Hockey

Quelques pistes de solution pour épauler Shea Weber

Noël est maintenant derrière nous, la mi-saison approche à grands pas, et force est d’admettre que le Canadien excède largement les attentes jusqu’ici.

Trois points d’interrogation incitaient les experts à exclure d’emblée le CH des séries dès l’été dernier : la tenue de Carey Price, la ligne de centre et le côté gauche de la défense. Sans dire qu’il joue à la hauteur de son contrat, Price montre une progression intéressante après un passage à vide troublant au début de novembre. Au centre, l’arrivée de Max Domi et de Jesperi Kotkaniemi a drôlement changé la dynamique.

Mais le côté gauche de la défense demeure problématique, si bien qu’un partenaire adéquat pour Shea Weber semble aussi dur à trouver que le formulaire A-38. Et même si Marc Bergevin parvenait à trouver le guichet 1 (couloir de gauche, dernière porte à droite, nous dit-on) sans perdre la raison, on doute qu’un défenseur gaucher l’y attende.

Aucun doute, l’identité du partenaire de Weber s’annonce comme le grand enjeu de la deuxième moitié de saison du Canadien.

La situation actuelle

Dans les faits, le CH s’en tire très bien malgré une défense imparfaite. Depuis le retour de Weber, l’équipe présente une fiche de 8-5-0. Le Tricolore a accordé 36 buts dans ces 13 matchs, pour une excellente moyenne de 2,77 (la moyenne de la ligue cette saison est de 2,86). Bref, de ce côté, les indicateurs sont au vert. Mais ça s’est fait avec un groupe un peu mal assorti. Le plus inquiétant : les derniers partenaires de Weber (Victor Mete et Jordie Benn) arrivaient respectivement de Laval et de la passerelle de presse. Pas exactement la recette idéale. Quelles sont donc les pistes de solution ?

À l’interne

Samedi, à Vegas, Mete a disputé un premier match cette saison aux côtés de Weber. L’expérience a été un franc succès : Mete a joué près de 20 minutes et a montré que son bref stage avec Joël Bouchard a été utile. Sur papier, les deux arrières sont parfaitement complémentaires. Weber est gigantesque, robuste, préfère laisser les autres transporter la rondelle, possède un tir dévastateur ; Mete est petit, rapide, appuie l’attaque à merveille malgré un tir moyen. L’an passé, ce duo avait duré un mois, mais la réalité avait rattrapé Mete. Le voici avec une année de plus d’expérience. On verra si ça suffira. Mais à vue de nez, pour l’heure, il ne possède pas le « oumpf » d’un Samuel Girard, lui aussi de petite taille. Mete n’a toutefois que 20 ans et a encore du temps pour se développer. Pour l’heure, il représente tout de même une meilleure solution que Kulak et Mike Reilly, qui commencent à être vieux pour se transformer en arrières de premier duo.

La relève

Du reste, le Canadien n’a aucune solution à même son système. Noah Juulsen possède toutes les qualités pour s’établir dans un top 4, mais il est droitier. Parmi les autres arrières à Laval, Cale Fleury est celui qui possède le potentiel le plus intrigant. Mais le jeune homme de 20 ans tire lui aussi de la droite. Au Championnat du monde junior, Josh Brook devrait jouer un rôle prépondérant pour Équipe Canada. Devinez de quel côté tire ce choix de deuxième tour en 2017 ? De la droite ! Bref, il n’y a qu’Alexander Romanov, que l’on verra cette semaine au sein de l’équipe russe. Son plan était toutefois, aux dernières nouvelles, de rester en Russie jusqu’en 2020.

