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Montréal se prépare au pire

Terrorisme, catastrophes naturelles, accidents industriels :  la Ville de Montréal veut se préparer au pire. L’administration Plante dévoilera aujourd’hui un plan sur cinq ans afin d’aider la métropole à encaisser des crises majeures et à s’en relever.

Résilience

En 2017, les crues printanières ont montré les limites de la préparation de Montréal par rapport aux inondations. Voilà, c’est loin d’être la seule menace à planer sur la métropole : un attentat terroriste pourrait paralyser la ville ou une simple rupture de conduite d’eau pourrait priver d’eau la majorité de l’île. Pour faire face à ces risques, la métropole a entrepris d’élaborer une Stratégie montréalaise pour une ville résiliente, qui sera rendue publique aujourd’hui. Cet exercice a été réalisé dans la foulée de l’adhésion de Montréal, en décembre 2014, au Réseau des 100 villes résilientes, mis en place par la Fondation Rockefeller.

Portrait des menaces

La stratégie prévoit une série d’actions au cours des cinq prochaines années afin de mieux préparer la métropole. L’une des priorités sera de faire un portrait complet des risques pouvant toucher Montréal. Chaque menace fera l’objet d’une analyse approfondie afin d’en anticiper les conséquences. À la suite de cet exercice, le Centre de la sécurité civile compte revoir l’ensemble des plans d’intervention afin de s’assurer que les services d’urgence sont fin prêts. En parallèle, le Bureau de la résilience mettra en place des programmes pour tenter de réduire la vulnérabilité de Montréal face aux dangers.

Risque industriel

Le rapport souligne le risque d’accidents industriels, alors que « le transport et le stockage de matières dangereuses représentent une source de préoccupation grandissante pour les autorités de la Ville ». Dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic, la métropole est déjà à analyser les risques liés au transport ferroviaire. Le Centre de la sécurité civile a de plus reçu le mandat de revoir la réglementation entourant les installations à risques majeurs afin de mieux assurer la sécurité de la population. On veut ainsi mieux encadrer le développement autour de ces zones. Les services d’urgence devront revoir leur préparation dans ces secteurs.

Le danger des inondations

Montréal souligne ne pas être à l’abri des catastrophes naturelles, comme l’ont démontré la crise du verglas de 1998 et la crue printanière de 2017. Une importante partie du rapport se concentre sur le risque d’inondations. La métropole dit vouloir quantifier les conséquences des événements qui ont principalement touché le nord de l’île l’an dernier et estimer les impacts de futures crues. Afin de réduire le danger posé par les inondations, la Ville compte étudier les meilleures méthodes de planification.

Mieux surveiller les dangers

Le plan prévoit aussi améliorer la surveillance des menaces pesant sur Montréal. La métropole dispose déjà de plusieurs vigies, mais le Bureau de la résilience note qu’elles sont éparpillées. La stratégie prévoit de regrouper celles-ci dans un centre. On évalue qu’une telle façon de faire pourrait éviter que de petits événements finissent par avoir de lourdes conséquences. « Ce centre permettra d’avoir une vision complète et précise de situations à impacts mineurs ayant un potentiel de devenir majeures », peut-on lire. Un projet-pilote est d’ailleurs déjà en cours afin d’élaborer un tableau de bord pour suivre les risques météorologiques. La métropole prévoit aussi d’offrir une formation en ligne à l’ensemble de ses 28 000 employés sur la préparation aux risques. À terme, Montréal envisage même d’offrir la formation à l’ensemble de la population.

Mieux réagir à une crise

La stratégie s’intéresse aussi aux pratiques de la Ville en cas de sinistre majeur. Ainsi, le Centre de la gestion de la mobilité urbaine, qui veille à la fluidité de la circulation, a reçu le mandat de trouver des solutions pour favoriser le déplacement de véhicules d’urgence lors de situations majeures. Il devra aussi trouver comment mieux informer piétons et automobilistes lors d’événements majeurs, ainsi que trouver comment bien orienter les citoyens en cas d’évacuation d’un secteur de l’île. Le Bureau de la résilience dit vouloir mieux cibler les personnes vulnérables en cas de différents sinistres et trouver les meilleurs moyens pour communiquer avec celles-ci.

Hébergement et alimentation

Montréal compte également renforcer ses services d’hébergement en cas de sinistre majeur. Le Centre de sécurité civile compte faire le portrait de l’autonomie en énergie de ceux-ci et déterminer comment la métropole pourrait offrir de l’hébergement à grand déploiement au besoin. Par ailleurs, une crise pouvant toucher l’approvisionnement en aliments de l’île, le Bureau de la résilience dit vouloir favoriser l’agriculture urbaine, dont la production pourrait être utile en cas de besoin.

Assurer la relance

Montréal réfléchit aussi aux meilleures façons d’accélérer un retour à la normale à la suite d’une crise majeure. Ainsi, on dit vouloir mieux préparer les entreprises à se relever en cas de catastrophe. La métropole compte réunir en priorité les entreprises de taille moyenne, soit de 100 à 500 employés, pour discuter du sujet. La Ville entend aussi demander une révision des lois afin de faciliter la création de fonds pour venir en aide aux commerces en cas de situation d’urgence.

Au-delà des catastrophes

Les catastrophes ne sont pas les seuls risques auxquels Montréal doit se préparer. Le Bureau de la résilience souligne que des phénomènes comme la pauvreté peuvent perturber la métropole, citant en exemple la crise du logement du début des années 2000. Le plan appelle également le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants de Montréal à mieux anticiper l’arrivée massive de réfugiés. On juge que la métropole sera en meilleure position afin d’organiser les services dont ils auront besoin. Le vieillissement des infrastructures expose aussi les Montréalais à des aléas, comme l’a démontré l’incident à l’usine de traitement des eaux Atwater en mai 2013, qui avait privé d’eau potable 1,3 million de Montréalais pendant 36 heures. La stratégie appelle la Ville à maintenir ses investissements majeurs pour les 10 prochaines années afin de retaper ses infrastructures. Montréal veut par ailleurs mettre en place des indicateurs de résilience des infrastructures, c’est-à-dire mesurer leur capacité à résister à différents sinistres.

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