Dopage

Coderre inquiet pour l’avenir de l’AMA

Le maire se rendra à Lausanne pour demander le maintien à Montréal de l’Agence mondiale antidopage

Inquiet pour l’avenir de l’Agence mondiale antidopage (AMA) à Montréal, le maire Denis Coderre se rendra sous peu au siège du Comité olympique international (CIO) à Lausanne, en Suisse, afin de plaider la cause de la métropole québécoise.

Le maire de Montréal a publiquement exprimé hier des inquiétudes sur l’avenir de l’Agence installée à Montréal depuis sa fondation. « On entend toutes sortes de choses sur l’avenir [de l’Agence] à Montréal », a-t-il dit lors d’une réunion des membres de son administration.

Denis Coderre a interpellé Ottawa afin d’être rassuré après avoir entendu des rumeurs sur un possible départ de l’organisation. « Ce serait bien d’avoir des précisions et d’être rassuré concernant l’avenir de l’Agence antidopage. »

Le maire est resté vague sur les motifs précis derrière ses inquiétudes de voir l’Agence déménager. « C’est mon vieux pif d’ancien ministre des Sports », a-t-il notamment dit. Il a néanmoins évoqué la fin de bail de l’organisation, en 2021, qui loge depuis 2002 à la Tour de la Bourse, au centre-ville de Montréal. Environ 80 employés travaillent au siège social. Il a aussi évoqué la controverse soulevée par le scandale du dopage russe.

« C’est sûr qu’il y a des membres de la communauté olympique qui voudraient rapatrier cela [à Lausanne]. Il y a toujours ce vieux réflexe de tout centraliser. »

— Denis Coderre, maire de Montréal

Souhaitant éviter un déménagement, Denis Coderre dit vouloir intervenir auprès du CIO. Alors qu’il doit se rendre sous peu en France et en Allemagne, il a décidé d’ajouter une escale en Suisse à son voyage afin de rencontrer Thomas Bach, qui préside le Comité olympique. Le maire a souligné que Thomas Bach, ancien athlète olympique, est médaillé des Jeux de Montréal, en 1976.

Denis Coderre prévoit aussi rencontrer la semaine prochaine la ministre fédérale des Sports, Carla Qualtrough, afin d’aborder le dossier de l’Agence mondiale antidopage.

Pertinence

Le maire estime que l’Agence, créée en 1999 dans la foulée de plusieurs scandales de dopage, a fait la preuve de sa pertinence. Le maire de Montréal souligne avoir contribué à attirer l’Agence dans la métropole à l’époque où il était ministre des Sports à Ottawa. La métropole québécoise avait été choisie au terme d’un vote extrêmement serré, au quatrième tour par seulement deux voix d’avance sur sa plus proche rivale.

Invitée à commenter, l’Agence mondiale antidopage a quant à elle indiqué qu’elle ne projetait pas de quitter Montréal. « À ce jour, il n’y a eu aucune discussion officielle concernant un éventuel déménagement de l’Agence », a indiqué une responsable, Maggie Durand.

Premier président de l’AMA et membre du CIO, Richard Pound ne croit pas que le siège de l’organisme déménagera sous peu. « Est-ce possible ? Oui, c’est possible, mais je ne crois pas que ce soit probable », a précisé M. Pound.

L’avocat montréalais a rappelé qu’un déménagement à Genève avait été suggéré en novembre par le président de l’Association des comités olympiques nationaux, le cheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah. Ce dernier s’était exprimé dans le contexte d’un bras de fer entre le CIO et l’AMA, vilipendée pour son intransigeance face au dopage d’État en Russie.

« Personne d’autre n’a relancé [cette idée] », a noté M. Pound, qui comprend néanmoins les préoccupations de Denis Coderre. « Si vous êtes le maire de la ville, vous devriez vous inquiéter de ça. Mais il reste plusieurs années encore [au bail]. Les mêmes arguments utilisés par Denis Coderre pour amener le siège de l’agence ici sont toujours valables. Plus nous pourrons tenir l’AMA loin de Lausanne, mieux ce sera pour son indépendance. »

— Avec la collaboration de Simon Drouin, La Presse

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