Le Canadien

Comment contrer le tir de Weber ?

Oubliez les astuces, les schémas tactiques les plus poussés. Anze Kopitar a trouvé LA solution pour contrer le tir sur réception de Shea Weber.

« À la base, la meilleure façon de le neutraliser est de ne pas écoper de pénalité ! »

À force de sonder les attaquants, défenseurs et gardiens de la LNH – surtout ceux qui ont affronté Weber dans l’Ouest ces dernières années –, on en vient à se convaincre que c’est effectivement la technique la plus simple pour contrer le tir frappé de l’imposant défenseur. Car une fois Weber installé au point d’appui avec la rondelle sur sa palette, il faut essentiellement prier le ciel pour s’en tirer.

Les chiffres sont saisissants. Weber a beau marquer l’écrasante majorité de ses buts de la même façon, il demeure année après année parmi les meilleurs tireurs à sa position. Les équipes adverses savent pourtant à quoi s’attendre !

Si on exclut deux buts qu’il a marqués dans un filet désert, 22 de ses 25 derniers buts (soit tous ceux qu’il a marqués depuis le début de la campagne 2015-2016) ont été marqués sur des tirs sur réception, d’après une compilation effectuée par La Presse.

Depuis 2013, 44 de ses 61 buts (là encore, on exclut ceux dans un filet désert) ont été inscrits sur des tirs frappés, sur réception ou pas.

Avant les matchs d’hier, Weber occupait le 1er rang des défenseurs de la LNH avec sept buts. Il avait fini 4e dans cette colonne l’an passé (20), ex æquo au 6e rang en 2014-2015 (15) et 1er la saison précédente (23).

Le défi des gardiens

Comme Kopitar, Jimmy Howard a offert une réponse d’une franchise sans détour lorsqu’on lui a demandé comment contrer le tir.

« Tu pries pour que la rondelle te frappe ! », lance le gardien des Red Wings, qui a connu Weber comme rival de division quand Detroit s’alignait dans l’Association de l’Ouest. Sa stratégie n’a toutefois pas fonctionné samedi dernier, ce qui a mené à un but de Weber, et à un GIF bien rigolo.

Pour ceux qui ne veulent pas s’en remettre à l’au-delà, le défi commence par le repérage de la rondelle. « Tu dois surtout bien lire le jeu, la passe, pour avoir une chance de l’arrêter », estime le gardien des Maple Leafs de Toronto Frederik Andersen, qui a affronté Weber en séries éliminatoires l’an passé avec les Ducks d’Anaheim.

Mais pour lire la passe, encore faut-il voir le jeu se dessiner. « Quand tu as de la bonne présence au filet de joueurs comme Brendan Gallagher, ça rend la tâche du gardien encore plus difficile », rappelait l’attaquant des Red Wings Steve Ott, anciennement des Blues de St. Louis et des Stars de Dallas.

Le 8 novembre dernier, le gardien des Bruins de Boston Zane McIntyre n’a pas eu la chance de voir le jeu se dessiner. Weber et Andrei Markov s’échangeaient la rondelle à la ligne bleue, mais Gallagher l’empêchait de voir quoi que ce soit. Weber en avait alors profité pour marquer un de ses six buts en avantage numérique cette saison.

« C’est fort et ça arrive vite. Je n’ai pas eu la chance de bien voir la rondelle quitter son bâton et de bien réagir. Avec la vélocité de son tir, c’est difficile de la repérer sur le tard. »

— Zane McIntyre, des Bruins de Boston

Les déplacements latéraux doivent aussi être à point. « Il tire souvent de son côté opposé, donc tu peux t’exercer à te déplacer vers ta droite, avoir une bonne poussée et bien suivre la rondelle des yeux pendant la passe », a estimé Andersen.

Du reste, s’il a la vue dégagée, si son déplacement est à point, le gardien voit tout de même venir la rondelle. Roberto Luongo l’a démontré mardi soir en bloquant trois tirs frappés du numéro 6 du Canadien.

« Si tu es en retard sur le jeu, si ta vue est un peu cachée, tu es en difficulté. Mais si ta vue est dégagée, tu la vois venir. Tu dois regarder le jeu. S’il est démarqué et qu’il a une ligne de tir, tu sais que son tir s’en vient », explique Jimmy Howard.

Le défi du désavantage numérique

Le gardien, c’est bien beau, mais il y a trois, quatre ou cinq autres joueurs qui peuvent empêcher Weber de prendre son tir. D’abord en essayant de le bloquer... courageusement. 

« Même si tu le bloques avec une jambière ou une pièce d’équipement, tu le ressens quand même. C’est vraiment un tir lourd. Personne d’autre ne se compare à lui. » 

— Le défenseur Drew Doughty, des Kings de Los Angeles, qui a connu Shea Weber comme adversaire, mais aussi comme coéquipier avec Équipe Canada

« En désavantage numérique, tu dois déterminer la menace numéro 1 de l’autre équipe, et c’est ce qu’il représente, croit Steve Ott. Je le compare à Alexander Ovechkin. L’avantage numérique est construit autour de ces joueurs. Si tu te mets à courir partout, tu vas te faire surprendre par son boulet de canon. C’est difficile. Ils sont cinq, tu es quatre ! Mais tu dois tricher pour le neutraliser, car il peut changer un match avec un seul tir. »

Si Ott ne se gêne pas pour dire qu’il faut lui accorder toute l’attention possible, Kopitar y va davantage dans la nuance et plaide pour de petits ajustements.

« À chaque match, tu dois faire différents ajustements dans ton système selon l’adversaire, estime le centre des Kings. Certaines équipes ont vraiment une bonne présence profondément en zone offensive. D’autres équipes ont des tireurs, comme Weber ou P.K. [Subban] avant lui. Il s’agit de s’assurer que les gars en soient conscients et d’y faire plus attention. Mais nous devons continuer à faire ce qui nous a permis de connaître du succès. »

« Il a probablement le tir le plus puissant de la ligue, et le plus effrayant à bloquer. C’est dur de lire un tir sur réception et c’est qui le rend dur à bloquer, martèle Drew Doughty, coéquipier de Kopitar à Los Angeles. Tu ne peux pas lire d’où la rondelle vient sur son bâton, car le jeu se déroule trop rapidement. Shea marque souvent sur ce tir et l’avantage numérique du Canadien est construit en fonction de son tir. »

Weber, Subban, Sheldon Souray et même Marc-André Bergeron et James Wisniewski pendant de courts intermèdes... Le Canadien n’a jamais manqué de bons tireurs à la pointe en avantage numérique. À l’exception de Wisniewski, ils ont tous en commun d’avoir été alimentés par des passes précises de Markov.

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