Alimentation

De la ferme à l’assiette

S’interroger sur la provenance des aliments qu’on met dans notre assiette est dans l’air du temps. Geneviève Turcot a toutefois constaté que l’engouement médiatique pour les aliments biologiques se limitait au produit lui-même. « Ce qui me fascinait, moi, chaque fois que je visitais une ferme, c’était les producteurs, dit la journaliste, recherchiste et scénariste. Je voulais raconter l’histoire de ces gens-là. »

Sa curiosité a donné naissance à une série documentaire intitulée Garde-manger, réalisée par Martin Cadotte, dont le premier de 13 épisodes est diffusé ce soir, 20 h, à Unis TV. L’idée générale de la série est de montrer une autre vision de ce qu’est et pourrait être l’agriculture, ici et ailleurs au Canada, en étant pratiquée à une échelle humaine et sans produits chimiques.

Grand ambassadeur des produits bios, Jean-Martin Fortier, auteur de Le jardinier-maraîcher, est au cœur du premier épisode, qui met l’accent sur le mode de production qu’il a privilégié sur sa parcelle de terre d’un hectare : l’agriculture biointensive. Un autre épisode explore la production et la commercialisation de lait bio, carrément surnommé « or blanc » en raison de la force de la demande et de la faiblesse de l’offre à l’heure actuelle.

Les artisans de Garde-manger suivent leurs sujets de près dans leur tâche quotidienne. « C’est comme si on allait faire des stages dans ces fermes-là », résume avec justesse Geneviève Turcot, aussi idéatrice de la série.

Plus d’un producteur mentionne les préjugés à l’égard de l’agriculture bio, perçue selon eux comme un projet hippie et sans doute pas rentable. Or, ces hommes et ces femmes n’ont souvent rien de baba cool. Ce sont aussi des gens d’affaires. 

« Il y a des gens qui sont prêts à payer plus cher pour avoir des produits bios et des gens qui sont prêts à travailler plus fort pour les leur offrir. Au bout du compte, tout le monde est content et, oui, c’est payant. »

— Geneviève Turcot, scénariste de Garde-manger

« Il y a un modèle qui est en train d’émerger qui répond aux demandes de clients de plus en plus nombreux qui veulent des produits de qualité. Ils veulent savoir d’où ils viennent ou dans quel contexte un animal a été élevé dans le cas de la viande, poursuit-elle. On a besoin de fermiers pour répondre à cette demande-là. »

Les producteurs présentés dans la série documentaire ne sont pas tous certifiés biologiques, précise Geneviève Turcot. La paperasse et les coûts associés à ces homologations constitueraient en effet un frein à l’obtention d’un tel sceau. « Ce ne sont pas tous des gens qui appliquent les principes de l’agriculture biologique, qui la pratiquent, mais qui ne vont pas nécessairement chercher le papier. »

À travers ces 13 émissions, qui exploreront entre autres thèmes l’agriculture urbaine, la viticulture bio ou encore la commercialisation des produits biologiques, Garde-manger cherche surtout à soulever des questions et stimuler la réflexion quant à l’alimentation et l’avenir de l’agriculture. « En tant que société, je trouve sain qu’on s’interroge, dit la scénariste. Je n’essaie pas de vendre le bio ou de dénigrer l’agriculture conventionnelle, j’invite les gens à réfléchir à la provenance de nos aliments. » Et à l’empreinte écologique de nos choix alimentaires.

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