Banque Nationale

Des hypothèques électroniques

La Banque Nationale se prépare à offrir des hypothèques électroniques avant la fin de la prochaine année, ce qui constituera une autre étape de la transformation numérique de la plus importante institution bancaire au Québec.

Cette initiative encore embryonnaire en Amérique du Nord pourrait faire de la Nationale la première grande banque du pays à accorder des prêts hypothécaires par internet sans aucune intervention humaine (préqualification, pré-autorisation et octroi).

« Nous prévoyons offrir une première version de notre hypothèque électronique vers la fin de l’exercice financier [qui se terminera en octobre 2017] », a dit Diane Giard, première vice-présidente à la direction, particuliers et entreprises, à la Banque Nationale. Elle répondait à une question d’un analyste hier durant la conférence téléphonique en marge de la présentation des résultats de fin d’exercice.

Ce ne sont pas tous les produits hypothécaires qui seront initialement disponibles, mais il y aura au moins quelques versions simplifiées pour débuter, indique le vice-président aux affaires publiques de la banque, Claude Breton. « On pense que les clients vont migrer vers ça de plus en plus et on ne veut pas manquer le bateau de l’hypothèque en ligne », précise Claude Breton.

Les prêteurs ont remarqué depuis un moment que les comportements des clients changent, notamment avec la prolifération des « fintechs », ces entreprises innovantes qui allient la technologie à la finance.

L’hypothèque électronique fait aussi partie d’un panier de produits en développement chez les concurrents de la Banque Nationale. « Ça nous intéresse, et on y travaille, mais je ne suis pas en mesure de préciser d’échéancier », dit André Chapleau, conseiller stratégique en relations de presse chez Desjardins.

À la Banque Laurentienne, la direction a, de son côté, indiqué que « ce n’est pas dans [ses] plans à court terme de l’offrir ».

Pour la Banque Nationale, l’hypothèque électronique représente un quatrième canal de distribution d’hypothèques, après la force de vente mobile, la vente en succursale traditionnelle et le réseau de courtage hypothécaire.

Ajustement de modèle

La Banque Nationale vient d’ailleurs tout juste de modifier la façon d’exploiter son réseau de courtage hypothécaire. À l’instar d’autres grandes banques canadiennes, la Nationale a décidé de se tourner vers un sous-traitant pour servir les courtiers hypothécaires indépendants.

La banque cessera progressivement d’émettre les prêts hypothécaires issus du réseau de courtage sous sa marque. Elle travaillera plutôt avec des émetteurs tiers. Le premier est Paradigm Quest, qui offre des prêts hypothécaires de la marque Merix. Paradigm souscrit les prêts hypothécaires et en assure le service, tandis que la Banque Nationale s’occupe du financement.

Cette décision stratégique entraîne la fermeture du centre opérationnel de la Banque Nationale à Mississauga, en Ontario, où travaillaient 80 personnes. Quarante personnes ont perdu leur emploi jeudi, et les autres quitteront leur poste en janvier. Ce personnel fait partie des 900 employés affectés par la restructuration annoncée fin octobre.

Une fin d’exercice « chargée »

La Banque Nationale a par ailleurs surpassé les attentes des marchés pour le dernier trimestre de son exercice. L’institution a généré des profits par action ajustés de 1,24 $ au quatrième trimestre. Les analystes sondés par Reuters s’attendaient à 1,21 $.

Le bénéfice par action ajusté exclut une foule d’éléments particuliers, notamment une charge de restructuration (28 cents), une perte de valeur d’immobilisations incorporelles (9 cents), des charges pour litiges (5 cents), des éléments liés à la détention des billets restructurés (1 cent) ainsi que des éléments relatifs aux acquisitions (3 cents).

« Ça laisse l’impression d’un trimestre de nettoyage, dit Robert Sedran, de la CIBC. Ça fait bizarre de qualifier un trimestre de solide lorsqu’il y a autant d’éléments négatifs. »

La banque a par ailleurs bonifié son dividende de 2 %, à 56 cents par action, tandis que le ratio de capital de première catégorie – une mesure de la solidité de la banque – a augmenté à 10,1 %.

« Ce qui nuit le plus à l’évaluation de la banque est le fait que son ratio de fonds propres de catégorie 1 est le plus faible du secteur, souligne John Aiken, chez Barclays. Le trimestre montre toutefois à quel point la direction fait des efforts pour améliorer ce ratio, et le progrès réalisé éliminera les craintes persistantes entourant une nouvelle émission de titres. »

Le PDG Louis Vachon pense que le ratio CET1 pourrait atteindre 10,5 % d’ici l’été, une situation qui pourrait amener le titre de la banque à poursuivre sa progression en Bourse en 2017, croit John Aiken.

L’action de la Banque Nationale est en hausse de plus de 25 % depuis le début de l’année. Seul le titre de la Banque Scotia montre une appréciation boursière supérieure en 2016 dans le groupe des grandes banques canadiennes.

Le trimestre en bref

T4 2016 T4 2015

Bénéfice par action ajusté 1,24 $ 1,16 $

Bénéfice net ajusté 463 millions 417 millions

L’exercice en bref

2016  2015

Bénéfice par action ajusté 4,35 $ 4,70 $

Bénéfice net ajusté 1,6 milliard 1,7 milliard

Revue boursière

Séance prudente à New York

Wall Street a terminé sans tendance hier, s’interrogeant après sa forte progression depuis l’élection et faisant preuve de prudence avant le référendum en Italie demain.

États-Unis

Des licences accordées aux fintech

Les États-Unis vont commencer à accorder des licences bancaires aux plateformes de prêts en ligne et autres jeunes entreprises financières, une façon de réguler cette finance parallèle en plein boom depuis la crise de 2008. Les « fintech » (contraction de finance et technologies) offrant trois activités – dépôts, chéquiers et prêts – pourront dans les prochains mois solliciter une licence si elles le souhaitent, a indiqué hier le régulateur bancaire fédéral OCC. Ces jeunes entreprises devraient aussi avoir des procédures de contrôle et de risques adéquates, des capitaux et liquidités solides et des mesures de protection des consommateurs, énumère le régulateur. — Agence France-Presse

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