Alimentation

Une entente entre IGA et la Laiterie Chagnon fait des mécontents à Waterloo

Les yogourts, les crèmes glacées et le beurre de la Laiterie Chagnon se retrouveront en exclusivité sur les tablettes des 295 supermarchés IGA du Québec dès le début de février, a annoncé l’enseigne cette semaine. Or, la seule épicerie de Waterloo, municipalité où est située l’entreprise laitière, est désormais privée des produits Chagnon puisqu’elle est exploitée sous l’enseigne Metro.

Il y a quelques semaines déjà, plusieurs citoyens de Waterloo, avaient constaté – avec déception – que les yogourts, le lait et le beurre signés Chagnon étaient disparus des frigos de leur supermarché, rapportait récemment un article de La Voix de l’Est.

Les commentaires publiés sur la page Facebook de la Laiterie que nous reproduisons tels quels, démontrent clairement que cette entente d’exclusivité fait des mécontents à Waterloo et dans l’ensemble de la région. « Vous arrivé dans beaucoup de nouveaux endroits et abandonner ceux qui vous on fait vivre… revenez dans votre région natale… », peut-on lire. « Revenez au Metro de Bromont svp. On vous a toujours supporté depuis des années », écrit un autre internaute.

Selon les informations obtenues par La Presse, le Metro Plouffe de Waterloo aurait voulu négocier une entente particulière avec la Laiterie Chagnon afin de pouvoir continuer à offrir les produits de l’entreprise, située à deux kilomètres du magasin. « Ils [les gens de la Laiterie] ne peuvent pas », s’est contenté de répondre l’un des membres de la direction du groupe qui possède huit supermarchés Metro dans la région. Pour plus de commentaires, on nous a renvoyés à la maison mère.

« C’est une décision d’affaires qu’on respecte, a affirmé d’emblée Geneviève Grégoire, porte-parole de Metro. Mais on est déçus de ne plus pouvoir offrir ces produits-là à nos clients de l’Estrie, notamment de Waterloo. »

Le supermarché IGA le plus près se situe à Bromont, à 12 kilomètres de Waterloo. Par contre, le dépanneur Boni-Soir de la municipalité – enseigne qui appartient à Sobeys tout comme IGA – continuera de vendre le lait Chagnon, a confirmé la propriétaire de l’endroit, Mélanie Coderre. Impossible pour le moment, toutefois, de savoir si d’autres produits y seront offerts.

« Plus de gens contents que de mécontents »

Interrogés à ce sujet au cours d’une rencontre avec La Presse, les deux propriétaires de l’entreprise, Nathan et Christian Kaiser – qui ont acquis la laiterie il y a trois ans –, ont pour leur part affirmé que cette entente permettra aux clients de savoir exactement à quel endroit ils peuvent se procurer leur crème glacée ou leur yogourt. « Je pense qu’il va y avoir plus de gens contents que de mécontents, estime Nathan Kaiser. Ils vont pouvoir trouver tous nos produits à une place. [Avant], il y a des gens qui voulaient du lait, de la crème glacée, du yogourt et ils devaient aller à trois magasins différents. »

« Au cours des dernières années, poursuit-il, chaque fois qu’on sortait un nouveau produit, les gens nous demandaient où ils pouvaient l’acheter. »

« Les IGA sont pas mal partout sur le territoire du Québec, mentionne quant à lui Christian Kaiser. Ça va faciliter la distribution. »

L’entreprise, qui produit 40 000 litres de lait par semaine, a fait connaissance avec les représentants d’IGA l’automne dernier lorsque l’enseigne a demandé aux frères Kaiser s’ils pouvaient produire des bûches de Noël, ce que la Laiterie n’avait jamais expérimenté. Finalement, l’entreprise a produit plusieurs dizaines de milliers de bûches. Forts de cette expérience, les propriétaires ont l’intention de développer de nouveaux produits au cours de la prochaine année.

Commerce de détail

La Senza pourrait faire faillite

Le détaillant de lingerie La Senza, originaire de Sherbrooke, serait incapable de payer ses créanciers et pourrait être poussé à la faillite, selon des médias américains.

Un certain nombre de créanciers de la chaîne de magasins ont réclamé qu’elle se place sous la protection du chapitre 7 de la loi américaine sur la faillite, ont révélé lundi les publications spécialisées Retail Dive et WWD. Selon des documents déposés auprès d’un tribunal au Delaware, les créances totaliseraient 9,3 millions US, écrivent-ils.

