Intelligence artificielle

Trois entreprises québécoises

Des entrepreneurs québécois veulent prendre le virage de l’intelligence artificielle en droit. Trois portraits.

Lexum

Actionnaires : Daniel Poulin, ex-professeur à la faculté de droit de l’Université de Montréal, ainsi que des employés de Lexum en 2010 (tous ex-étudiants en droit et en informatique de l’Université de Montréal)

Clientèle : sites d’information juridique comme CanLII (le plus grand site web d’information juridique au pays), cabinets d’avocats, éditeurs privés, organisations publiques et privées

Taille : 35 employés

Dans le milieu juridique, les avocats connaissent Lexum comme le service qui a commencé à publier les décisions de la Cour suprême du Canada au début des années 90. Ex-laboratoire de recherche de l’Université de Montréal devenu une entreprise en 2010, Lexum travaille actuellement avec le laboratoire MILA du professeur Yoshua Bengio pour que l’intelligence artificielle améliore la recherche juridique. « On travaille sur des problèmes de classification [de la jurisprudence] », dit Daniel Poulin, président et actionnaire principal de Lexum. À court terme, Lexum veut extraire davantage d’information des jugements (p. ex. : recherches par juge, par avocat, par témoin expert) et classifier les paragraphes importants dans les décisions. À moyen terme, classifier les décisions pour dire si une décision a été infirmée. Le rêve ultime ? « On veut parvenir à recevoir un texte [avec des problèmes juridiques] et à identifier les lois et les jugements pertinents », dit Daniel Poulin.

Botler.AI

Entreprise fondée à Montréal

Logiciel lancé en février : pour aider les immigrants dans leur processus d’immigration au Québec. La version canadienne sera offerte en août.

Clientèle : immigrants au Canada et bientôt aux États-Unis

Taille : 4 employés

« Les choses ne se sont pas passées comme prévu », se rappelle Amir Moravej. L’étudiant iranien en génie logiciel voulait immigrer au Canada, mais il a été forcé de faire un séjour à l’extérieur du pays. « J’ai alors réalisé que je ne savais rien du processus d’immigration », dit-il. En fréquentant les forums de discussion sur l’immigration, il a créé un logiciel pour gérer toute l’information. Le robot est devenu plus intelligent – et a été lancé officiellement en février dernier, traitant 780 cas en trois mois au Québec. « Nous avons réalisé que les gens souhaitent converser avec le logiciel, mais qu’ils veulent une interaction humaine dans le processus », dit Amir Moravej, PDG et cofondateur de Botler.AI. En août, il y aura une nouvelle version pour tout le Canada. Et au début de 2018, l’entreprise compte s’attaquer à l’immense marché américain. « Nous pourrions appliquer notre technologie à d’autres domaines, mais nous voulons rester concentrés sur l’immigration », dit Amir Moravej, qui est résident permanent du Canada depuis 2015.

Redox Technologies

Actionnaires : Maxime Lussier, étudiant en droit à l’Université de Sherbrooke, et Nicolas Saudrais, étudiant en génie informatique à l’Université de Sherbrooke

Logiciels lancés en juin 2017 : pour automatiser des documents d’incorporation d’entreprises (EZ-Inc), détecter les contrefaçons potentielles de marques de commerce (Reperio)

Clientèle : cabinets d’avocats de petite taille et avocats pratiquant seuls

Taille : 2 fondateurs, 1 employé

À ses premiers pas dans un cabinet d’avocats comme assistant juridique, Maxime Lussier a vite réalisé qu’il perdait beaucoup de temps à faire la même chose. « Je savais qu’il y avait beaucoup de tâches administratives en droit corporatif, mais j’ai réalisé que je pourrais être plus productif avec un simple logiciel », dit-il. Avec un étudiant en informatique (Nicolas Saudrais), l’étudiant à la maîtrise en droit fiscal à l’Université de Sherbrooke a mis au point deux logiciels en droit commercial destinés aux petits cabinets. « Avec ces logiciels, ils peuvent faire faire des tâches différentes aux parajuristes », dit Maxime Lussier, maintenant entrepreneur à 24 ans. « Chaque fois qu’on va voir un client [ils en ont quatre actuellement], il nous met au parfum de ce qui pourrait être intéressant pour eux. On travaille sur d’autres logiciels. C’est un filon sans fin. » Qui ne devrait toutefois pas l’empêcher de passer l’examen du Barreau prochainement.

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