Société

Des femmes de mérite célébrées

La Fondation Y des femmes de Montréal a dévoilé hier quelles personnalités seront honorées en septembre prochain lors des 26es Prix Femmes de mérite. Ces prix récompensent la grande contribution de ces personnalités dans leur collectivité, grâce notamment à leur capacité à innover et à inspirer dans leur domaine. Parmi les personnalités récompensées, on retrouve notamment Manon Barbeau, présidente et fondatrice de Wapikoni mobile, un studio ambulant de création audiovisuelle pour les jeunes autochtones qui a pour mission de combattre l’isolement et le suicide chez les jeunes des Premières Nations ; Vânia Aguiar, présidente de la Fondation Les Petits Rois, qui soutient le développement des jeunes déficients intellectuels de Montréal ; Reut Gruber, directrice du Laboratoire de l’attention, du comportement et du sommeil au Centre de recherche Douglas ; et José Côté, professeure et chercheuse à la faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. L’événement se tiendra le 26 septembre prochain. — Olivia Lévy, La Presse

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Les parents « chasse-neige », ou comment nuire à l’autonomie de son enfant

Le New York Times les appelle les parents « chasse-neige ». Ils enlèvent tout obstacle sur le parcours de leurs enfants afin de leur éviter de vivre un échec. Le plus récent exemple ? Les actrices Felicity Huffman et Lori Loughlin accusées, parmi une cinquantaine de parents, d’avoir versé d’importantes sommes d’argent pour faire entrer leurs enfants dans des universités prestigieuses. Au-delà du caractère illégal de la chose, pourquoi ces parents agissent-ils ainsi ? Quels sont les impacts sur les enfants ? Entrevue avec la Dre Nadia Gagnier, psychologue.

Après les parents hélicoptères, on parle désormais des parents « chasse-neige » ?

Moi, je les appelle les « parents curling ». Les parents qui balaient et préviennent les dangers, parfois de façon extrême ! De cette façon, les enfants n’apprendront jamais à surmonter de manière autonome les obstacles qu’ils peuvent rencontrer. Ce qui permet à un enfant d’être motivé et persévérant à l’école, dans les sports et loisirs, c’est son sentiment d’efficacité personnel qu’il acquiert en faisant des essais-erreurs. S’il ne vit pas d’échecs, l’enfant garde un sentiment de dépendance face à ses parents. À court terme, les parents ont l’impression d’aider leurs enfants, mais à long terme, ils les maintiennent dans l’enfance, même une fois adultes.

Est-ce qu’on couve trop nos enfants ?

Je donne de nombreuses formations aux éducatrices de CPE, et beaucoup d’entre elles me parlent du décalage qu’il y a dans la prise d’autonomie d’une majorité d’enfants. Par exemple, quand l’enfant est capable de s’habiller et de mettre son habit de neige tout seul, elles voient beaucoup de parents qui continuent de l’habiller pour lui éviter la frustration d’avoir enfilé les bottes en premier et d’être obligé de recommencer. Il y a des parents qui veulent éviter la frustration et la crise de colère, alors que d’autres sont trop pressés. Or ça va plus vite de lui enfiler son habit de neige plutôt que de le laisser se tromper. Il peut y avoir un souci de surprotection, mais aussi d’efficacité, car les parents seront en retard ! Il y a une statistique selon laquelle en 2012, 1 Canadien sur 4 travaillait plus de 50 heures par semaine ; en 2002, c’était 1 sur 10. Quand on ajoute à ça l’augmentation de la circulation automobile en milieu urbain, c’est du temps que les parents ont en moins.

Est-ce que vous pensez que ce qui se passe aux États-Unis, des parents qui versent des sommes d’argent aux universités, pourrait arriver ici ?

Nous ne sommes pas à l’abri de ça, car avec la mondialisation des marchés, nous sommes devenus des économies du savoir. Les parents ont déjà le sentiment de vivre dans une société de performance, alors ils anticipent les difficultés pour l’avenir de leurs enfants, car ils vivront dans un milieu encore plus compétitif. Ils souhaitent que leurs enfants développent toutes les compétences possibles, mais en essayant de leur faciliter la tâche, ils ne leur rendent pas service, car ils ne seront pas assez débrouillards et n’auront pas la capacité à s’adapter à différentes situations qui surviendront dans leur vie.

Est-ce que vous pensez que cette surprotection va s’accroître ?

Oui. On est surinformés comme parents, il y a aussi une obsession d’atteindre la perfection. Les parents ont plus d’outils pour comparer les enfants les uns aux autres, on voit nos amis qui publient les succès de leurs enfants sur les réseaux sociaux, alors ça incite les parents à faire mieux. Le sentiment de compétitivité, ça amène les parents à les protéger de tout ça, mais ça n’aide pas les enfants. J’ai en tête l’image du poussin qui doit sortir de sa coquille, car c’est en la brisant que le poussin va former les muscles de son cou. Si la poule faisait comme les parents d’aujourd’hui et l’aidait à briser sa coquille, le poussin pourrait en mourir, car il ne serait pas assez fort pour soutenir sa tête. C’est une belle métaphore ! Ça veut dire, qu’il faut laisser l’enfant se confronter à des échecs et des erreurs, dans un contexte où il est encore enfant et que ce n’est pas grave. Échouer à une dictée en 3e année, ce n’est pas comme perdre son emploi une fois jeune adulte. Les parents oublient qu’une erreur est source d’apprentissage, c’est aussi ça, l’effet de notre société de performance.

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