Le chapitre 7 de la loi prévoit que l’entreprise cesse toute activité et que ses actifs soient vendus afin de rembourser les créanciers. Ce processus diffère de celui prévu par le chapitre 11, qui suppose plutôt une restructuration des activités, sous la supervision du tribunal.

Selon son site web, La Senza exploite 118 boutiques au Canada, 12 aux États-Unis et plus d’une centaine ailleurs dans le monde, principalement au Moyen-Orient, mais aussi au Venezuela, entre autres.

Depuis 2018, La Senza appartient au fonds d’investissement privé Regent.

Il n’a pas été possible d’obtenir lundi après-midi les commentaires de l’entreprise au sujet de la démarche de ses créanciers.

Sœur de Victoria’s pendant 12 ans

Auparavant, le destin de l’entreprise fondée à Sherbrooke en 1966 était dirigé par le géant L Brands, connu mondialement pour sa marque Victoria’s Secret.

Lors de la transaction de 2018, les ventes de La Senza étaient « en décroissance », selon Retail Dive. Peu de temps après, le détaillant a commencé à accuser des retards de paiement, selon les documents déposés en cour.

En 2006, quand la société mère de Victoria’s Secret a mis la main sur La Senza pour 710 millions, cette dernière était cotée à la Bourse de Toronto et la croissance était au rendez-vous. Le géant américain estimait que le potentiel de la marque était encore grand et souhaitait en outre profiter de son expertise à l’international.

L’enseigne québécoise possédait alors 318 points de vente au Canada, en plus de 327 boutiques dans 34 autres pays.

Dans les années qui ont suivi, le siège social de Dorval a été fermé (en 2012) et la gestion de la chaîne a été transférée à Columbus, en Ohio.

L’enseigne Victoria’s Secret a pour sa part migré au nord de la frontière canado-américaine. Mais d’ambitieux projets d’expansion devant se concrétiser en 2016 ont été abandonnés en raison de la faiblesse du huard.

En 2018, la boutique phare de La Senza rue Sainte-Catherine, au centre-ville de Montréal, a fermé ses portes. Sa grande sœur Victoria’s Secret éprouvait elle aussi des difficultés.

Depuis un an, le titre de L Brands est passé d’environ 27 $US à 20 $US, un recul de quelque 26 %. Sur cinq ans, la dégringolade est encore plus sévère : près de 80 % (de 92 $US à 20 $US).

Couvent des Sœurs de Miséricorde

Des employés perdent 30 000 $ dans la faillite

Les déboires du propriétaire du couvent des Sœurs de Miséricorde à Montréal ont des conséquences fâcheuses pour sa cinquantaine d’employés. C’est que l’employeur, qui a fait faillite depuis, a gardé pour lui les déductions à la source prélevées sur les paies des travailleurs, une somme d’environ 30 000 $.

Les déductions devaient payer les assurances collectives, le régime de retraite et les cotisations syndicales des employés du début juin à la mi-août, quand la société à numéro s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite.

Les créances non garanties s’élèvent à près de 20 000 $ auprès de Manuvie, qui gère le régime de retraite, à 8400 $ auprès de la SSQ, le fournisseur qui s’occupe des assurances collectives, et à environ 2000 $ auprès de la CSN pour des cotisations syndicales impayées, affirme dans un entretien Jacqueline Bernier, conseillère syndicale de la CSN.

« Les employés ne sont pas en colère contre les Sœurs, tient à préciser Mme Bernier. Les employés sont solidaires des Sœurs, qui se sont fait flouer dans cette histoire. »

Des difficultés

Le propriétaire, la société 9360-6325 Québec, a déclaré faillite le 29 octobre 2019. Il avait acheté le couvent des Sœurs de Miséricorde le 28 mars 2018. L’acte de vente indique un prix de 7 millions pour la propriété de 255 000 pi2 – l’équivalent de trois terrains de football des Alouettes.

La société à numéro avait pris l’engagement de rénover le couvent pour permettre aux sœurs, qui ont 90 ans en moyenne, d’y finir leurs jours. Malheureusement pour les servantes du Bon Dieu, le chantier a rapidement connu toutes sortes de difficultés qui ont abouti à l’insolvabilité du promoteur immobilier.

