Frédérick Gingras sera détenu dans un hôpital psychiatrique
Frédérick Gingras, qui a tué deux personnes en plus d’en blesser trois autres en décembre 2016, a été condamné à 19 ans de détention hier. L’homme de 23 ans, souffrant de schizophrénie, sera détenu dans un hôpital psychiatrique spécialisé. Il a été déclaré délinquant à haut risque.
Après discussions entre les avocats des deux parties, Frédérick Gingras avait plaidé coupable le 14 mars dernier à deux accusations réduites d’homicide involontaire pour les meurtres de James Jardin et de Chantal Cyr. Il avait aussi plaidé coupable à un chef de tentative de meurtre sur Samuel Labine.
Concernant les deux autres chefs, soit les tentatives de meurtre d’Annie Baillargeon et de Gérard Lalonde, les parties demandaient que Gingras soit reconnu non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux et qu’il soit déclaré à haut risque, ce que la juge a accordé. La Couronne et la défense s’étaient entendues pour demander 19 ans de prison.
Dans le box des accusés, le jeune homme se tenait parfois la tête penchée contre ses genoux. D’autres fois, il se redressait du haut de sa forte stature, sans laisser paraître d’émotion. Dans la salle, des membres de sa famille et des victimes, visiblement émus, écoutaient la juge France Charbonneau décrire la journée fatidique du 4 décembre.
Au cours d’une cavale meurtrière, Frédérick Gingras a d’abord tué un homme qui l’hébergeait, James Jardin, avant de s’en prendre à de parfaits inconnus.
S’il n’y a pas eu de procès, les victimes et leurs proches ont néanmoins eu l’occasion de témoigner lors des observations sur la peine. Rappelant le témoignage de Carolanne Cyr-Vanier et la culpabilité qu’elle ressent toujours face au meurtre de sa mère, qui l’attendait à la fin de son quart de travail, la juge a dû prendre une petite pause, visiblement émue.
Le conjoint de Mme Cyr, Denis Vanier, s’est exprimé aux médias après l’audience. Il a réitéré sa demande d’enquête publique. « Qu’est-ce qu’il faisait dehors ? Là, maintenant, c’est vraiment à la ministre de la Justice et à M. Legault de nous donner des réponses », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il y a « des personnes qui sont aussi coupables que M. Gingras, du fait qu’il était à l’extérieur ».
M. Vanier faisait référence aux antécédents bien documentés de Frédérick Gingras. Le jeune homme a été hospitalisé en pédopsychiatrie dès son enfance. Sa consommation de drogues a exacerbé ses troubles psychotiques et sa violence.
Compte tenu du temps passé en détention préventive, la peine de M. Gingras totalise 15 ans et demi. La juge a ordonné qu’il purge au moins la moitié de sa peine avant de pouvoir s’adresser à la Commission des libérations conditionnelles.
Frédérick Gingras devra retourner devant un juge de la Cour supérieure pour obtenir qu’on lui retire l’étiquette de délinquant à haut risque. Tant qu’il sera considéré comme un risque pour la société, il restera détenu, même après la fin de sa peine.