Extrait de L’homme qui va changer le monde

Sur Tesla

« Arrêtons-nous un moment pour méditer sur ce que Tesla a accompli. Musk voulait construire une automobile électrique qui ne souffrirait aucun compromis. Il l’a fait. [...] La Model S n’était pas seulement la meilleure voiture électrique, elle était la meilleure voiture, point barre. Et elle était la voiture que les gens désiraient. L’Amérique n’avait pas vu un seul nouveau constructeur automobile réussir depuis Chrysler en 1925. [...] Pourtant, un an après l’arrivée de la Model S sur le marché, Tesla [...] égalait la capitalisation boursière de Mazda Motors. Elon Musk avait créé l’équivalent automobile de l’iPhone. »

Extrait de L’homme qui va changer le monde

Comment son aventure américaine a commencé à Montréal

« Musk n’avait pas bien préparé sa grande évasion vers le Canada. Il savait qu’il avait un grand-oncle à Montréal et sauta dans l’avion plein d’espoir. [...] L’oncle était parti pour le Minnesota. Musk n’avait aucun point de chute. Bagages en main, il se dirigea vers une auberge de jeunesse. Après avoir exploré Montréal pendant quelques jours, Musk essaya d’établir un plan pour le long terme. Musk avait de la famille dispersée dans tout le Canada. Il commença à prendre des contacts. Il acheta un billet d’autobus national qui, moyennant 100 $, lui permettrait de se déplacer à sa guise, et le voilà en route pour la Saskatchewan, où avait vécu son grand-père. »

Extrait de L’homme qui va changer le monde

COMMENT L’AUTEUR A RÉUSSI À LE CONVAINCRE DE COOPÉRER

« J’entamai ce qui aurait dû être un sermon de 45 minutes expliquant à Musk pourquoi il devrait me laisser fouiller dans les tréfonds de son existence. [...] À ma grande surprise, il m’arrêta au bout de deux ou trois minutes et dit simplement : "Okay". Musk éprouve le plus grand respect pour les gens déterminés, ceux qui s’acharnent après qu’on leur a dit non. [...] J’étais le seul casse-pied à m’entêter malgré son refus. Apparemment, il aimait ça. »

Extrait de L’homme qui va changer le monde

SUR SA JEUNESSE DIFFICILE DANS UNE AFRIQUE DU SUD EN ÉBULLITION

« Il fut renvoyé de deux ou trois établissements. [...] Un après-midi [...], un gamin s’en prit à lui [...] et un groupe se jeta sur lui. Certains le frappaient sur les côtés tandis que le meneur lui cognait la tête par terre. [...] Elon fut emmené à l’hôpital et ne put retourner à l’école pendant une semaine. [...] Pendant trois ou quatre ans, Musk fut sans cesse harcelé par ces brutes. [...] “J’étais pourchassé par une bande qui voulait me massacrer, et quand je rentrais à la maison, c’était tout aussi moche. C’était horrible en permanence.” »

Extrait de L’homme qui va changer le monde

SUR LE BUT ULTIME DE TOUTES SES ENTREPRISES : ALLER SUR MARS

« Son discours sur la colonisation de Mars peut sembler délirant à certains, mais il sert de cri de ralliement pour ses entreprises. [...] Quand Musk fixe des objectifs irréalistes, harcèle ses salariés et les use jusqu’à l’os, il est entendu que cela fait plus ou moins partie du programme martien. [...] Musk a créé ce qui manque à beaucoup de créateurs d’entreprise de la Silicon Valley : une vision du monde qui ait un sens. [...] Là où Mark Zuckerberg veut vous aider à partager des photos de bébés, Musk veut [...] eh bien, sauver l’humanité d’une disparition accidentelle ou auto-infligée. »

Elon Musk

Le milliardaire qui rêve à Mars

Elon Musk, l’homme de 15 milliards qui a fondé PayPal, Tesla et SpaceX pour coloniser Mars, demeure mystérieux pour le commun des mortels. Ashlee Vance, journaliste au prestigieux Bloomberg Business Week, a publié au printemps dernier sa première biographie complète, de son enfance malheureuse en Afrique du Sud à son arrivée fracassante dans la Silicon Valley. En traduction française, Elon Musk – L’homme qui va changer le monde arrivera demain dans les librairies québécoises. La Presse a joint l’auteur en Californie.

Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire sur Elon Musk ? Vous avez réalisé plus de 200 entrevues avant qu’il accepte de collaborer avec vous. Qu’est-ce qui vous a décidé à effectuer ce travail monumental ?

J’écris sur la Silicon Valley depuis environ 15 ans, et je suis un peu déprimé par la plupart des produits qui en sortent. Beaucoup d’applications pour consommateurs et des services de loisirs ; Silicon Valley est devenu Hollywood. Et là, je vois ce gars…

Comme vous l’écrivez : « Là où Mark Zuckerberg veut vous aider à partager des photos de bébés, Musk veut sauver l’humanité »…

Oui ! J’ai beaucoup lu sur l’histoire de Silicon Valley et j’aime ce bon vieux temps où on avait beaucoup d’usines fabriquant des puces d’ordinateurs. Je voyais Elon comme un retour de ces premiers temps. C’est un gars qui s’est battu fort et fabrique des choses fabuleuses. Et en plus, il a une histoire incroyable qui va au-delà de ses entreprises.

Après avoir fait ces recherches et écrit ce livre, voyez-vous toujours Elon Musk comme un de ces grands industriels à la Henry Ford ?

Oui. Après avoir terminé le livre, je peux dire que j’ai plus foi en ses entreprises qu’avant. Ce n’est pas qu’Elon, ce sont ces milliers de créateurs brillants qui sont sous ses ordres. J’ai foi qu’ils vont pouvoir concrétiser sa vision.

Ses entreprises sont de toute évidence innovantes, mais on n’a pas l’impression qu’elles sont rentables. Vous croyez que cela peut durer indéfiniment ?

Ça, on peut dire que ses projets sont à haut risque ! Vous avez raison. Mais c’est étrange, parce que SpaceX est probablement l’entreprise la plus risquée qu’il ait fondée, et c’est la plus rentable. C’est la façon la plus économique d’aller dans l’espace. Évidemment, si ses fusées explosent, ça crée un gros problème… Mais pour Tesla et SolarCity, oui, vous avez raison, les deux dépensent de l’argent plus vite qu’ils n’en font actuellement. Mais c’est ainsi qu’Elon fonctionne. Tesla et son modèle S vont beaucoup mieux que quiconque l’avait prévu. Elon aurait pu se contenter de prendre l’argent mais non, il continue, il construit cette énorme usine de batteries pour des milliards de dollars… Il y a des défis énormes à relever, mais c’est comme ça qu’Elon aime les choses.

Il y a un paradoxe qui se dégage de votre livre. Elon Musk y est parfois aimé, voire adulé. Et en même temps, il y est décrit comme quelqu’un d’intimidant, de dur, qui ne se préoccupe pas vraiment des sensibilités de ceux qui l’entourent. Quelle impression vous a-t-il laissée ?

Il est compliqué. Il y a un côté de lui où il peut être drôle, je ne dirais pas aimable, ce n’est pas quelqu’un de chaleureux à qui on veut donner un câlin… Il est très loyal envers ses proches. Il est très exigeant envers ses employés mais ceux-ci, de toute évidence, acceptent ça parce qu’ils connaissent l’ampleur de ses ambitions. Il y a beaucoup de gens là-dedans qui veulent aller sur Mars, avoir des voitures électriques, c’est presque une religion pour eux. Si c’est important pour vous, Elon est celui pour qui vous voulez travailler. Peu importe les conditions.

Dans un autre registre, Elon Musk est étonnamment peu connu du grand public, il n’est pas une star de Silicon Valley comme Steve Jobs l’était, par exemple. Est-ce surprenant pour vous ? Comment l’expliquez-vous ?

Oui, c’est surprenant en un sens. Quand j’ai voulu vendre l’idée de ce livre à New York, ça a sonné le réveil un peu pour moi, qui vit à Silicon Valley et où on le voit comme le prochain Steve Jobs. À New York, ils n’avaient pas une idée très claire de ce qu’il avait fait et ils n’étaient pas très convaincus que les gens allaient lire ce livre… Un des gros problèmes, c’est qu’il n’a pas un produit de consommation de masse, les Tesla sont pour les gens très riches, on ne comprend pas très bien ce que fait SpaceX. Bon, s’il atteint Mars, il sera très célèbre… Mais si Tesla peut rendre sa troisième génération de voitures abordable, que ça devient un succès, tout le monde va savoir qui est Elon.

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