MOBILIER DE BUREAU

Artopex la nord-américaine

Assez rapidement après avoir mis sur pied son entreprise de fabrication de meubles de bureau, en 1980, Daniel Pelletier a su qu’il devait se diversifier. Offrir aussi des chaises et des classeurs, pas que des tables. Le président et chef de la direction d’Artopex, qui dirigeait à l’époque ce qui s’appelait Pro-Meubles, s’est tourné vers les acquisitions. « Il y en a eu une quinzaine jusqu’ici », résume-t-il.

La plus notoire dans l’histoire de l’entreprise est justement celle d’Artopex, en 1993, au chiffre d’affaires alors trois fois plus important que celui de Pro-Meubles. « Un gros compétiteur qui était en difficultés financières, relate Daniel Pelletier. On l’a acheté, privatisé et on a gardé le nom, car Artopex avait une belle percée aux États-Unis et était connue. C’était ce qu’il fallait faire pour faire grandir l’entreprise avec des distributeurs intéressants. »

Dernière acquisition annoncée en lice, celle de la sherbrookoise Logiflex en 2015 a permis de gonfler le chiffre d’affaires d’Artopex à près de 100 millions de dollars et son nombre d’employés, à 640. « Auparavant, nos acquisitions étaient faites pour avoir des produits, souligne Daniel Pelletier. Aujourd’hui, c’est pour grossir nos parts de marché. Logiflex a une pénétration dans certains territoires aux États-Unis et travaille dans trois secteurs, dont les centres hospitaliers-résidences pour personnes âgées et résidences universitaires où on n’était pas. »

L’avantage de la croissance par acquisition pour une entreprise comme Artopex ? « La rapidité avec laquelle on peut acquérir des parts de marché et du volume », répond Daniel Pelletier.

« Il y a de très grands joueurs américains dans le mobilier de bureau. Il faut beaucoup d’innovation pour se démarquer et ça prend un volume. Grâce à Logiflex, on est devenu le troisième manufacturier au Canada dans ceux qui offrent tous les produits. »

— Daniel Pelletier, président et chef de la direction d’Artopex

Pour le moment, la direction ne prévoit pas plusieurs autres acquisitions de taille comme celle d’Artopex. « Il a fallu quatre ans pour l’aplanir et être capable de réellement implanter notre philosophie, admet Daniel Pelletier. C’est normal, mais on ne pense jamais que ça puisse être si long. »

Il faut dire que le potentiel de croissance organique d’Artopex n’est pas à négliger. Jusqu’à présent, en 2016, elle se situe à 20 %, selon la direction. « C’est exceptionnel, lance Daniel Pelletier. L’économie américaine va beaucoup mieux et on a signé des clients de même importance que des institutions financières et des compagnies d’assurances. »

INNOVER

L’entreprise de Granby a le vent dans les voiles. Un vent fort causé notamment par un désir d’innover à tous les niveaux dans l’entreprise, jusque dans les procédés de fabrication, ainsi que des usines au Québec qui créent une diversité de produits et permettent aux clients d’aménager entièrement un espace.

« On a des usines qui produisent tout, et ce, pour partout en Amérique du Nord, dit le président. De l’acier à Laval, des fauteuils, salles d’attentes, bancs d’aéroports, chaises collaboratives à Sherbrooke, des murs architecturaux, du mobilier en bois et du laminé à Granby. »

« Depuis 10-15 ans, le design de bureau a beaucoup changé, à cause de l’informatique. Les fabricants ont été poussés à s’adapter aux nouvelles technologies. »

— Daniel Pelletier, président et chef de la direction d’Artopex

« L’ergonomie, la technologie intégrée, les espaces collaboratifs, entre autres, sont devenus importants, ajoute Daniel Pelletier. Le mobilier de bureau, ça n’a pas l’air glamour, mais c’est aussi valorisant qu’être dans le design de mode, car on est au cœur des tendances, des nouvelles façons de travailler. »

L’entreprise québécoise, dont les ventes proviennent à 60 % du Canada et à 40 % des États-Unis, compte laisser son empreinte dans de plus en plus d’endroits en Amérique du Nord. Des acquisitions sont toujours dans le collimateur.

« On a eu une belle occasion de distribution en Europe, il y a 15 ans, raconte Daniel Pelletier. Mais c’est devenu compliqué de la concrétiser. L’investissement pour faire les matrices, les moules de fabrication en métrique, alors que les nôtres étaient en impérial, était trop élevé, notamment. »

De toute façon, le vaste territoire nord-américain convient amplement aux désirs d’expansion d’Artopex ! « Il y a tellement de choses à faire en Amérique, dit Daniel Pelletier. Ça prend une stratégie pour chaque territoire. On ne se plaint pas de la croissance qu’on a. Comme on ne fabrique pas des fusées, la compétition est forte, car le mobilier est partout. Mais beaucoup de compétiteurs n’offrent qu’un produit, contrairement à nous. »

ATOUTS

La notoriété du nom Artopex

Des distributeurs formés, donc plus fidèles

Une offre globale de produits de bureau

DÉFIS

Difficulté d’avoir des gens dévoués dans « l’extrême » Ouest canadien

Pénétration du marché et différenciation difficiles à cause de la largeur du territoire

DANIEL PELLETIER EN BREF

Daniel Pelletier a une formation en dessin industriel. Rapidement après la fondation de Pro-Meubles (qui deviendra Artopex en 1993), il a été rejoint par ses frères André et Maurice Pelletier, qui ont quitté l’entreprise il y a une dizaine d’années. Depuis sept ans, c’est notamment avec ses fils Martin et Francis que le dirigeant assure la croissance d’Artopex. « On s’est fait un plan de relève sur 10 ans, explique Daniel Pelletier. Mes fils sont très complémentaires. » Le président dit encore dessiner. « Je participe moins au développement, mais je sors mon crayon et je fais beaucoup de croquis. »

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