Ça s’explique !

La tragédie de Polytechnique

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes (et aux moins jeunes !) une parcelle d’actualité. Cette semaine, on revient sur la tragédie de Polytechnique, survenue il y a 27 ans cette année.

6 décembre 1989

Ce jour-là, un peu avant 17 h, un homme est entré à l’École Polytechnique de Montréal, où de jeunes adultes étudient pour devenir ingénieurs. Il s’appelait Marc Lépine et il était armé. Sa carabine était camouflée. Après avoir erré un peu dans l’école, il s’est introduit dans une classe, a tiré un coup de feu au plafond et a ordonné aux garçons et aux filles de se séparer en deux groupes. Il a fait sortir les garçons. Puis, il a tiré sur les filles. Six sont mortes, trois ont été blessées.

Que des femmes

Une fois sorti de cette classe, il a continué à faire feu sur des étudiantes et des étudiants pendant environ 20 minutes avant de se donner la mort. Il y a eu des hommes parmi les blessés, mais les 14 personnes mortes sous les balles du tireur étaient des femmes. Toutes des femmes.

(Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edwards, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte et Barbara Klucznik Widajewicz.)

Pas un hasard

Ce n’est pas par hasard que Marc Lépine n’a tué que des femmes : c’était son objectif. Il en voulait aux féministes, qui lui ont « gâché la vie », selon lui. Puisqu’il visait uniquement les femmes, on dit que son geste était « misogyne ».

Féminisme (n. m.) : Ensemble de mouvements militants et de courants d’idées qui visent l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes sur tous les plans.

Misogyne (n. m.) : Homme qui hait les femmes.

« Il est parti avec nos illusions. Comme société, à tout plein d’égards, [Marc Lépine] est parti avec un paquet d’illusions. »

— Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique, en 2014

Contrôler les armes

Après la tragédie, les proches de plusieurs des victimes ont milité pour un meilleur contrôle des armes à feu au Canada. Leur voix a été entendue : en 1995, le gouvernement libéral de Jean Chrétien a mis en place un registre des armes à feu, c’est-à-dire une espèce de gros dossier dans lequel étaient écrits les noms de toutes les personnes qui possédaient une carabine ou un pistolet, et combien d’armes elles avaient. Opposé depuis toujours à l’enregistrement obligatoire des armes, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a aboli ce registre en 2012, contre l’avis de plusieurs corps policiers et associations de victimes.

Je me souviens

Désormais, le 6 décembre est reconnu comme la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes au Canada. Les gens qui portent un ruban blanc ce jour-là manifestent leur appui à ce mouvement. En plus d’être gravés sur une plaque posée à l’entrée de l’École Polytechnique, les noms des 14 victimes sont inscrits sur un mémorial qui se trouve sur la place du 6-décembre-1989, un espace à leur mémoire situé dans le quartier Côte-des-Neiges. Un monument situé à Vancouver, Marker of Change, rend aussi hommage aux femmes mortes à Polytechnique.

Sources : École Polytechnique de Montréal et archives de La Presse

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