Série 3/4 Les ennemis alimentaires
Les colorants
Nutritionniste, collaboration spéciale
Pour attirer l’attention des consommateurs, l’industrie alimentaire aime bien ajouter des colorants à ses produits pour leur donner un coup d’éclat. Mais qu’en est-il de leur côté sombre ?
Dans le clan des colorants, certains peuvent créer des réactions allergiques chez une petite tranche de la population. Ils risquent aussi d’accentuer les symptômes d’une partie des personnes atteintes du trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Or, depuis 2009, l’Union européenne exige que les entreprises indiquent la mention « Peut causer des troubles du comportement de l’attention et du comportement chez les enfants » sur les produits qui contiennent certains colorants alimentaires, soit le jaune soleil (E110), le rouge allura (E129), la tartrazine (E102), le jaune de quinoléine (E110), la carmoisine (E122) et le ponceau 4R (E124).
En 2010, il y a eu une consultation publique recommandant entre autres de spécifier le type de colorants sur l’étiquette des aliments qui en contiennent, afin de faciliter la gestion des risques d’effets secondaires, notamment chez les personnes souffrant de TDAH. Malgré tout, Santé Canada permet encore aux fabricants d’indiquer « colorant » seulement dans la liste d’ingrédients. Cependant, contrairement à l’Union européenne, le jaune de quinoléine, la carmoisine et le ponceau 4 R ne sont pas permis au pays. Dans tous les cas, les entreprises qui optent pour des colorants naturels n’hésitent pas à le préciser dans leur liste d’ingrédients.
Dans une métaanalyse britannique publiée en 2012, une diète restreinte en colorants réduisait de façon importante les symptômes chez certaines personnes atteintes de TDAH, soit approximativement le tiers (33 %) de l’échantillon. Les colorants ne seraient toutefois pas la cause du trouble en tant que tel. Au Canada, les associations et institutions médicales ne recommandent pas une diète sans colorants comme traitement de l’hyperactivité. « Puisque le TDAH a une base génétique et biologique, la médication et la psychothérapie sont très efficaces, précise la pédiatre Gabrielle St-Maurice. Mais lorsque les parents refusent la médication, ce type de diète peut être une piste à envisager pour espérer une diminution des symptômes. »
Les colorants sont principalement utilisés dans des aliments peu intéressants d’un point de vue nutritionnel : boissons aux fruits, desserts, bonbons, biscuits, grignotines…
Ceux-ci ne devraient pas se retrouver systématiquement dans notre panier d’épicerie hebdomadaire de toute façon, surtout à cause de leur teneur importante en sucre, en gras ou en sel. De plus, les fabricants ne se gênent pas pour garnir d’artifices certaines céréales à déjeuner, yogourts aromatisés, fromages et autres aliments plus nourrissants au départ. La bonne nouvelle : de plus en plus d’entreprises se fient à des colorants naturels comme le curcuma, le paprika ou la betterave. Quoi qu’il en soit, le mieux est d’opter pour des aliments moins transformés et affichant un profil nutritionnel qui mérite notre attention.