mais à court terme seulement. On peut aussi combiner avec un décongestionnant en vaporisateur, aussi à court terme. » Derrière le comptoir, sans ordonnance, le pharmacien peut aussi remettre un vaporisateur nasal avec cortisone.

Réponses variables

Faut-il changer de sorte d’antihistaminiques de temps en temps pour éviter que le corps s’y habitue ? « Les effets de tolérance pour les antihistaminiques ont été évalués dans de rares études, et il ne semble pas y avoir de tolérance qui s’installe pour l’effet antihistaminique », indique Daniel Thirion. Par contre, dit-il, certaines personnes disent mieux réagir à un agent qu’à un autre. La réponse peut même varier d’une saison à l’autre chez une même personne, note Pierre-Marc Gervais. « Il n’y a pas de recommandation propre à faire une rotation, mais si on se rend compte qu’un antihistaminique fonctionne moins, on peut en essayer un autre », conseille-t-il. Les gens qui souffrent d’allergie sévère et qui ne réagissent pas bien aux produits, tout comme ceux qui souffrent d’une maladie chronique, devraient consulter un médecin.

Mises en garde

Avant de mettre une boîte d’antihistaminiques dans leur panier, les patients qui consomment des médicaments sur ordonnance devraient d’abord consulter leur pharmacien, car les antihistaminiques peuvent interagir avec d’autres médicaments. « C’est le cas de tous les médicaments qui agissent au niveau du système nerveux central, qui peuvent altérer l’état d’éveil du patient, indique Daniel Thirion. Ça peut amener plus de somnolence. » Les gens qui font un travail manuel, par exemple, peuvent voir leur vigilance diminuer « et c’est là que les accidents surviennent ». Par ailleurs, Daniel Thirion recommande à ses patients qui prennent du Benadryl d’éviter de prendre le volant, d’une part, et d’éviter de prendre de l’alcool, d’autre part.

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