Échanger un jeune

Parlant du Mondial junior, on y verra Ryan Poehling et Nick Suzuki, possiblement les deux attaquants du CH les plus près de la LNH qui ne jouent pas encore dans les rangs professionnels. Suzuki jouit des qualités offensives pour faire saliver les DG. Poehling possède les outils et la carrure pour devenir un centre très complet. Avec une bonne performance au Mondial, ils feront augmenter leur cote. La tentation serait belle pour Bergevin de profiter de sa profondeur organisationnelle au centre pour dénicher de l’aide en défense. À Los Angeles, le nom du gaucher Jake Muzzin revient souvent, et les Kings ont besoin de se rajeunir. Mais Bergevin répète que les bons centres ne poussent pas dans les arbres. Sachant tout le temps qu’il a mis avant de trouver du talent à cette position, l’imagine-t-on déjà piger dans cette réserve ? Ce serait audacieux, mais si Bergevin entend se battre pour les séries dès cette saison…

Échanger Jeff Petry

Celle-là sort de nulle part, on l’admet. Mais pensons-y un moment. Petry rend de fiers services au Canadien. Dans une ligue où la jeunesse est en vogue, il semble plutôt jouer son meilleur hockey depuis ses 30 ans. Il n’est pas parfait, mais on parle tout de même d’un défenseur qui totalise 55 points à ses 82 derniers matchs et qui joue 24 minutes par match. Avec Weber bien en selle, et Juulsen, Brook et Fleury comme espoirs à droite, on voit poindre la congestion, peut-être aussi rapidement qu’en septembre prochain. Et si une équipe aux prises avec un surplus de gauchers cherchait à rééquilibrer ses forces ? Une recension rapide des 30 autres formations nous permet de cibler Philadelphie et Calgary parmi les clubs en manque de bons droitiers. À Philadelphie, l’arrivée d’un nouveau DG ouvre bien des possibilités. À Calgary, T.J. Brodie joue à droite, puisque Mark Giordano et Noah Hanifin écoulent les minutes à gauche. Un facteur qui pourrait compliquer la donne : Petry possède une clause lui permettant de fournir une liste de 15 équipes auxquelles il refuserait d’être échangé. Par contre, tant que la relève n'est pas prête, une telle transaction équivaudrait à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

La NCAA

Cette piste-là n’aiderait évidemment pas le CH cette saison – et même pour l’an prochain, ça prendrait un sérieux coup de chance. Mais les Rangers de New York l’ont eue, cette chance, avec Neal Pionk, un défenseur jamais repêché qui a fait le saut chez les pros après deux saisons au collège. Pionk est premier chez les Rangers cette saison pour le temps d’utilisation (23 minutes) et les points (19). Qui sait s’il n’y a pas un Pionk caché quelque part dans la NCAA ? Plusieurs voient Jimmy Schuldt, un coéquipier de Poehling à St. Cloud State, comme un défenseur gaucher au potentiel intéressant, et on sait que le CH lui a fait de l’œil. Les cas comme Pionk et Torey Krug, capables d’aider rapidement une équipe dans la LNH, sont cependant des exceptions bien plus que la règle.

Alzner rappelé, Schlemko sur la liste des blessés

Le Canadien a annoncé le rappel du défenseur Karl Alzner, hier en fin d’après-midi. Alzner a été rétrogradé au Rocket de Laval il y a un mois, après avoir été ignoré au ballottage. Le vétéran de 30 ans a disputé 10 matchs dans la Ligue américaine, inscrivant un but et une passe, tout en présentant un différentiel de + 4. Son rappel survient après que l’équipe eut placé un autre défenseur, David Schlemko, sur la liste des blessés. Le Tricolore parle d’une blessure au haut du corps. Schlemko n’a d’ailleurs pas affronté les Golden Knights samedi. Depuis qu’il s’est joint au Canadien, en juin 2017, Schlemko en est à une cinquième blessure diagnostiquée qui lui fait manquer de l’action. Il n’a donc disputé que 55 matchs sur une possibilité de 119 avec le CH. Le Canadien s’entraîne demain matin à Brossard avant de s’envoler pour la Floride pour y disputer deux matchs en 24 heures, contre les Panthers et le Lightning.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

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