Énergie

Du gaz renouvelable et coopératif sera produit à Warwick

Une coopérative d’agriculteurs de Warwick produira du gaz naturel renouvelable à Warwick en 2020. La Coop Agri-Énergie Warwick transformera du lisier, du fumier et des résidus organiques en gaz naturel renouvelable qui sera vendu à Énergir en vertu d’un contrat de 20 ans. Le projet nécessite un investissement de 12 millions, auquel les gouvernements du Québec et du Canada ont contribué, de même que des investisseurs comme Desjardins et Fondaction. Le gaz naturel renouvelable, qui se vend quatre fois plus cher que le gaz naturel traditionnel, est distribué par Énergir à des clients qui sont prêts à payer une prime pour contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. — Hélène Baril, La Presse

Mise à jour économique

Morneau gonfle le déficit et mise sur la croissance

Ottawa — Bill Morneau persiste à croire que la meilleure défense, c’est l’attaque. Alors que l’incertitude plane au pays et dans le monde, le ministre des Finances fait encore le pari que continuer à délier les cordons de la Bourse assurera la résilience canadienne.

La preuve tangible de l’intention du gouvernement Trudeau d’opter pour les déficits afin de stimuler la croissance s’est à nouveau imposée lundi avec le dépôt d’une mise à jour économique et financière prévoyant un déficit nettement plus élevé qu’anticipé.

Il atteindra ainsi 26,6 milliards de dollars pour l’année 2019-2020 – alors qu’il était chiffré à 19,8 milliards dans le dernier budget – puis bondira à 28,1 milliards en 2020-2021 avant de diminuer progressivement pour s’établir à 11,6 milliards pour 2024-2025.

« Avec notre approche, on va avoir une cote de crédit AAA, et ça, c’est très important. Ça nous donne un niveau de confiance pour se préparer aux défis de l’avenir », a soutenu le ministre Morneau en conférence de presse.

Si l’encre est plus écarlate que projeté pour l’année financière en cours, c’est en raison de dépenses faites pendant l’exercice, notamment la baisse d’impôts pour la classe moyenne qui a été approuvée la semaine dernière en Chambre.

« bon pour l’emploi »

« On va continuer avec une approche qui va améliorer notre niveau de croissance. C’est bon pour l’emploi et la croissance des salaires », a poursuivi le ministre, qui n’entrevoit pas de récession à l’horizon – pas plus que les experts consultés pour mener l’exercice.

« On a des économistes de 14 institutions, dont la Caisse de dépôt [et de placement du Québec], Desjardins, et personne ne pense qu’on va avoir une récession. Ça veut dire que notre situation actuelle est bonne. »

— Bill Morneau, ministre des Finances

Malgré tout, le profil budgétaire de lundi « reconnaît les réalités économiques difficiles auxquelles le Canada pourrait être confronté », y lit-on. Le gouvernement prévoit une croissance de 1,7 % en 2019, puis un léger recul à 1,6 % pour 2020.

Les libéraux continuent de présenter la diminution du ratio dette-PIB comme indicateur de prédilection de leur saine gestion. Sur ce plan, le Canada est le meilleur élève de la classe du G7 avec un taux évalué à 30,9 % en 2019-2020 [28,5 % en 2024-2025].

À la Fédération des chambres de commerce du Québec, on regrette « l’absence d’un plan de résorption réaliste du déficit budgétaire » et « une absence du contrôle des dépenses » et on espère un plan de retour à l’équilibre « au prochain budget ».

La politologue Geneviève Tellier, de l’Université d’Ottawa, dit « comprendre » les milieux d’affaires d’être « un peu déçus », même si elle estime que l’économie va somme toute « assez bien », et que la croissance est « correcte », sans être « faramineuse ».

« Le problème, c’est qu’à force de faire des déficits, si ça s’accumule comme dans les années 70 et 80 et qu’on finit par devoir couper, les coupes seront drastiques. C’est ce qu’on a connu dans les années 90, et c’est ce qu’on ne voudrait pas revivre », dit-elle.

Déficits fédéraux prévus

(en milliards de dollars)

2019-2020 : 26,6

2020-2021 : 28,1

2021-2022 : 22,1

2022-2023 : 18,4

2023-2024 : 16,3

2024-2025 : 11,6

« Une récession faite aux Canada »

Le porte-parole conservateur en matière de finances, Pierre Poilievre, a descendu en flammes ce document présenté alors que les travaux parlementaires ont été ajournés pour la période des Fêtes, accusant les libéraux de jouer inutilement avec le feu.

« On ne sait pas s’il y aura une récession, mais on sait une chose : s’il y a une récession, ce sera une récession faite au Canada, par les décisions des libéraux […] On a un déficit sept milliards plus élevé que dans le budget, et le ratio dette-PIB augmente », a-t-il martelé.

Le député bloquiste Gabriel Ste-Marie est quant à lui demeuré sur son appétit, parlant d’une mise à jour « inutile », car ne comportant « pas de mesure ». L’élu ne s’est toutefois pas offusqué du niveau du déficit.

Le NPD a pour sa part l’intention de continuer à faire pression sur le gouvernement pour que voient le jour des mesures comme un régime universel d’assurance médicaments et la gratuité des soins dentaires, a-t-on signalé au parti.

Vers un refus aux provinces

Le grand argentier d’Ottawa accueille à compter de lundi soir ses vis-à-vis provinciaux et territoriaux. Au menu, notamment, le refus d’accéder à leur demande de hausser le Transfert canadien en santé.

Car, sans surprise, le fédéral maintient le cap sur ce point, en dépit du front commun des dirigeants au Conseil de la fédération : le taux annuel de croissance reste à 3 %, alors que les provinces voulaient qu’il passe à 5,2 %.

« On va prendre leur avis en considération, mais en même temps, on doit évaluer l’ensemble de la situation », a souligné le ministre Morneau à la veille de l’ouverture de la rencontre. Ses homologues et lui feront le point sur les discussions mardi après-midi.

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