Patrice Malo, président et chef de l’exploitation de Station Mont Tremblant

Le retour des belles années

Après avoir été touchées par la crise de 2008-2009, les activités de Station Mont Tremblant ont retrouvé depuis deux ans le bel élan qui les avait propulsées durant le milieu des années 2000. « Malgré des conditions d’enneigement difficiles, les activités de la station ont toujours été profitables, et on n’a surtout jamais perdu notre rôle de moteur économique de la région », rappelle toutefois Patrice Malo, président et chef de l’exploitation de Station Mont Tremblant.

Preuve de la vitalité de Mont Tremblant, la station a réalisé l’an dernier sa meilleure année à vie, enregistrant une fréquentation de pas moins de 2,4 millions de visiteurs, malgré un hiver qui a démarré tardivement et de façon laborieuse.

« Le 24 décembre, la journée qui affiche traditionnellement le plus fort achalandage, il faisait 18 degrés et les gens marchaient dans le village au bas des pistes en chandail. Mais on a investi dans de nouveaux canons qui nous permettent de fabriquer de la neige à - 1 degré durant la nuit, nos visiteurs pouvaient donc skier », souligne Patrice Malo.

Malgré des années plus difficiles au chapitre de l’immobilier, Mont Tremblant a continué d’investir dans la montagne afin de pouvoir répondre à l’enneigement naturel tardif. L’an dernier, le froid véritable n’a démarré que le 28 décembre, mais les gens pouvaient skier à partir du 28 novembre.

De plus, depuis l’arrivée en 2012 de l’événement international Ironman, qui se déroule à la fin du mois d’août, Mont Tremblant a confirmé son statut de destination estivale.

« Pour les gens du Québec, de l’Ontario, des États-Unis et même d’ailleurs, Mont Tremblant est devenu le lieu pour pratiquer les activités liées à l’Ironman, que ce soit la course à pied, le vélo ou la natation. Durant tout l’été, on voit les gens pratiquer ces activités dans la région », constate avec satisfaction le président de Tremblant.

LES ANNÉES DIFFICILES

La crise de 2008-2009 a été douloureuse pour les activités immobilières de Station Mont Tremblant et pour son propriétaire de l’époque, le groupe Intrawest, qui avait investi plus de 1 milliard de dollars sur la montagne et dans l’immobilier, entre 1993 et 2006.

Patrice Malo a bien connu cette époque puisque, fraîchement diplômé de HEC Montréal, il s’est joint à Intrawest en 1993 à titre d’analyste financier avant d’être promu directeur et enfin vice-président, finances.

« De 1993 à 2006, on a mis en forme la vision d’Intrawest. On était un groupe de gens tous âgés de moins de 40 ans et on a bâti le projet grâce au soutien des gouvernements qui ont cru au développement de la montagne et qui ont investi 100 millions dans les infrastructures », relate Patrice Malo.

Intrawest, qui exploitait d’autres centres de villégiature en Amérique du Nord, était toutefois lourdement endettée, et fera les frais de la crise de 2008 pour être rachetée en 2009 par le fonds d’investissement Fortress.

« J’avais quitté Tremblant en 2006 lorsque j’étais vice-président, finances, et on m’a demandé de revenir en 2009 comme président, au plus fort de la crise, lorsque Fortress a décidé de vendre certaines propriétés d’Intrawest pour ne conserver que les centres de ski.

« C’est là qu’on a décidé d’investir dans la montagne pour maintenir à niveau notre produit et que l’on s’est engagé à rénover nos propriétés. »

— Patrice Malo

Intrawest est copropriétaire de l’Hôtel Fairmount avec le groupe Fairmount et de sept autres enseignes hôtelières avec les copropriétaires d’unités. Depuis 2012, toutes les propriétés ont été rénovées, sauf quelques unités qui le seront prochainement.

SURVIVRE À LA PARITÉ

Le marché immobilier de la région a toutefois été doublement frappé par la crise de 2009 et par l’avènement de la parité entre les dollars canadien et américain.

« Beaucoup de propriétaires américains qui avaient acheté leur condo avec un dollar canadien qui valait 65 cents US n’ont pas hésité à revendre leur propriété lorsque le dollar canadien était au pair, même s’ils vendaient leur propriété 30 % moins cher qu’ils ne l’avaient payée », explique le président de Tremblant.

Après des années de relâche, la construction immobilière a repris à Tremblant, et on recense trois projets de maisons de ville par autant de promoteurs immobiliers, alors qu’Intrawest se limite à vendre ses terrains autour de la montagne.

Depuis l’an dernier, Tremblant profite à nouveau de la faiblesse du dollar canadien, puisque les visiteurs américains ont recommencé à venir en grand nombre l’hiver dernier, constituant 30 % des visiteurs en hébergement plutôt que les 22 % qu’ils représentent habituellement.

« Mais on ne veut pas devenir complaisants avec l’avantage d’un dollar faible, et c’est pourquoi on a mis en place des mesures pour assurer la fidélité de notre clientèle en instaurant notamment la passe de saison Sublime à 400 $ pour les adultes et 75 $ pour les enfants.

« On est devenus plus accessibles, puisqu’une famille de quatre personnes peut skier tout l’hiver pour 1000 $. »

— Patrice Malo

Si les Américains représentent 30 % des usagers de la station en hiver, les visiteurs ontariens comptent pour 40 % de la clientèle et les québécois, pour 30 %.

Station Mont Tremblant génère plus de 3000 emplois durant la saison haute hivernale, dont 1800 chez Intrawest, et 2300 durant la saison estivale. La saison hivernale génère pour sa part 70 % des revenus annuels d’Intrawest, contre 30 % pour la saison estivale.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.