Que nous réserve 2015 ?

Le monde va-t-il mieux que vous ne le croyez ?

Démocratie, mortalité infantile, famine, pauvreté… : peu importe l’indicateur analysé, le sort des humains n’a jamais été aussi favorable qu’aujourd’hui, explique Max Roser, économiste à l’Université d’Oxford et directeur du nouveau projet Our World In Data.

Vous venez de lancer Our World In Data, un projet qui met en graphiques les données sur les avancées gigantesques et souvent méconnues des conditions de vie de l’humanité. Durant vos recherches, avez-vous été surpris de voir que pratiquement tous les indicateurs affichaient une tendance encourageante ?

Oui ! En fait, passer du temps à étudier ces différents aspects importants de nos vies a carrément changé ma perception du monde. J’ai longtemps été pessimiste sur l’état du monde. Ce n’est pas difficile d’être cynique, de dire que rien ne change, rien ne s’améliore, dans le fond… Or, heureusement, les données empiriques contredisent cette affirmation.

Analyser les données m’a fait réaliser que, tout en étant loin d’un monde parfait, et sachant qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, les tendances pointent dans la bonne direction. La santé mondiale s’améliore. La pauvreté est en baisse. La violence est en baisse. Nous sommes plus instruits que jamais. Bien des chercheurs et des experts le savent, mais c’est encore mal communiqué au public.

Vous dites que les médias n’arrivent pas, par définition, à donner une image juste du monde. Pourquoi ?

C’est en partie lié au fait que les événements tragiques arrivent subitement, brutalement et prennent beaucoup de place dans l’actualité, alors que l’évolution des conditions de vie se produit de façon graduelle, sans moments clés qui pourraient faire les manchettes. Personne n’a jamais vu le titre « La révolution industrielle est en train de se produire » dans le journal du jour. Les avancées se produisent sur une période de plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. La seule façon de voir ces changements, c’est de retourner dans le passé et d’analyser les données récoltées sur de longues périodes.

Qu’est-ce qui vous a poussé à accomplir ce projet ?

J’ai commencé parce que je cherchais une ressource comme celle-là et que je ne trouvais rien. Vous savez, tout le monde se lève le matin pour essayer de bâtir un avenir meilleur, mais pour ce faire, il faut savoir où l’on se situe vis-à-vis des décennies et des siècles passés.

Je crois que l’amélioration dramatique du niveau de vie autour du monde – la santé, la prospérité, les droits de la personne – est l’une des caractéristiques les plus importantes de notre ère, et qu’il est tragique qu’aussi peu de gens en parlent, qu’aussi peu de gens en soient conscients.

Savoir cela, c’est aussi réaliser que plusieurs problèmes qui apparaissaient insurmontables à une époque sont aujourd’hui en voie d’être résolus. C’est une leçon qui devrait nous conforter dans nos efforts pour surmonter nos problèmes actuels.

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