Remue-ménage a 40 ans
Quand la maison d’édition Remue-ménage est arrivée dans le paysage, en 1976, on venait tout juste de souligner l’Année internationale de la femme. Les livres qui parlaient de la condition féminine étaient pour ainsi dire inexistants.
Il y avait donc quelque chose d’à la fois novateur et subversif pour une maison d’édition à diffuser la parole des femmes. Le premier livre, la pièce du Théâtre des cuisines Moman travaille pas, a trop d’ouvrage, est rapidement devenu un classique.
« Remue-ménage a fait connaître et défendu des œuvres qui n’auraient pas existé autrement », note l’éditrice Valérie Lefebvre-Faucher.
« On a été les premières à parler de désir féminin, de désobéissance, de lesbianisme, des droits des LGBT, de reproduction… Des sujets qui n’intéressaient pas beaucoup les éditeurs à l’époque. »
— Valérie Lefebvre-Faucher, éditrice chez Remue-ménage
Au fil des ans, poursuit Valérie Lefebvre-Faucher, Remue-ménage a publié environ 400 auteures qui ont contribué à tracer les grandes lignes d’une certaine vision du monde.
Parmi les œuvres marquantes, l’éditrice mentionne l’autobiographie de Simonne Monet-Chartrand Ma vie comme rivière, La pensée féministe au Québec, une anthologie de Micheline Dumont et Louise Toupin, et L’anthologie de la poésie des femmes au Québec de Nicole Brossard et Lisette Girouard.
En septembre dernier, les éditions Remue-ménage ont convié les Montréalais à l’exposition 40 ans deboutte à l’Écomusée du fier monde.
« On a conçu l’exposition à partir des trésors trouvés dans nos bureaux, note Valérie Lefebvre-Faucher, qui est également responsable de la recherche et de la rédaction des textes de cette exposition. On a exposé des maquettes, des documents anciens datant de notre fondation. À partir de tout ça, on voulait raconter l’histoire de Remue-ménage, rendre hommage à ses fondatrices et parler du métier de l’édition. »
Quarante ans plus tard, la situation de Remue-ménage, un organisme à but non lucratif, demeure précaire. C’est le cas de bien des maisons d’édition. Ses dirigeantes se réjouissent toutefois que le féminisme soit redevenu un sujet dans l’air du temps grâce à des stars internationales comme la chanteuse Beyoncé et l’actrice Emma Watson, notamment. « Il y a eu des périodes plus moroses, souligne Mme Lefebvre-Faucher. Le côté populaire du féminisme, le fait que des vedettes s’en réclament et qu’il se publie beaucoup de livres sur ce sujet crée un engouement chez les jeunes. Et nous en bénéficions nous aussi. »
Ceux et celles qui ont raté l’exposition présentée à l’Écomusée pourront en voir un condensé au Salon du livre.
Les éditrices du Remue-ménage et les libraires de l’Euguélionne, une nouvelle librairie féministe à Montréal, discuteront de la vitalité du livre féministe le vendredi 18 novembre à 19 h, à la Grande Place.