Depuis la mi-août, ce sont les Sœurs et le prêteur hypothécaire IAM Infrastructure Private Debt Fund qui assument les dépenses courantes du couvent. Ces dépenses de fonctionnement autorisées par le tribunal, censées couvrir le déficit d’exploitation, s’élèvent à 950 000 $ plus intérêts pour la période allant d’août 2019 au 31 mars 2020.

La saga du couvent de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville est devenue d’actualité en février 2019 quand Le Journal de Montréal a révélé qu’Edmondo Marandola, économiste du prêteur hypothécaire Otéra, filiale de la Caisse de dépôt, était actionnaire de 9360-6325 Québec en compagnie des frères Girolamo et Chico Violante, deux personnes au passé trouble. M. Marandola a finalement perdu son emploi chez Otéra en raison de ses activités de promoteur immobilier.

— Avec Marc Tison, La Presse

Budget

Des économistes réclament des projections sur 20 ans

Le vieillissement de la population et l’explosion prévisible des dépenses en santé exigent que le gouvernement du Québec regarde plus loin et fasse ses projections de revenus et de dépenses sur un horizon de 10 à 20 ans.

L’objectif est de savoir si le gouvernement prend les bonnes décisions aujourd’hui pour demain, estime Yves St-Maurice, président du Comité des politiques publiques de l’Association des économistes du Québec.

Dans ses recommandations au ministre des Finances en vue du prochain budget, les économistes estiment qu’il est temps de voir plus loin que l’horizon de cinq ans qui est la norme actuellement. « Ça permettrait de vérifier si les générations futures pourront bénéficier du niveau actuel de services publics sans augmenter leur fardeau fiscal », selon eux.

Dans un entretien avec La Presse, Yves St-Maurice rappelle que des travaux récents de la Chaire en fiscalité de l’Université de Sherbrooke ont montré que les surplus actuels ne résisteraient pas longtemps à la pression du vieillissement de la population. « Il faut rester prudent et ne pas baisser les impôts ou augmenter les dépenses trop rapidement », précise-t-il.

Les projections de revenus et de dépenses du gouvernement sur une période de 10 à 20 ans pourraient être la responsabilité d’un Directeur du budget, un organisme indépendant comme celui qui existe au fédéral et dont la création a déjà été recommandée par l’Association des économistes.

Taxer l’essence

Sur le plan de l’environnement, les économistes sont d’avis que les objectifs environnementaux comme la réduction de la consommation de produits pétroliers ne seront pas atteints sans l’imposition de nouvelles taxes.

Toute augmentation des taxes sur l’essence, toutefois, devrait être accompagnée d’une réduction de l’impôt ou d’autres types de taxes afin de ne pas augmenter le fardeau fiscal total.

Par ailleurs, les économistes québécois croient que le gouvernement devrait s’abstenir d’investir dans de nouvelles routes et autoroutes, comme un troisième lien à Québec, tant que les infrastructures existantes ne seront pas remises en état.

« Il faudrait d’abord s’occuper des infrastructures qui continuent de se détériorer », dit Yves St-Maurice.

Dans leur avis au ministre des Finances, les économistes soulignent que les investissements réalisés dans les infrastructures ne sont pas suffisants pour contrer leur dégradation.

Ce constat vaut aussi pour les autres types d’infrastructures, comme les hôpitaux et les écoles, estiment les économistes québécois. Le Plan québécois des infrastructures, qui donne une idée des investissements à venir, n’est pas suffisant. « On a besoin d’un plan et d’un échéancier de résorption du déficit de maintien d’actifs », dit Yves St-Maurice.

Immobilier

Manuvie achète des appartements pour 100 millions

L’assureur-vie Manuvie acquiert les phases 3 et 4 du lotissement EQ8 LaSalle pour 105 millions, à Montréal. Le promoteur est la société Armco, de la famille Armoyan. EQ8 est situé dans l’arrondissement de LaSalle, le long du boulevard Newman, tout près du Carrefour Angrignon et à distance de marche du métro. Les deux immeubles comptent 16 étages et 300 appartements. Près de 70 % d’entre eux ont deux ou trois chambres à coucher. Terminé ce mois-ci, le projet EQ8 est entièrement loué, souligne Manuvie dans un communiqué. « Les investissements dans les infrastructures, le resserrement du marché du travail et le soutien du gouvernement en matière de technologie ont tous contribué aux progrès économiques et à un marché, Montréal, dans lequel nous cherchons à prendre de l’expansion », a dit Michael McNamara, chef, placements immobiliers, Gestion de placements Manuvie, dans la même communication. — André Dubuc, La Presse

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