Agriculture biologique

Un marché juste de fermiers aux Éclusiers

Le chef Normand Laprise du Toqué ! le réclame depuis des années. Le sujet est aussi constamment évoqué par les petits agriculteurs de la région montréalaise : pourquoi les marchés de la métropole donnent-ils autant de place aux revendeurs qui s’approvisionnent chez des grossistes ? Pourquoi n’y a-t-il pas un marché réservé uniquement aux producteurs locaux ?

Eh bien, ils viennent de trouver un allié de taille : l’homme d’affaires André Desmarais de Power Corporation, propriétaire de la Ferme des Quatre-Temps. Il veut entrer en contact avec les producteurs biologiques intéressés à vendre leurs produits à Montréal et qui n’ont pas de place dans les marchés publics, pour lancer avec eux un marché 100 % local aux Éclusiers, dans le Vieux-Port.

« Ça sera le premier marché local et bio », lance M. Desmarais en entrevue, enthousiasmé par le projet. « Les producteurs traditionnels font une bonne job, mais on va les battre ! »

Actuellement, la Ferme des Quatre-Temps vend ses produits à quatre endroits : au marché Jean-Talon tous les samedis, dans un petit stand discret du côté sud, près de chez Lino, « en face du roi du blé d’Inde », explique Jean-Martin Fortier, le fermier responsable du projet bio des Quatre-Temps. D’ailleurs, avis à ceux qui veulent rencontrer l’auteur du best-seller Le jardinier-maraîcher, il est là en personne pour y proposer ses légumes.

Les légumes sont aussi vendus dans une boucherie de Hemmingford le samedi matin, dans une épicerie de la rue Victoria à Westmount le jeudi après-midi et au marché des Éclusiers, le samedi.

Ça vient tout juste de commencer.

« UN NOUVEAU HAPPENING »

Et c’est là que MM. Desmarais et Fortier espèrent créer un événement hebdomadaire où, comme aux marchés fermiers de Manhattan, on ne vendrait que du local et du bio.

« Ça serait un nouveau happening. Il y aura une belle gamme de produits diversifiés. »

— André Desmarais, propriétaire de la Ferme des Quatre-Temps

L’endroit, note-t-il, compte déjà une boucherie – une succursale de la boucherie culte Lawrence du Mile End – et une boulangerie. C’est sur le bord de l’eau et tout a été rénové avec du bois et il y a des tables extérieures.

L’homme d’affaires précise qu’il entend tendre une perche aux 122 producteurs qui travaillent déjà dans des programmes d’agriculture soutenue par la communauté, comme Équiterre.

Il est extrêmement important pour lui, dit-il, de créer un mouvement populaire vers le bio et le local.

« Je veux faire une différence. »

Actuellement, on retrouve des producteurs bio et locaux dans les marchés montréalais, mais ils côtoient toutes sortes de revendeurs qui achètent leurs fruits et légumes aux mêmes grossistes que les supermarchés. C’est ainsi que dans ces marchés, entre l’ail local et les tomates bio de petits producteurs de Montérégie ou de Lanaudière, on peut acheter des avocats ou des bananes.

Et des tomates venues de loin, notamment en hiver.

Au marché des Éclusiers, la Ferme des Quatre-Temps compte vendre ses légumes frais et locaux et bio même en hiver. Rabioles, carottes, mesclun…

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